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Marie-Nel lit

Les suppliciées du Rhône de Coline Gatel

15 Mai 2021 , Rédigé par Marie Nel

Les suppliciées du Rhône de Coline Gatel

Publié aux éditions Le Livre de Poche

 

 

Résumé :

 

Lyon, 1897. Alors que des corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés dans la ville, pour la première fois des scientifiques partent à la recherche du coupable, mettant en pratique sur le terrain toutes les avancées acquises en cette fin de XIXe siècle. Autopsies des victimes, profils psychologiques des criminels, voilà ce que le professeur Alexandre Lacassagne veut imposer dans l’enquête avec son équipe, mais sait-il vraiment ce qu’il fait en nommant à sa tête Félicien Perrier, un de ses étudiants aussi brillant qu’intrigant ?
Entouré d’Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un carabin cent pour cent janséniste, Félicien va dénouer, un à un, les fils enchevêtrés de cette affaire au cœur d’un Lyon de notables, d’opiomanes et de faiseuses d’anges. Jusqu’à ce que le criminel se
dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de ses limites.

 

À propos de l’auteure :

 

Après des études en histoire, Coline Gatel s'essaie très jeune au journalisme avant de se tourner vers la publicité et les métiers du livre, dont l'édition. Elle est lauréate du concours « À la recherche des talents de demain » pour son premier roman, Les suppliciées du Rhône.

 

 

Mon Avis :

 

Il s'agit d'une relecture, j'ai déjà lu ce roman lors de sa sortie en grand format en mars 2019. J'ai pris énormément de plaisir à cette relecture, autant qu’à la première, et du coup je vois partage à nouveau ma chronique faite à ce moment là, car je pense et ressens exactement la même chose qu'alors.

Mon premier réflexe à chaud, une fois le livre refermé, est : « Ouahou quel roman ! » J'ai vécu pendant un peu plus de quatre cents pages dans le Lyon de la fin du XIXème siècle et c'était juste top... Je connaissais déjà l'auteure, Coline Gatel, pour l'avoir lue dans un autre format, la nouvelle, mais également un autre roman Les étrangers du temps. J'ai pu une nouvelle fois apprécier la façon dont elle emmène le lecteur dans l'histoire, elle situe très bien le contexte, que ce soit par rapport aux lieux ou au mode de vie de l'époque, rendant ainsi son histoire tellement réelle.

 

Tout n'est néanmoins pas fictif. En effet, un des personnages, le professeur Lacassagne, a réellement existé. C'est un médecin français, vivant à Lyon, qui fut l'un des fondateurs de l'anthropologie médicale. À cette époque là, il n'y avait pas d'enquête comme nous connaissons maintenant, c'était souvent lorsqu'on était pris sur le fait qu'on était jugé coupable. Lacassagne va amener de la modernité à la police en pratiquant des autopsies des victimes, en traçant une sorte de profil du meurtrier, les premières empreintes vont faire leur apparition, ainsi que la photo prise lors des gardes à vue pour l'identification, et également la mise en place du groupe sanguin.

 

Lacassagne enseigne à des élèves tout cela, et décide de former une équipe qui mènera ainsi les enquêtes avec un œil nouveau. Il nomme donc Félicien Perrier, l'un de ses brillants étudiants à la tête de cette équipe. Il va être aidé de Bernard Lecuyer, un autre élève, très soucieux du détail. Va se greffer à ce duo, une jeune femme que connait Bernard, Irina Bergovski. C'est une journaliste au Progrès de Lyon, elle se dit d'origine polonaise. Tous les trois vont essayer de démêler une étrange affaire de jeunes filles retrouvées mortes. Le point commun entre elles est la particularité de leur meurtre et qui intrigue bien le trio d'enquêteurs. Ils vont parfois être touchés de près, vont devoir garder leur sang froid pour élucider le mystère. Ils vont ainsi s'aider de ce que leur professeur leur a appris. Mais leur vie privée va les rattraper chacun et semer le doute dans leurs têtes.

