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Marie-Nel lit

Puis sont venus les jours sombres de Alain Léonard

24 Avril 2024 , Rédigé par Marie Nel

Puis sont venus les jours sombres de Alain Léonard

Publié aux éditions De Borée

 

 

Résumé :

 

François et Julien, des jumeaux que tout oppose et cependant très complices, vivent insouciants et heureux, encore épargnés par la menace ennemie. Loin des préoccupations de la guerre, ils profitent de leurs vingt ans, ressentant même les premiers frissons amoureux.

Bientôt, pourtant, ils doivent se rendre aux Chantiers de la jeunesse, auxquels ils prennent part sans rechigner. Mais quand le maréchal Pétain décrète le STO en Allemagne, ils décident cette fois de s’y soustraire.

Les deux frères, que l’on pensait inséparables, vont alors prendre des directions bien opposées…

 

 

À propos de l'auteur :

 

Après une carrière militaire en France et à l’étranger, Alain Léonard est devenu infirmier dans un hôpital clermontois. En 2017, il se lance dans l'écriture. Chacun de ses textes mêle étroitement le romanesque à la grande histoire. Puis sont venus les jours sombres est son huitième roman aux éditions De Borée. 

 

 

Mon Avis :

 

 

Alain Léonard fait partie de ces auteurs avec lesquels je suis sûre de passer un bon moment en ouvrant leurs livres. Il a publié huit romans aux éditions De Borée, j'en ai lu six. Il mêle à chaque fois l'histoire avec un grand H à la petite, à la vie de ces gens qui ont traversé les années. Généralement, ses histoires se passent toujours en Auvergne, région que l'auteur aime et ça se sent dans ses écrits. J'étais donc, avant même d'ouvrir ce nouveau livre, très enthousiaste et je savais que j'allais passer un bon moment avec des émotions fortes. 

 

L'histoire se passe pendant la seconde guerre mondiale. On va suivre des frères jumeaux, François et Julien. Ils sont nés en 1922, et sont donc à peine sortis de l'adolescence lorsque la guerre éclate. Ils vivent dans un petit village d'Auvergne avec leurs mère, Madeleine. Leur père Jules est mort jeune suite à une maladie. Les deux frères ne se ressemblent pas. L'un, François, est grand et costaud, brun, bagarreur et pas trop enclin aux études. L'autre, Julien, est l'inverse, de nature chétive, blond aux yeux clairs et très bon à l'école. Tout les sépare physiquement, mais ils s'entendent très bien, François défend Julien dans la cour d'école, ils s'entraident et sont inséparables. Ils vont tous les deux aller aux Chantiers de la Jeunesse où leur entraide sera encore plus forte. C'est ce qui remplace le service militaire, c'est une sorte de camp de scouts, où ils rendent des services et apprennent des métiers bien souvent agricoles. Une fois leur période faite, ils vont apprendre l'instauration par Pétain du STO, Service de Travail Obligatoire, qui se passe en Allemagne. Les deux jeunes hommes refusent d'y partir. Et pour échapper à ce service obligatoire, ils vont tous deux prendre des chemins très différents. La guerre et tout le contexte politique va changer la mentalité des deux frères. L'un s'engagera dans la Milice, l'autre dans la Résistance. Et au milieu, il restera leur mère, Madeleine, effondrée de voir ses fils divisés et apeurée de ce que le sort peut leur réserver. Que se passerait-il si l'un rencontrait l'autre ? Le dénoncerait-il ? Jusqu'où peut aller leur engagement personnel ? Peut-on oublier toutes ces années de complicité pour une idéologie ?

 

Ce sont plein de questions que l'auteur pose au travers de ses personnages. J'ai trouvé l'idée plutôt originale, d'avoir ainsi deux visions différentes de la guerre et deux engagements si différents. Je me suis très vite attachée aux deux frères, ils forment une paire très complémentaire, et leur séparation est vécue comme une déchirure. Celui qui s'engage dans la Milice le fait par pulsion, par jalousie aussi, il se rendra compte au bout d'un moment de son erreur. J'ai aimé que cela se passe comme cela pour lui, je n'avais pas envie qu'il se transforme en méchant froid et calculateur. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Madeleine et celui de Marie. Deux femmes qui restent à la maison, qui tremblent, ont peur, sont parfois pleines d'espoir et veulent croire que tout se finira bien. Les événements tragiques leur font se rendre compte qu'il faut profiter de chaque petit instant de bonheur lorsqu'il se présente. J'ai aimé que l'auteur souligne justement cette notion importante pour les personnes de résister ainsi à la guerre et au malheur. 

