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Marie-Nel lit

Mademoiselle Papillon de Alia Cardyn

26 Novembre 2020 , Rédigé par Marie Nel

Mademoiselle Papillon de Alia Cardyn

Publié aux éditions Robert Laffont 


Résumé :

L'histoire inouïe de Thérèse Papillon, reconnue juste parmi les nations, révèle la force de nos rêves.

Gabrielle, 30 ans, infirmière, s'occupe de grands prématurés dans un service de néonatologie intensive. L'univers de la jeune femme s'est réduit aux quelques mètres carrés de sa salle, la salle 79, où elle glisse lentement dans l'indifférence, lorsqu'elle découvre l'histoire de Mademoiselle Papillon.
En 1920, dans une France ravagée par la Première Guerre mondiale, cette infirmière de la Croix-Rouge est envoyée au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois. Alors qu'elle tente de mener à bien sa mission, la vision des enfants qui succombent dans la rue l'obsède. Une ambition se forme et prend bientôt toute la place : elle doit bâtir une maison pour les protéger.
Lorsqu'elle franchit le seuil de la sublime abbaye de Valloires, Mademoiselle Papillon est convaincue d'approcher son rêve.

Ce roman mêle le destin de deux infirmières et met en lumière une femme exceptionnelle : Thérèse Papillon, qui a sauvé des milliers d'enfants et a été reconnue Juste parmi les Nations. Après avoir mené une véritable enquête – en néonatologie mais aussi auprès de ceux qui ont connu Thérèse Papillon –, Alia Cardyn livre un hommage sensible et lumineux aux femmes qui ont l'audace d'incarner le changement.


À propos de l’auteure :

Belge, diplômée en droit et en sciences politiques, Alia Cardyn a été avocate. Aujourd’hui, elle consacre son temps à l’écriture. Elle a publié plusieurs romans aux éditions Charleston : Une vie à t’attendre, lauréat du prix des Lecteurs de la chaîne de magasins belges Club (2016), Le Choix d’une vie (2017) et L’Envol (2019). Mademoiselle Papillon est son quatrième roman, le premier aux Éditions Robert Laffont.


Mon Avis :

Je connaissais Alia Cardyn de nom ou plutôt de renom, j’ai vu passer ses autres romans sur les réseaux et en librairie, et j'avais très envie de la lire. Et grâce à la masse critique de Babelio, c’est enfin chose faite. Quelle lecture….je suis très contente d'avoir découverte enfin cette auteure, elle ne m'a pas déçue du tout, et j’ai envie maintenant de lire ses autres romans. 

Je crois qu'on peut parler d'un coup de cœur pour cette histoire. Avant d’ouvrir le livre, j'avais déjà un coup de cœur pour le résumé et la couverture. Le sujet dont il devait être question me parle énormément et me ramène des années en arrière dans ma vie personnelle. 
Je ne vais pas trop détailler l’histoire, le résumé le fait déjà assez, c’est une histoire qui se vit, qui se ressent, et j'ai peur de ne pas arriver à vous transmettre toutes les émotions que j'ai ressenties tout au long de ce livre.
On va suivre deux femmes, à deux époques différentes. Tout d'abord Gabrielle, 30 ans, célibataire. Elle est infirmière dans un service de néonatalogie où elle s'occupe de grands prématurés. Elle ne vit que pour son travail qui se cantonne à une salle où se trouvent les couveuses avec les bébés et leurs mamans. La routine rattrape Gabrielle, ses gestes deviennent mécaniques, elle ne met plus autant de cœur dans son travail. Jusqu’au jour où sa mère, écrivaine, lui fait lire son dernier manuscrit, comme elle le fait à chaque nouveau roman. Mais elle présente celui-ci à sa fille comme une histoire différente, qui la touche de près mais elle ne lui en dira plus que lorsque Gabrielle l'aura lu. 
Ce manuscrit raconte l’histoire de la vie du deuxième personnage féminin, Mademoiselle Papillon. On rencontre cette jeune femme en 1920. Elle est infirmière de la Croix-Rouge, se remet difficilement des horreurs de la guerre. Elle est envoyée dans un dispensaire dans le Nord de la France. Là-bas, elle va s'offusquer et prendre très à cœur le sort des enfants qui sont seuls dans la rue, tombent malades et meurent. Une idée germe alors dans sa tête, elle veut créer un lieu où elle recueillera ces enfants, où elle les soignera. Elle se met en quête d'un lieu pour cela, elle va trouver une abbaye, et va ainsi pouvoir mener son projet à bien. On va ainsi la suivre pendant presque 25 ans. On va suivre son travail, les réalisations dont elle rêvait. La seconde guerre va venir modifier certaines choses dans le quotidien de sa vie avec les femmes qui travaillent avec elle.
Indirectement, Gabrielle va s'inspirer du travail et des ressentis de Mademoiselle Papillon. Chez elle aussi, une idée va voir le jour pour le bien-être des bébés qui viennent de naître et qui sont dans des conditions de vie difficiles. Elle reprendra tout pour son métier et viendra en aide à son niveau.

