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Marie-Nel lit

Le silence de la joie de Christopher Laquieze

29 Décembre 2024 , Rédigé par Marie Nel

Le silence de la joie de Christopher Laquieze

Publié aux Éditions Guy Tredaniel 

 

 

Résumé :

 

« En espérant constamment une vie meilleure, nous passons à côté de la vie elle-même. »

Jamais la quête de beauté dans notre société n’a été aussi ardue.

Le philosophe français Jean Baudrillard affirmait que « Le réel n’a jamais intéressé personne », et c’est pourtant dans ce « réel » que nous existons.

Pourquoi cherchons-nous constamment à échapper à la réalité pour mieux accepter les tribulations de la vie ?

Pourquoi la vie ne répond-elle jamais à nos attentes ?

Comment vivre dans un monde qui reste muet face à notre quête de sens ?

Christopher Laquieze n’aspire pas à fournir des réponses, mais à soulever les bonnes interrogations. Il ne cherche pas à enseigner ce que nous ignorons, mais plutôt à révéler ce que nous savons déjà et choisissons d’ignorer.

Ce livre n’est pas une évasion, mais un retour : une plongée audacieuse dans l’absurdité de l’existence pour en faire renaître la joie perdue. Il célèbre le triomphe de ne pas arriver là où nous pensions, et de nous réjouir précisément de ce détour inattendu.

 

 

À propos de l'auteur :

 

​​​​​Cristopher Laquieze est écrivain et philosophe (ATOPOS). Ayant réussi à capter l’intérêt de centaines de milliers de personnes pour la littérature et la philosophie sur les réseaux sociaux, il se distingue par son style d’écriture tranchant et unique. Avec un parcours atypique et une passion débordante, l’auteur a su se faire une place remarquée dans le monde de la philosophie par son originalité et ses connaissances.

 

 

Mon Avis :

 

C'est le titre qui m'a interpellée lorsque j'ai vu ce livre pour la première fois. Et surtout son sous-titre, "Un essai sur ce qui n'intéresse personne". La joie est souvent exprimée avec beaucoup d'emphase, d'exubérance, l'auteur nous démontre ici qu'elle peut être silencieuse, ne pas faire de bruit. Silence et joie étaient pour moi opposés avant de commencer ce livre, l'auteur a su me démontrer le contraire. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un essai philosophique, j'ai gardé de bons souvenirs de certaines lectures. Je connaissais l'auteur car je le suivais sur les réseaux sociaux, je suis contente d'avoir découvert son livre.

À travers 18 chapitres, l'auteur passe en revue tout ce qui fait notre vie à tous. Qu'est-ce qui la rend telle qu'elle est, pourquoi nous cherchons toujours à échapper à la réalité, à se créer un autre réel, au risque d'être bien souvent déçus. L'auteur nous démontre avec beaucoup d'exemples qu'il est possible de ressentir de la joie dans notre vie réelle, que l'on n'est pas obligé de tout le temps imaginer d'autres choses. Il n'est pas un adepte de la pensée ultra positive, du fait de toujours chercher le positif même quand ça ne va pas. Pour lui, il faut accepter le négatif dans notre vie, ne pas l'aggraver bien sûr, mais savoir le vivre et se dire que du positif reviendra après. J'ai apprécié cette approche, l'ultra positivité m'agace parfois, et me mène souvent à ressentir encore plus de négativité. L'auteur explique alors l'envie que l'on a de fuir devant cette réalité qui nous dérange, la force alors de l'imaginaire qui rentre alors en action pour nous permettre d'échapper à nos souffrances. Il nous montre aussi que l'espoir suscite une crainte, et lorsqu'il n'y a pas de limite aux espoirs, on crée un désespoir encore plus grand, car nous ne sommes pas arrivés à concrétiser tant d'espoirs. Il démontre aussi la relation entre les souvenirs et le passé, celui-ci les déforme bien souvent. On ne se rappelle jamais précisément notre passé. 

L'auteur étaye son propos de nombreuses citations et de nombreuses références à des auteurs tels que Nietzsche, Spinoza, Pascal, Montaigne, Baudelaire, Camus, Vian... Des philosophes et des auteurs que j'ai lus pendant mes études. J'ai retrouvé beaucoup d'eux dans Christopher Laquieze, j'ai replongé dans mes cours de philo. La seule différence ici, est que l'écriture est beaucoup plus moderne et abordable. Même si, parfois, je me suis un peu accrochée ou ai relu certains passages pour mieux les assimiler. Il y a des passages un peu plus brouillons, des phrases longues qu'il faut relire, mais cela ne m'a pas dérangée plus que cela, c'est pareil avec tous les auteurs philosophiques.

