La maison bleue de Julie Desb

10 Octobre 2023 , Rédigé par Marie Nel

Publié aux éditions KaPlume

Résumé :

Les Trois, comme on les surnommait dans le collège et lycée de Saint- Brieuc, ont grandi sur la côte du Goëlo, en Bretagne. Désormais quarantenaires, ils ont chacun construit leur vie.

Emma, capitaine de police en France, est obsédée par une enquête en cours, suite à l’audition et au dépôt de plainte d’une adolescente.

Léo, trader à New York, se bat du haut de la Freedom Tower contre le souvenir du décès de sa mère, alors qu’il était enfant.

Justine, réflexologue à Londres, vient d’être quittée par sa compagne et tente de prendre un nouveau départ.

Par des circonstances déroutantes, les Trois vont se retrouver quelques jours sur les lieux qui ont marqué leur adolescence, les mêmes lieux où « le drame » s’est passé une vingtaine d’années plus tôt.

Décideront-ils de tout laisser derrière eux ? Ou affronteront-ils les événements qui ont changé le cours de leur vie ?

À propos de l'autrice :

Française de trente-sept ans, maman, éditrice et anciennement libraire, Julie Desb est depuis toujours passionnée par l'écriture.

Curieuse, elle a été danseuse, chorégraphe et a chanté, composé, joué pendant plusieurs années.

Elle croit en la force des livres. Ils permettent, selon elle, de nous guider et de nous transformer...

Julie Desb est l'autrice du roman Racines d'Elles, nominé pour le Prix Littéraire Des Mots d'Ailleurs 2022.

Passionnée de livres, maman et amoureuse de nature, La maison bleue est son deuxième roman.

Mon Avis :

Dès que j'ai vu ce livre pour la première fois, je me suis tout de suite sentie attirée. C'est sûrement dû à un mélange du titre et de la couverture, j'avais envie de découvrir ce qu'il se passait dans cette maison bleue. Et après lecture du résumé, j'ai été très intriguée par l'histoire de ces trois personnes.

Je vais essayer de vous parler de l'histoire sans vous en révéler de trop, ce qui serait vraiment dommage. C'est tellement agréable de se laisser surprendre par l'autrice.

On fait la connaissance de trois personnes, au début du livre, on ne sait pas ce qui peut les relier. Ils ont tous en point commun pour l'instant leur âge, la quarantaine. On a tout d'abord Léo, il vit à New-York, est trader et célibataire, on sent et on devine qu'il a un passé lourd, il fait des cauchemars de façon récurrente. Il y a ensuite Justine, qui vit à Londres, qui vient de se séparer de son amoureuse, et exerce le métier de réflexologue. Et enfin, il y a Emma, qui vit à Paris où elle est capitaine de police, elle est mariée et maman d'un petit Tom. On les suit d'abord au présent, dans leur vie de tous les jours, les relations avec les autres ne sont pas faciles, leurs blessures ne sont pas cicatrisées. Très vite, on va apprendre les liens qui les unissent, et surtout leur port d'attache, du côté de Saint Brieuc en Bretagne. C'est là qu'ils vont se retrouver tous les trois, car le père de Léo et Justine vit ses derniers instants et veut dire au-revoir à ses enfants et à Emma qu'il a toujours considéré comme faisant partie de la famille. Les retrouvailles ne sont pas faciles. Le passé refait surface pour chacun d'eux, les peurs, les joies. Des lettres retrouvées sèment le doute dans les esprits, des secrets bien gardés sont dévoilés et en rajoutent une dose.

Moi en tant que lectrice, j'ai essayé de comprendre les sous-entendus, je me suis imaginée leur passé, les relations entre eux. Car il n'y a pas qu'eux trois de concernés dans cette histoire, il y a d'autres personnages que l'on apprend à connaître, et qui apportent des explications sur ce qu'il se passe au présent. Je me suis parfois doutée de certaines choses, par contre, je me suis fait avoir plus d'une fois sur d'autres. Et ce jusqu'au point final où une dernière révélation est faite, me laissant estomaquée. C'est très dur de me retenir de tout vous dire, c'est tellement bien amené, avec beaucoup de finesse, je pense que personne ne pourra deviner.

Je me suis très vite attachée aux personnages, aux trois principaux et aux autres, tout ceux qui ne sont pas nommés dans le résumé et qui sont si importants. Ils sont tous très émouvants, dans leur personnalité, dans leur caractère, dans leur façon d'être. Une qui m'a profondément émue est sans doute Éva, mais je ne dirais rien de plus. Sa fragilité et sa force m'ont touchée et ont résonné en moi. J'ai bien sûr beaucoup aimé les trois amis, ils m'ont tous touchée dans leurs histoires différentes. Ils ont des parcours de vie chaotiques, ont du mal à faire le deuil de leurs épreuves, mais ils vont découvrir là ensemble, leur force de résilience propre à chacun. Je me suis beaucoup retrouvée dans certains faits, déjà rien que dans la fin de vie et la mort du papa, j'ai revu le mien, et ma maman aussi, et j'ai tout ressenti. D'autres points ont fait aussi écho en moi. Ce que j'ai surtout apprécié, c'est que l'autrice n'en fait pas des tonnes, elle les raconte simplement, comme ils sont, avec leurs émotions propres.

