La rue de l'échelle - Mémoires de mon père par Cyrille Audebert

24 Juin 2020 , Rédigé par Marie Nel

Publié chez Sindbadboy Éditions

Résumé :

Saumur. 24 décembre 1928.
Décoffré prématurément, un immense hangar en béton s’écroule sur treize ouvriers qui faisaient des heures supplémentaires pour arrondir leur fin de mois. En cette veille de Noël, sept d’entre deux meurent, pris sous les décombres. Parmi les trois blessés sortis de l’amas de béton et d’acier, un seul succombera à ses blessures : le papa du petit Raymond Audebert, sept ans. Celui qui quelques décennies plus tard deviendrait mon père venait de perdre le sien.
Mais cette enfance qui débutait par un drame allait s’avérer, par la magie de la Loire et la grâce de ses riverains, une merveilleuse période pour le petit garçon qu’il était. Une période faite de joies, de peines et d’amours. Une période pleine d’espoir. Celle de l’entre deux guerres, dans une ville, Saumur, et sa campagne, à la recherche de liberté.

À propos de l'auteur :

1959 aura été marquée par deux évènements capitaux : une canicule, pas meurtrière pour deux sous (de là à dire que les vieux ne sont plus ce qu’ils étaient…), et la naissance de Cyrille Audebert. La face du monde aurait dû en être bouleversée, mais Cyrille, conscient de ses fabuleuses possibilités, mettra toute son énergie à passer inaperçu : un peu d’humilité ne peut pas nuire. Il n’y a guère que ses professeurs de français, invariablement séduites par son charme légendaire, qui se souviennent encore de lui, une larme à l’œil et les mains tremblantes d’un désir toujours intact… C’est aussi à cette période qu’il écrira ses premiers grands succès. Sa Lettre au père Noël 1965 reste ainsi un modèle du genre, moult fois copiée, jamais égalée. Tour à tour fort des Halles, artisan d’art, vendeur ambulant, publicitaire, plombier, chauffeur de maître, mais aussi maçon, joueur professionnel, déménageur et quelques autres étrangetés, dont commercial dans une entreprise de lingerie féminine et dresseur de chèvres, il se destine à rapidement devenir auteur à succès. Cyrille Audebert est l’auteur de deux polars : « L’évangile selon Jacques Lucas » et sa suite « Un temps de chien », déjà d’énormes succès dans sa famille et même un peu plus (un peu d’humilité ne peut pas nuire). De deux romans fantastiques : « Fantôme d’amour » et « Cinquième étage ». Et d’un recueil de nouvelles réunissant tous ses genres de prédilection : « L’ébauche d’une réponse ».

Mon Avis :

Je connais Cyrille Audebert car je le suis essentiellement sur Facebook où il tient un éphéméride des jours avec les fêtes et les anniversaires. Il a toujours un bon mot à dire ou un jeu de mot à faire qui rend ses publications si personnelles. C’est pour moi un plaisir de le suivre en tout cas. C’est pourquoi, lorsqu’il m'a proposé de lire son roman via la plateforme Simplement Pro, j'ai accepté de suite car j'avais envie d’en connaitre plus sur lui, sur son style et sur sa plume.