Je me suis retrouvée dans beaucoup de ce que nous montre l'auteur, surtout dans les chapitres "Le poids du passé", "Ces souvenirs imaginaires", "Imaginer l'imagination". Par exemple, je ne me souvenais plus de l'esprit de l'escalier, comme le disait Diderot. Et pourtant cela m'arrive tous les jours, et je suis sûre que vous êtes pareil. Vous savez, c'est lorsque l'on trouve la réponse à une question bien après l'avoir posée, ou trouver ce que l'on aurait dû répondre à quelqu'un bien après la conversation. Diderot a eu cela en descendant un escalier, d'où le nom. Cela m'arrive tellement souvent. Ou encore le processus prédictif, c'est la capacité de voir un objet dans un nuage dans le ciel, ou de lait dans notre tasse de café. C'est très souvent que je fais cela, je trouve que c'est très méditatif. Il précise aussi des notions que j'aime beaucoup, comme par exemple la chute qui symbolise l'effort, la joie active et la joie passive. Et surtout, le fait d'attendre des jours meilleurs nous empêche d'apprécier notre vie actuelle. 

De la réalité, l'auteur nous emmène jusqu'au vertige de la joie, en passant par plein de chemins différents. J'ai beaucoup aimé dans le dernier chapitre, l'exemple de sa recherche de l'aigle royal avec son grand-père. Peut-être aurais-je aimé qu'il y ait un peu plus d'exemples concrets pour étayer les réflexions, mais à mon avis le livre n'aurait pas fait trois cents pages mais le double. Au lecteur de chercher des exemples dans sa propre vie, c'est ce que j'ai fait, et c'est très instructif sur soi-même. 

Ce livre apporte plein de belles réflexions sur la vie, sur nos vies, il pousse à la réflexion, à se demander comment sont nos vies, à se remettre en question sur certaines de nos croyances. J'aime beaucoup quand ma lecture est tellement enrichissante. Je mets des post-it dans les livres à chaque fois que je relève une belle phrase, là, la tranche du livre est multicolore, tellement il y en a. Je ne pourrais malheureusement pas relever toutes les citations, je vais essayer de choisir celles qui me touchent le plus. 

Je trouve que c'est le genre de livres qui peut se lire à tout moment. C'est parce qu'il fallait que je le lise pour une date précise que je n'ai pas pu faire de pauses, mais je vais le garder précieusement dans ma bibliothèque pour relire certains passages quand j'en ressentirai le besoin ou l'envie. J'ai en globalité, beaucoup aimé cette lecture, je ne suis pas d'accord avec le sous-titre, cet essai peut intéresser beaucoup de personnes.  Il m'a sortie de ma zone de confort, m'a poussée dans mes retranchements, j'en garderai un très bon souvenir. Je ne peux que vous le conseiller, vous apprendrez beaucoup sur vous-même en lisant ce livre. Et j'aimerais conclure en reprenant la première phrase du résumé, si belle et si juste :

« En espérant constamment une vie meilleure, nous passons à côté de la vie elle-même. »

Il ne me reste plus qu'à remercier Christopher Laquièze pour toute cette réflexion. Je vais le suivre avec plaisir et le lirai à nouveau très certainement. Il a écrit un autre livre, "Guérir l'impossible", qui me tente beaucoup, il est présenté comme "une philosophie pour transformer nos souffrances en force", cela me parle beaucoup...

Un grand merci également à Babelio pour cette masse critique privilégiée et aux éditions Guy Trédaniel pour l'envoi de ce livre.

Le bruit est donc le moyen par lequel nous nous détachons d notre misère humaine afin d'exister dans un monde tout en étant ignorants de notre finitude. Vaut-il mieux profiter de la vie sans voir le temps passer ? Ou s'ennuyer terriblement dans notre chambre en comptant chaque minute qui s'écoule ?

Il existe une analogie entre l'oubli et le temps : être conscient du temps, c'est avant tout être conscient du tems qui passe. De même être conscient de l'oubli, c'est être conscient des souvenirs qui s'effacent.

Notre esprit a tendance à emprunter les chemins de pensée déjà bien tracés par les expériences passées, ce qui limite notre capacité à imaginer des possibilités qui s'écartent de ces chemins habituels.

L'ignorant n'est pas celui qui ne sait pas, mais celui qui croit savoir avec fermeté.

La logique a ses raisons que l'absurde ne peut concevoir.

Attendre, c'est s'ennuyer du temps qui passe, s'attendre, c'est s'ennuyer de ne pas le voir arriver maintenant, être joyeux, c'est en profiter pour créer dans l'ennui.

Le silence n'est pas simplement un évitement, mais plutôt un refuge, un havre de paix et de plénitude. Il est l'endroit où l'amour de la vie se mêle à l'amour de l'existence. Le silence est l'origine de toute mélodie, précédant chaque note et se dévoilant à chaque fin de phrase. Le silence, lorsqu'il est choisi, n'est plus source d'angoisse, mais devient la source d'une joie intangible.

La joie silencieuse n'est pas une force qui naît de certains événements, mais plutôt la puissance qui nous permet de traverser les épreuves de la vie. Il est bon de vivre, car la vie est difficile. Il est bon d'être joyeux, car la joie rend cette difficulté paisible.

La joie n'est pas l'aboutissement, mais bien l'origine. Elle ne se proclame pas à haute voix, elle se vit elle se ressent. Elle est l'expression véritable de la nature et du monde qui nous entoure.

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