Ce monde par-là l'océan de Laura Spence-Ash
Publié aux éditions de l'Archipel
Résumé :
Un sacrifice au nom de l’amour. Deux familles bouleversées à jamais…
Alors qu’en 1940 les bombes allemandes pleuvent sur Londres, Millie et Reginald Thompson, tous deux issus de la classe moyenne, prennent la décision déchirante d’envoyer leur fille unique de 11 ans en Amérique pour la protéger.
À Boston, Beatrix est accueillie par un couple aisé, Nancy et Ethan Gregory. Nancy, qui avait toujours rêvé d’avoir une fille, la traite comme ses propres enfants, William, 13 ans, et Gerald, de trois ans son cadet.
Quand vient la fin de la guerre, synonyme de retour en Angleterre, Beatrix parviendra-t-elle à trouver sa place dans ce pays qui lui est devenu étranger ? Pourra-t-elle oublier ce monde par-delà l’océan, d’autant qu’une idylle s’était nouée avec William ?
C’est sur une trentaine d’années le destin de Beatrix, femme écartelée entre deux pays, deux cultures, deux familles, que dessine Laura Spence-Ash dans ce roman polyphonique à l’écriture sensible, qui laisse la part belle à l’émotion.
À propos de l'autrice :
En 2023, la parution du premier roman de Laura Spence-Ash a été saluée par la critique. Publishers Weekly l’a placée sur sa liste des « 10 auteurs à suivre » de l’année. Traduit dans 8 pays, Ce monde par-delà l’océan a aussi conquis le public et s’est vendu aux États-Unis à plus de 120 000 exemplaires. L’autrice réside dans le New Jersey.
Mon Avis :
C'est le titre qui m'a tout de suite attirée. Il invite au voyage, il donne envie d'aller voir ce qu'il se passe par-delà l'océan. Je découvre en plus une nouvelle autrice et c'est toujours très intriguant de savoir si elle va réussir à me transporter dans son monde. Je peux déjà vous dire qu'elle y est très bien arrivé, j'ai passé un très bon moment, très dépaysant.
Ce roman prend sa source dans un fait réel que je ne connaissais pas beaucoup. Il s'agit pendant la seconde guerre mondiale, de l'envoi de jeunes gens britanniques dans des familles en Amérique afin d'assurer leur protection. Cette histoire va donc se passer sur deux continents et dans deux familles différentes, et en plus sur plusieurs années.
Tout commence donc en 1940, Beatrix a onze ans, elle vit chez ses parents à Londres, Millie et Reginald. La guerre fait rage, et pour protéger leur fille, ils décident de l'envoyer dans une famille à Boston. Beatrix arrive donc chez Nancy et Ethan Gregory et leurs deux fils William, treize ans, Gérald, dix ans. C'est une famille un peu plus aisée que celle de Beatrix, ils passent leur été sur une petite ile dans le Maine. Nancy est aux anges car elle rêvait d'avoir une fille. Beatrix va donc très vite faire partie de la famille et s'intègrera parfaitement. Elle noue tout de suite des liens très solides avec les parents et avec les deux garçons. Elle va donc vivre les cinq années de guerre avec une certaine insouciance. La fin de la guerre arrive et avec elle le retour à Londres, chez sa mère.
J'ai donc suivi ces deux familles sur plusieurs années. Le livre est d'ailleurs composé de trois parties principales. La première, ce sont les années de guerre entre 1940 et 1945 où l'on suit Beatrix chez sa nouvelle famille, sa recherche d'identité, son tiraillement entre sa famille de coeur et celle où elle est née. La deuxième partie correspond au mois d'août 1951, où Beatrix, à Londres, apprend une triste nouvelle. Elle n'est jamais retournée en Amérique. La troisième partie s'étale entre 1960 et 1965, un drame va venir tout remettre en question pour Beatrix, elle va retourner à Boston, elle va renouer des liens.
