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Marie-Nel lit

Vous parler de mon fils de Philippe Besson

10 Janvier 2025 , Rédigé par Marie Nel

Vous parler de mon fils de Philippe Besson

Publié aux éditions Julliard

 

 

Résumé :

 

« Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu’un instant. Votre enfant vient vous raconter l’humiliation, la persécution, le bannissement. C’est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C’est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C’est l’être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n’est que le début. Que les toutes premières minutes. » 

 

 

À propos de l'auteur :

 

Philippe Besson a publié plus d’une vingtaine de romans, dont Son frère, (adapté au cinéma par Patrice Chéreau), L’Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), « Arrête avec tes mensonges » (prix Maison de la Presse, adapté au cinéma par Olivier Peyon), Paris-Briançon, et Ceci n’est pas un fait divers.

 

 

Mon Avis :

 

Philippe Besson est un auteur que j'apprécie beaucoup, je l'ai découvert il y a deux ans avec "Le dernier enfant", j'ai continué chaque année avec "Ceci n'est pas un fait divers" et il y a peu "Paris Briançon". Après avoir parlé d'un féminicide avec "Ceci n'est pas un fait divers", il aborde ici un autre sujet très grave qui est un véritable fléau, le harcèlement scolaire. Et il le fait avec toute sa sensibilité, dans un récit poignant, marquant et que je n'oublierai pas de sitôt. 

Vous parler de mon fils, c'est donc le récit de Vincent, qui va nous parler de son fils, Hugo. Vincent est marié avec Juliette, ils ont deux fils Hugo et Enzo, et ils vivent à Saint Nazaire. C'est un jour tellement compliqué qui débute pour leur famille. En effet Hugo est mort, à seulement 14 ans. On ne sait pas encore comment, et là n'est pas le propos, on devine très vite qu'il n'y a rien de naturel à cela. Cela fait un mois qu'il est mort, et ce jour où Vincent nous parle, est un jour particulier, puisqu'une marche blanche a été organisée pour rendre hommage au jeune garçon, et pour exprimer le ras-le-bol généralisé vis-à-vis du harcèlement. Car oui, Vincent nous explique très vite que Hugo a été la victime de harcèlement à son collège. 

Le récit se passe sur cette journée de recueil, et Vincent retrace dans sa tête tous les événements vécus avant la mort de son fils. Comme tous les enfants victimes de ce fléau, Hugo a commencé par cacher les faits, puis petit à petit sa mère se rend compte que quelque chose ne va pas, Vincent n'y prête pas plus attention, ce qu'il regrette amèrement aujourd'hui, et le fait énormément culpabiliser. Il est loin d'être le plus fautif. Juliette et lui auront beau prévenir le collège, personne ne fait rien. Ils pensent même à changer leur fils de collège, mais malheureusement, il sera trop tard. 

Petit à petit, au fil du récit, on en apprend un peu plus sur ce qu'a vécu Hugo, sur les circonstances de sa mort, on assiste aussi à la marche blanche aux côtés des parents, des grands-parents, des amis et des nombreuses personnes venues leur apporter leur soutien. Vincent décortique tous les faits, se remettant à chaque fois en question, il explique cet engrenage dont son fils n'a pas pu se sortir, l'amenant à ce geste irréparable. Je pense que chaque lecteur qui lira ce livre, se mettra à la place de ce père ou de cette mère et comprendra qu'il était alors difficile de faire quelque chose. 

Ce livre m'a énormément touchée. J'ai été moi-même victime de harcèlement au collège, mais ça remonte à quarante ans en arrière, à cette époque, le mot "harcèlement" n'existait même pas. Je me suis mise à la place d'Hugo mais aussi et surtout à la place de Vincent. Mon fils a été victime lui aussi de ce fléau au collège aussi, décidément.. Et je n'ai rien vu, moi non plus. Je l'ai appris plus tard, quand il était au lycée, il est maintenant à l'université, mais il en souffre toujours. C'est horrible. Je n'ai pas vu, je n'ai rien pu faire. Alors je comprends Vincent et son désarroi, de n'avoir rien pu faire, et d'avoir perdu son fils. Je pense que je serais dans un état de culpabilité profonde si la même chose était arrivée pour mon fils. 

C'est un récit poignant, tragique et tellement beau à la fois. Une fois de plus, j'ai pu apprécier la sensibilité de l'auteur, il en fallait pour traiter un tel drame. Il raconte vraiment très bien, et rend l'histoire tellement réelle. Tout ce qu'il se passe dans ce livre pourrait être tiré d'un fait réel, même la réaction des professeurs ou du proviseur du collège. C'est l'un ou l'autre avec eux, soit ils y sont sensibilisés et ils font attention, soit ils traitent cela avec légèreté. J'ai connu ce cas aussi, et on se sent complètement démunis. Philippe Besson traite son sujet avec beaucoup d'authenticité, de justesse, de sensibilité. Et le fait d'avoir construit l'histoire comme un monologue d'un seul personnage, rend le tout encore plus intimiste, touchant et marquant. Avec la narration à la première personne, je suis rentrée dans la tête de Vincent, j'ai ressenti chacune de ses émotions, et c'était parfois très intense. C'est cela qui rend aussi le récit tellement bouleversant. Et bien sûr, c'est toujours très bien écrit. 

C'est un livre qui devrait être présent dans toutes les bibliothèques de collège, de lycée, de communes. Il est nécessaire pour chacun, pour les parents, pour les armer face à ce fléau, pour les soutenir, et bien sûr pour les jeunes, pour les aider à parler, à ne plus se taire. Car c'est le silence qui donne les meilleures armes aux harceleurs. Pour tous les Hugo, il est primordial que les adultes se bougent et agissent contre ce qui peut détruire une jeunesse. Et si un livre peut le faire, alors il faut qu'il soit lu par tous. 

Je n'oublierai pas de sitôt Hugo, et ses parents. L'auteur m'a montré une fois de plus qu'il peut parler de tous les sujets, et le faire avec beaucoup de talent. Bien sûr, je ne peux que vous recommander ce livre. De mon côté, il me conforte dans mon envie de découvrir plus de livres de cet auteur, ce que je vais continuer de faire. 

Il ne me reste plus qu'à remercier Philippe Besson pour ce livre et tout ce qu'il m'a fait vivre pendant ma lecture. Un grand merci à Netgalley et aux éditions Julliard de m'avoir permis de lire ce livre. 

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