Ne vous inquiétez pas, je n'ai rien révélé de primordial, il y a encore plein de choses à découvrir. Il y a surtout à découvrir toutes les émotions que dégagent l'histoire de ces deux femmes. Et l’émotion est encore plus forte quand on sait que Mademoiselle Papillon a vraiment existé, elle a d'ailleurs été reconnue Juste parmi les Nations pour les milliers d'enfants qu'elle a sauvés et soignés. Alia Cardyn nous explique à la fin qu'elle a rencontré des personnes ayant connu cette infirmière qui lui ont parlé d’elle. Pour offrir un récit réel à ses lecteurs, elle a dû mêler les faits réels avec des faits qu'elle a imaginés. L'histoire, ce que vit cette femme, est donc plus fictif que réel. L'auteure avait les grandes lignes, elle a brodé tout autour. Comme elle le dit, elle est romancière et non historienne ou biographe. Mais elle a su rester au plus près de la personnalité de cette infirmière grâce aux témoignages qu’elle a pu avoir de personnes qui l'avaient connue. De même, l'histoire de Gabrielle est totalement fictive, mais elle s'est renseignée auprès de chefs de service de néonatalogie pour apporter une histoire aussi proche possible de la réalité. 

Elle a très très bien su imaginer la vie de ces femmes, elle a également très bien su rendre très plausible les gestes techniques autour des soins des bébés. On se rend très vite compte de son travail de recherche en amont pour apporter des faits aussi réels. Ayant connu ces services, j'ai retrouvé dans les gestes techniques des sages-femmes, des infirmières, des auxiliaires de puériculture, ceux que j'ai vus par moi-même il y a des années de cela. Je n'aime pas parler de moi, mais j'ai connu l’épreuve pour une mère de donner naissance à un enfant prématuré, j'ai connu la séparation, la couveuse, le service de néonatalogie, l’impossibilité de toucher mon bébé comme je me voulais, devoir le faire à travers des hublots dans la couveuse. L'histoire de Gabrielle m'a ramenée des années en arrière, je me suis vue à la place des mamans du livre, avec leurs émotions, leurs peurs, les bips bips des machines….