Ce n'est pas seulement l'histoire de retrouvailles, c'est bien plus que cela, c'est l'histoire de la vie avec ses joies, ses peines, avec cette force que nous avons tous en nous et qui nous permet de combattre, survivre et nous relever. C'est une formidable histoire d'amitié et d'amour sous toutes ses formes. Avec pour toile de fond la Bretagne, cette belle région que j'aimerais tant visiter un jour. Julie Desb en parle très bien, j'ai vu les beaux paysages, j'ai ressenti les embruns, j'ai entendu les bruits des vagues, rien que pour tout ça, ce roman est très beau. Et bien sûr, il y a une maison bleue, mais elle n'est pas ce que l'on pourrait penser dans un premier temps, par contre elle est un lieu de rapprochement pour le trio d'amis. Je pense qu'on a tous comme ça un endroit qui est notre lieu ressource, où l'on se sent bien, où l'on se retrouve avec soi-même, un lieu chargé de souvenirs, qui nous coupe du présent. On a tous en nous cette maison bleue. C'est un symbole très fort.

Je découvre la plume de Julie Desb et j'ai beaucoup aimé, elle m'a embarquée dans l'histoire dès les premières lignes, et plus j'avançais dans le livre et plus j'avais du mal à le quitter. Le style est très fluide, pas de lourdeurs ni de longueurs, le livre est divisé en trois parties qui représentent très bien l'évolution des personnages. La narration est à la première personne, j'ai donc tour à tour été dans la tête de Léo, puis de Justine et d'Emma. J'aime beaucoup ce procédé car il me permet d'être au plus près des sentiments de chacun, de tout ressentir comme eux. Les chapitres alternent donc entre les trois amis, ce qui permet d'avoir un point de vue différent sur un même fait. Et je suis toujours épatée par le pouvoir qu'a l'autrice de se mettre ainsi dans trois personnes différentes, de sexe différent et de caractère aussi parfois même opposé. Le rythme de lecture en est aussi augmenté et l'envie de savoir créé un mini suspense qui fait que j'avais envie de lire plus vite. Et en même temps, je freinais ma lecture car j'avais envie de rester avec eux. Je les ai quittés à regret, la boucle est bouclée, tout est dit. Une mention spéciale d'ailleurs pour l'épilogue qui est très émouvant. Je vais garder longtemps dans mon cœur Léo, Justine, Emma, Alain, Iris, Irina, Eva, Aylin, Tom, Cassandra... Julie Desb fait passer au travers d'eux de très beaux messages et de très belles valeurs, et je suis de plus en plus convaincue d'une chose, les non-dits et les secrets pourrissent la vie...

J'ai beaucoup aimé ce roman, je peux même dire que c'est un coup de cœur. Tout est beau dans cette histoire, et j'ai passé un excellent moment de lecture. J'ai relevé plein de belles phrases et de citations qui sont tellement parlantes, faisant de Julie Desb une poétesse des mots. Je vous en partage quelques unes plus bas.

Je suis très contente d'avoir découvert Julie Desb avec ce roman. Elle en a écrit un autre auparavant, Racines d'elles, dont le résumé me tente beaucoup, je pense que je vais l'acquérir et le lire d'ici peu. En tout cas, je vais suivre cette autrice et la lire à nouveau. J'espère vous avoir convaincus de lire ce roman, vous ne pourrez vous aussi qu'être touchés par sa beauté.

Il ne me reste plus qu'à remercier Julie Desb pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant la lecture de ce roman. Et un grand merci également aux éditions Kaplume pour leur confiance en mon blog et pour ce service presse de qualité.

Ceux qui nous ont donné le sentiment d'être pleinement aimés restent à jamais gravés sous notre peau.

Trop souvent, on refuse aux filles la colère. En les privant de ce moyen d'expression, on les coupe de leur nature profonde, on les empêche de libérer la douleur, qui se mue alors en culpabilité. Celle-ci s'abrite quelque part dans leurs tissus créant des foyers propices à la naissance de futures maladies. Il s'agit de reprendre le pouvoir sur soi, remettre en mouvement ce qui a été figé.

J'aimerais lui dire tellement de choses - notamment que nous ne pouvons rien faire face aux cycles de la vie ; plus nous luttons, plus ils s'intensifient....
Quand le tonnerre gronde à l'intérieur, la foudre ne doit pas frapper de l'extérieur. Il s'agit d'être patient, laisser l'orage éclater.

Quand nous perdons un parent, soit nous nous accrochons tenacement à l'autre, véritable bouée de sauvetage face à la tragédie de la vie, repère intangible sur lequel nous appuyer, ce parent qui joue le rôle de deux, soit nous nous éloignons de celui qui reste, par peur de perdre à nouveau, et sous le poids de toutes sortes de culpabilités et d'appréhensions, nous nous convainquons que c'est la meilleure chose à faire pour nous protéger.

Il est souvent trop tard quand nous prenons conscience de la distance qui s'est installée entre nos proches et nous-mêmes.

L'amour maternel prend feu, il grimpe le long du corps et s'accroche à chaque partie de nous. Il nous rend lionne, conteuse, aventurière ou cuisinière, joueuse, négociatrice, professeure ou reine, clairvoyante, philosophe, sportive ou gestionnaire. Être mère, c'est donner tout ce qu'on a, montrer que quoiqu'il arrive, tout peut être surmonté.

Ceux qui partent nous aiment pour toujours.

Comme elle, les mots des autres me transpercent. Ils créent une décharge à l'intérieur, en exprimant ce que je n'arrive pas à formuler.

Il parait qu'il n'y a que sous un arbre que nous pouvons comprendre la profondeur de l'existence. Si nous regardons son tronc, nous voyons les fissures. Si nous posons la main sur l'écorce, nous sentons les battements. Si nous l'observons traverser les saisons, nous voyons la vie, la mort, le mouvement.