 

J'ai vraiment tout aimé dans ce livre. Les descriptions de l'Auvergne, des montagnes, des villes, de la campagne sont très bien faites, sonnent juste, et j'avais l'impression d'y être en lisant. L'Histoire tient un rôle important, on s'en doute. Dans une note en début de livre, l'auteur explique qu'il a peut-être pris quelques libertés sur les dates, pour que son texte reste cohérent, mais qu'il a été très précis sur les lieux. Il a très bien retranscrit la vie à cette époque, et pour cela, il a été guidé par des personnes réelles qui ont bien connu cette période. Et ça se sent, tout est très précis dans les faits, que ce soit dans la Milice, dans la Résistance ou dans la vie de tous les jours des gens qui essayaient de survivre. Je ne peux qu'être admirative de l'immense travail qu'a dû effectuer l'auteur en amont afin de donner un récit si étayé et plausible. J'aime beaucoup quand mes lectures ont ce double pouvoir de me divertir et de m'instruire à la fois. Je m'attache encore plus aux personnages quand je sais qu'ils auraient pu exister, que d'autres personnes ont vécu la même chose qu'eux. Les émotions du coup, sont multipliés. J'ai eu peur pour les deux frères, j'avais envie de réconforter leur mère, c'est vraiment une lecture très immersive et émouvante. 

 

D'ailleurs, la lecture s'est faite rapidement. J'avais beau essayer de la freiner pour rester le plus longtemps possible avec Julien et François, les pages défilaient rapidement. L'auteur a su m'emmener dès les premières phrases sur les traces de cette famille, et je n'ai relevé la tête qu'une fois arrivée à la fin. Le dernier chapitre est bouleversant, je ne vous dirai pas pourquoi, mais il m'a énormément touchée. J'ai une nouvelle fois pu apprécier la plume de l'auteur, la fluidité de son style, ses descriptions qui ne sont pas trop envahissantes afin de ne pas alourdir la lecture. Tout est très bien construit, les années passent, et on arrive petit à petit à la fin de la guerre avec toutes les joies et les drames qu'elle va amener avec elle. 

 

L'auteur fait passer de très beaux messages et de belles valeurs sur la famille, les liens fraternels, la résilience, l'amour des siens, la fidélité en ses valeurs justement. Il parle très bien de la guerre, de la folie des hommes, de ce qu'ils ont fait à tout un peuple. On va fêter les 80 ans du débarquement cette année, il reste très peu de personnes vivant à ce moment là pour pouvoir nous raconter ce qu'ils ont vu et vécu. Et pourtant il ne faut surtout pas oublier, car malheureusement, les humains n'apprennent rien de leurs erreurs passées, et recommenceraient les mêmes âneries très vite. Alors des romans comme celui-ci, outre l'histoire d'une famille, ils nous montrent aussi la folie des hommes, et surtout, nous permet de ne pas oublier ces années où nos aïeux se sont battus pour notre liberté actuelle. 

 

Mais revenons à nos moutons comme on dit, j'ai à nouveau beaucoup aimé ce livre de Alain Léonard. J'ai passé un très bon moment en compagnie des deux frères. Je crois que je ne les oublierai pas de sitôt. J'avais déjà pu apprécier son talent d'écrivain et de conteur dans ses autres romans, ce nouveau livre me conforte dans mon envie de continuer à lire ses livres. Je garde par exemple, un très bon souvenir d'un de ses précédents livres, Un ange dans la tourmente, je me rappelle très bien de l'histoire, et je crois que Julien et François vont rejoindre Armand et Aurélia, les autres personnages du roman que je viens de citer. C'est la force des livres de cet auteur et de cette maison d'édition aussi d'ailleurs. 

 

C'est pour cela que je ne peux que vous recommander de lire les livres d'Alain Léonard. Vous verrez en lisant les résumés, qu'il y en a pour tous les goûts. Certains se passent pendant la guerre, d'autres dans des périodes plus anciennes. Leur point commun, ce sont les lieux, l'Auvergne. Je connais un peu, pour y être passée lors d'autres pérégrinations, c'est une belle région qui mérite qu'on s'y penche un peu plus.

 

Il ne me reste plus qu'à remercier Alain Léonard pour tout ce qu'il m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. Et un grand merci à Virginie et aux éditions De Borée pour leur confiance renouvelée en mon blog. 

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L
Encore un grand merci pour ce magnifique retour et à bientôt pour de nouvelles aventures
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M
Merci beaucoup pour votre commentaire Alain et à bientôt !