Vous comprendrez donc toute l’émotion qui a entouré ma lecture. J'ai eu parfois l’impression que Alia Cardyn racontait mon expérience au travers de certaines mamans présentes aux côtés de Gabrielle. J'ai été profondément touchée, émue, les larmes ont accompagné certains moments plus difficiles, des larmes aussi de joie. L’écriture de l'auteure a aussi été un facteur d’émotion. Elle sait choisir les bons mots, elle sait rester pudique et d'une extrême sensibilité. Son choix narratif y est aussi pour beaucoup. Et l’originalité ici pour moi, est qu'elle a utilisé les deux possibilités. Lors des chapitres concernant Mademoiselle Papillon, les deux narrations se mélangent, celle à la troisième personne pour parler de l’infirmière, de ce qu’elle  fait  et des moments plus intimes où des pages de son journal intime sont retranscrites, et là bien sûr, la première personne est employée. C’est aussi avec le « je » que les chapitres avec Gabrielle sont écrits. Ça amplifie les émotions,  enfin c’est comme ça que je le ressens. Ce « je » me permet de ressentir profondément chaque émotion, de me mettre à la place du personnage et de ressentir au plus près tout ce qui le traverse. Je rentre dans sa tête et j'ai la sensation de vivre dans la tête du protagoniste, d’évoluer à sa place. Et comme pour Gabrielle, les passages où on lit la vie de Mademoiselle Papillon agissent comme un baume sur nos propres malheurs ou tristesses. Les réflexions de cette femme, ses actes, réconfortent, font du bien, même à moi, par rapport à ce que j’ai vécu il y a quelques années. J'aurais aimé avoir une Gabrielle ou une Mademoiselle Papillon pour me guider et m'aider dans mes gestes de jeune maman avec un enfant prématuré…je pense que ce livre peut aider les mamans d’aujourd’hui dans leurs relations avec leurs bébés mais aussi avec les soignants.

Ce livre véhicule des tas de messages, des tas de valeurs, les énumérer serait trop long, vous vous doutez bien qu'avec un tel sujet, ils peuvent être forts. C’est aussi un formidable hommage à tout ce personnel soignant qui prend soin de nous, de ces femmes qui ont donné de leur personne pour remplacer des parents absents, pour prendre soin d'enfants mal partis dans la vie. Comme dit Mademoiselle Papillon, « La vie alterne entre épreuves et moments d'une beauté infinie. » Que rajouter à cela…tout est dit en quelques mots.

Ce roman  peut se lire très vite et facilement. Les chapitres alternent entre Gabrielle et Mademoiselle Papillon, quand on en quitte une, on a envie de la retrouver au plus vite. Cela donne beaucoup de rythme à la lecture, en plus les chapitres ne sont pas très longs, il n'y a aucun temps mort. Mais moi, j’ai pris le parti de ralentir ma lecture, j'avais envie de rester le plus longtemps possible dans l'histoire, avec ces femmes, avec ces enfants et bébés, dans l'ambiance. Bon, je l’ai lu quand même en deux jours, ce qui est peu, mais si j'avais voulu, il aurait pu être fini en un après-midi. La fin est belle, très belle, à la hauteur du livre, elle est bien trouvée et pleine d'émotions. C’est un livre que je vais garder précieusement dans ma bibliothèque, pour pouvoir le relire, rien que le toucher me fait ressentir les émotions de ma lecture. 

Je ne peux que vous conseiller ce livre, intense émotionnellement.. je ne vais pas oublier de sitôt Mademoiselle Papillon et Gabrielle. L'auteure explique à la fin son processus d’écriture, les personnes qu’elle a rencontrées, comment elle a eu l’idée de ce livre. Elle donne aussi une playlist de morceaux de musique qui collent parfaitement à l’atmosphère du roman. De mon côté, j'ai découvert Alia Cardyn et je ne compte pas m’arrêter là, je vais vite combler ma lacune et lire ses précédents écrits, et je vais la suivre de près pour ne louper aucune nouvelle parution. Si vous ne la connaissez pas, n’hésitez pas, sa plume et son style ne pourront que vous plaire. 

Je voulais vous laisser une dernière citation qui m'a beaucoup touchée, c'est la mère de Gabrielle qui parle, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai eu l’impression que c’était Alia Cardyn qui s’exprimait : 
« Je voulais raconter une histoire sur le pouvoir du don de soi. On oublie que lorsqu’on prend soin d'un autre être humain, on prend soin de ceux  qui croiseront sa route. L'amour suscite l’amour. Cela nous donne un pouvoir personnel infini. » 

Je trouve ces phrases très puissantes, et il y en a plein d'autres tout le long du roman.

Je remercie chaleureusement Alia Cardyn pour cet excellent moment de lecture, pour tout ce qu'elle m'a fait ressentir, je la lirai avec plaisir à nouveau. Et un grand merci également aux éditions Robert Laffont et a la masse critique de Babelio de m'avoir permis de faire cette magnifique découverte.
 

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