L'autrice parle avec beaucoup de sincérité et de sensibilité de ce sujet des enfants déracinés pendant cette guerre. Le désarroi des parents est terrible et se comprend aisément. Pour eux, le plus important est que leur enfant soit sain et sauf. Et on imagine aussi combien ils ont pu avoir peur que leur enfant ne revienne pas. Et en même temps, l'autrice nous montre aussi le désarroi de l'autre famille, celle qui reçoit, qui s'attache à l'enfant tout en sachant qu'il faudra la laisser repartir, en plus très loin. Elle nous montre aussi combien c'est compliqué pour l'enfant, Beatrix se sent tiraillée entre les deux familles, et elle gardera cette sensation tout au long de sa vie.
Je me suis beaucoup attachée à Beatrix, ainsi qu'aux deux familles. Les deux mères sont très attachantes, même si Millie m'a un peu plus agacée que Nancy. Les deux frères, William et Gérald, sont très attachants aussi. William a un comportement un peu plus étrange et énervant que Gérald, son adolescence est un peu plus compliquée que son frère. J'ai aussi beaucoup aimé les pères, qui prennent les décisions qui ne sont pas toujours simples et qui leur amènent les foudres de leurs épouses. Ce sont des personnages tous très intéressants, que l'autrice a très bien travaillé, ils sont marquants, ont des personnalités différentes, et j'ai adoré les suivre pendant toute leur histoire. On se doute d'un rapprochement sentimental entre Beatrix et l'un des garçons, mais la vie va en décider autrement. L'autrice ne ménage pas les lecteurs avec les drames qui ont lieu, je ne m'y attendais pas du tout. Comme la fin, je ne pensais pas arriver là. L'épilogue qui se passe en août 1977 clôt très bien le livre.
Le style de l'autrice est très bon, j'ai beaucoup aimé sa façon de transmettre les sentiments, de faire ressentir au lecteur tout ce que ses personnages vivent. Elle décrit également très bien les paysages, le temps pluvieux de Londres, l'effervescence de la ville, opposée au calme de l'île du Maine, de l'océan, de la vie à la campagne. Mon seul petit bémol irait à la construction qui m'a surprise. Il n'y a en effet aucun chapitre. Tout est construit sur les parties dont je vous parlais plus haut. À l'intérieur de celles-ci, les paragraphes donnent la parole à tous les personnages créant ainsi des sortes de sous-parties. Cela est perturbant au début de la lecture, surtout que j'ai l'habitude de m'arrêter à la fin d'un chapitre. Là, impossible de le faire. Par contre, c'est une construction intéressante pour avoir les points de vue de chaque personnage sur une même situation. C'est une autre façon de lire, à laquelle je me suis fait, et que j'ai au final apprécié.
C'est un premier roman pour l'autrice et je trouve que c'est une réussite. C'est très bien écrit, elle parle avec beaucoup de justesse des événements historiques, la seconde guerre mondiale, l'après-guerre et la reconstruction des pays, Martin Luther King et John Kennedy. Grâce à ce livre, on retrace l'histoire de toute une époque, d'un changement de civilisation, d'une avancée dans le modernisme. Et le tout avec des personnages très bien construits, avec beaucoup de densité et d'épaisseur. J'aime quand les auteurs montrent autant les qualités que les défauts.
J'ai passé un très bon moment avec ce livre, qui m'a également beaucoup touchée et émue. La première partie est un peu plus lente à lire, on fait connaissance avec les personnages. Ensuite, les autres parties ont été plus palpitantes et se sont lues très rapidement. J'ai beaucoup aimé cette histoire, et je pense que je ne l'oublierai pas de sitôt, tout comme les personnages d'ailleurs.
il ne me reste plus qu'à remercier Laura Spence-Ash pour ce très bon moment de lecture, et je remercie également Mylène des éditions de l'Archipel pour l'envoi de ce roman.
Ce monde par-delà l'océan | Laura Spence-Ash | L'Archipel
Ce monde par-delà l'océan, de Laura Spence-Ash (auteur). Le premier roman de Laura Spence-Ash, " une histoire captivante du début à la fin " (Julia Quinn, ...
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