Je n'ai vraiment pas été déçue du tout et cet écrit confirme la bonne opinion que j’avais déjà de lui. Le résumé m'a tout de suite beaucoup intéressé. Je suis toujours friande d'histoires personnelles et de récits de vie de nos ancêtres. Il s'agit ici du père de l'auteur, Raymond Audebert. Dès les premières pages, l'auteur nous explique ce qui l’intéressait lui dans ce que pouvait lui raconter son père, et l’idée qu'il a eu ensuite de pousser son père à écrire ses mémoires. Et son père l'a fait, il a rempli des cahiers, allait même jusqu’à écrire sur des emballages de paquets de biscuits ou au dos des calendriers ou enveloppes. On peut dire qu'il avait comme une fièvre d’écriture. Il en discutait ensuite avec son fils, lui faisant lire ce qu'il écrivait, et son fils de lui dire de raconter tout, de ne rien laisser. Il aurait pu raconter plein d’événements importants ayant un rapport avec la grande Histoire, ayant presque vingt ans au moment de la seconde guerre mondiale. Il a choisi de se consacrer aux premières années de sa vie, de son enfance jusqu’à la fin de son adolescence et le début de sa vie d'adulte.
On va ainsi suivre Raymond avec ses frères et sa sœur. Il est le troisième de la fratrie, il sera beaucoup plus en contact avec sa sœur cadette plutôt que ses frères aînés. Tout commence en 1928, Raymond a 7 ans, on est à Noël. Raymond et sa famille vont vivre un drame familial, un grave accident va survenir au travail du père de Raymond, qui va décéder suite à cela. La mère va devoir alors s'occuper seule de ses enfants et de son ménage. Mais, comme il est dit dans le résumé, ce tragique accident va voir arriver une période pas si triste que ça pour Raymond et sa sœur. Il va passer des moments importants de sa vie chez ses grands-parents ou chez son oncle et sa tante. Il se créera plein de beaux souvenirs qui l'aideront à passer les caps difficiles et essentiels dans la vie d'un enfant. Il va apprendre à pêcher, va se faire des amis, va vivre avec eux des souvenirs incroyables. Et le tout dans sa région de naissance, la Loire, une région qu'il aime et chérira tout le long de sa vie.

Je me suis très vite attaché à ce petit garçon et l'ai regardé grandir avec beaucoup d’intérêt. Je l'ai suivi dans ses péripéties d’enfant, dans ses premiers émois amoureux, dans l'apprentissage de son futur métier et de la vie tout simplement. Et tout ceci, avec un autre personnage très important qu'est la Loire. Les lieux ont un rôle prépondérant dans la vie du jeune garçon, j'ai souri bien des fois à ces parties de pêche mémorable. Les décors sont décrits avec beaucoup de sensibilité et de poésie, à un point tel que j'arrivais bien à visualiser les scènes. C’est un superbe hommage à cette région.

L’attachement au personnage se fait aussi grâce au choix narratif de l’auteur, qui, comme vous pouvez vous en doutez dans une biographie, est l'utilisation de la première personne du singulier. J'aime beaucoup ce « je » qui permet de me mettre à la place du personnage, d’être au plus près de lui, de rentrer dans sa tête et de ressentir chacune de ses émotions. L’écriture est fluide, pleine de poésie, l'auteur n’épargne pas le lecteur et raconte aussi bien les bons que les mauvais moments. Il nous narre tout simplement la vie, comme elle devait être entre les deux guerres, une période où l'espoir était permis mais où la peur du lendemain existait encore avec les tensions que l'on connaît.

J'ai passé un excellent moment en compagnie de l'auteur et de son père. Je trouve que c’est une richesse incroyable de connaitre le passé de ses parents, leur parcours de vie. Moi qui avais un père taiseux et secret, c’est toujours quelque chose qui m'a manquée, ne pas connaître son histoire personnelle, son enfance… c’est un cadeau tellement beau et essentiel que l'on peut faire à ses enfants, cela leur permet, à mon avis, de se construire encore mieux.
Tout y est dans ce livre, une belle histoire, c’est bien raconté, des lieux splendides, des personnages attachants, il ne manque rien. La lecture se fait toute seule, les pages se tournent et l’attention reste la même tout le long. On veut tellement savoir si tout va bien se passer que l'on lit avec une certaine avidité. J'aurais presque juste une envie supplémentaire, c’est de connaitre la suite de la vie de Raymond…peut-être ce sera pour un prochain livre. Le titre du livre est la rue dans laquelle a vécu Raymond avec ses parents à Saumur. Elle n'existe plus, mais il reste toujours la ville et son fleuve. J'ai d'ailleurs trouvé le dernier chapitre très émouvant à ce sujet.
En tout cas, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman, si vous aimez les histoires personnelles dans le même style que Pagnol ou Giono. Tout comme eux, Cyrille Audebert raconte une région et la vie de ses habitants à une période bien précise.
De mon côté, je suis très contente d'avoir découvert Cyrille Audebert, je vais continuer à le suivre et sûrement lire ses autres romans qui sont d'un tout autre genre puisqu’il s'agit de polars et de fantastiques. Je suis justement curieuse de voir ce que cela donne…

Je remercie chaleureusement Cyrille Audebert de m'avoir contactée et pour le très bon moment passé en sa compagnie.