 

Les personnages sont bien travaillés. Ils ne sont pas lisses et j'aime ça. Je pense notamment à Félicien Perrier qui est un jeune homme très intelligent mais avec des travers de caractère très prononcés, n'ayons pas peur des mots, il se révèle être un parfait sociopathe. Plus l'histoire avance, plus on en découvre sur lui et plus cela se confirme. Il m'a fait penser, avec ces vices, au personnage de Sherlock Holmes, il y a quelques similitudes entre eux. Lecuyer est intelligent lui aussi, mais se laisse beaucoup plus vite emporter par les sentiments, il est beaucoup moins froid que Perrier. Et le personnage féminin est l'inverse de ce que l'on peut s'imaginer, et ça, j'ai trouvé l'idée géniale. En effet, elle est limite androgine, s'habille avec des costumes masculins, et à cette époque là, une femme en pantalons, ça choque, et c'est surtout interdit ! C'est ainsi que j'ai appris que pour avoir le droit de porter un pantalon, il fallait posséder un « permis de travestissement »... Mais ça n'empêche pas Irina d'être une féministe convaincue. Et confrontée aux circonstances des meurtres des jeunes filles, elle va plus d'une fois se révolter. Elle se demandera quand les femmes auront le droit de disposer de leur corps et surtout quand on fera enfin attention à elles.

Vous le voyez, ces trois personnes forment un trio de choc.

 

Un autre personnage très important de ce roman, est la ville de Lyon. Coline Gatel a situé son histoire dans cette ville, et l'a fait d'une façon très juste. Tout y est très bien décrit, les quartiers, les bistrots, les traboules, les bouchons. Elle a poussé le détail jusqu'à mentionner les anciens noms des rues et des places. On s'y croirait vraiment. La gastronomie n'a pas été oubliée, le langage et l'argot lyonnais non plus. Tout est fait pour pouvoir mieux nous plonger dans cette ville à la fin de ce XIXème siècle. Et sans aucune lourdeur dans les descriptions, tout se fait naturellement, comme si on le regardait nous même. Les méthodes médicales et d'investigation sont elles aussi bien détaillées et dépeintes. Je voudrais d'ailleurs souligner le travail considérable qu'a dû faire l'auteure en amont pour pouvoir être aussi précise dans les faits et les lieux. En lisant, j'ai appris beaucoup de choses, et j'adore quand une lecture me distrait mais aussi m'apprend plein de nouvelles notions. C'est, comme on dit, joindre l'utile à l'agréable.

 

Tout en restant objective, j'ai beaucoup de mal à vous trouver des défauts sur ce roman. L'histoire tient la route, les faits, les meurtres, le coupable, les personnages aux esprits torturés, tout cela est cohérent. Transposée en plus dans un décor et un contexte plus que réalistes, vous avez un roman complet. Le style de l'auteure, précis comme je l'ai dit, mais fluide, sans lourdeur, et avec une pointe d'humour parfois noir en fait une lecture qui se lit facilement et je dirais même avidement. Le suspense est entier, les meurtres se succèdent et impossible de trouver le coupable. J'en ai même soupçonné les enquêteurs tellement ils ne sont pas irréprochables... C'est une lecture tellement imagée, que je la verrai très bien adaptée au cinéma ou en série. Il y a matière je pense à faire quelque chose de bien en reprenant les différents points de ce roman. Je ne pense pas que cette chronique soit lue un jour par un scénariste, mais si c'est le cas, foncez, je serai votre première spectatrice !

 

Bon, je pourrais encore vous parler pendant un moment de ce roman, tellement il m'a plu et enchantée. Je ne peux que vous recommander cette lecture, je suis sûre et convaincue que vous passerez tout comme moi un très bon moment en compagnie de Félicien Perrier et de ses amis. Vous serez vous aussi transporté dans une autre époque et je peux vous assurer que vous aimerez. Vous vous laisserez prendre par le suspense et arrêterez tout ce que vous devez faire pour pouvoir terminer l'histoire et savoir le fin mot. En tout cas, ça s'est passé comme ça pour moi, difficile de décrocher avant la dernière page. J'ai même été un peu triste de quitter Félicien, surtout avec tout ce qu'on apprend sur lui. Mais je sais que je vais le retrouver lui et ses amis dans un nouveau roman de Coline Gatel, Le labyrinthe des femmes.

 

Je tiens à remercier très sincèrement Coline Gatel pour cet excellent moment, je lui tire mon chapeau et la félicite pour l'univers mi-réaliste, mi-fictif qu'elle a créé. C’est une très bonne relecture pour moi, je me suis autant régalée qu’à la première. Je me souvenais de certains faits, car ils sont marquants, mais pas de certains détails, et ça a été un plaisir de les retrouver.

 

Je remercie également les éditions Le Livre de Poche pour l'envoi du roman dans son format papier.

 

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