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Marie-Nel lit

Les sentiers de neige de Kev Lambert

23 Octobre 2024 , Rédigé par Marie Nel

Les sentiers de neige de Kev Lambert

Publié aux éditions Le Nouvel Attila

 

 

Résumé :

 

C’est le dernier Noël avant la bascule vers l’âge des grands, le dernier Noël où l’on croit à toutes les magies. Zoey retrouve sa cousine Émie-Anne, avec laquelle il partage un pacte et une mission : sauver Skyd, un héros échappé de son jeu vidéo, qui semble en difficulté, et qui va les guider dans la résolution de leurs traumas.

Par haine des repas de famille, et hantise de la solitude, les deux cousins vont se chercher des alliés dans un monde où le doute affleure à chaque pas.

Après les succès de Querelle et de Que notre joie demeure, Kev Lambert nous entraîne dans un univers parallèle directement inspiré de ses lectures d’adolescence.

 

 

À propos de l'auteur :

 

Kev Lambert a 32 ans, et a grandi à Chicoutimi, au Canada. Titulaire d’un doctorat en création littéraire, très impliqué.e dans la scène artistique québécoise, Kev a été libraire et participe aux revues Liberté et Spirale, ainsi qu’à plusieurs émissions de Radio-Canada. Son dernier roman, Que notre joie demeure, a reçu le prix Médicis, le prix Décembre 2023 et le prix de la Page 111.

 

Mon Avis :

 

C'est la couverture et le titre qui m'ont attirée tout de suite. Je trouvais le sujet intéressant, j'avais entendu parler de Kevin Lambert lors de la sortie de son précédent roman, j'avais très envie de le découvrir.

L'histoire ressemble à un conte, pour enfants et adultes. Les personnages sont justement des enfants, ils sont au moment où l'enfance bascule vers l'adolescence, où l'on veut déjà être grand, faire comme les adultes, tout en gardant le monde de l'enfance et de ses légendes. On fait la connaissance de Zoey, un garçon de huit ans, ses parents viennent de se séparer, à l'école, il est la risée de certains de ses camarades. Lorsqu'il ressent un malaise, il rentre dans son monde, dans un univers en forme de dôme. Il rencontre un jour un personnage masqué, "Skyd", échappé du jeu Zelda. Zoey doit passer Noël dans la famille de son père. Il est content de retrouver sa cousine Émie-Anne, avec qui il s'entend très bien. Elle est un peu plus âgée que lui, il lui raconte sa rencontre avec le lutin masqué, et se sentent tous les deux investis de la mission de le sauver et de le libérer. Pendant que les adultes font la fête pendant ce réveillon, les enfants vont s'isoler pour mener l'enquête, et ils n'ont pas peur de prendre des risques.

J'ai oublié de mentionner que l'histoire se passe au Québec, d'où la neige au moment de Noël et le froid. Ce qui explique aussi le langage des personnages, avec lequel il a fallu un petit temps d'adaptation. Une fois habituée, j'ai trouvé les dialogues drôles, en tout cas ils amènent une bonne dose d'humour et ça fait du bien. Cela concerne essentiellement les dialogues entre les adultes. On trouve des "Câlice", des "Fuck de crisse", des pronoms qui disparaissent, d'autres qui se rajoutent, tout un champ lexical qui met une touche d'exotisme. J'avais l'impression d'entendre leur accent chantant. Le récit, quant à lui, est écrit normalement, et reste très compréhensible. Il est aussi très immersif, j'ai eu la sensation de faire partie de cette famille et de les voir évoluer.

L'auteur a réussi à se mettre à la place des enfants, à raconter leur point de vue. Il fait naviguer le lecteur dans un monde irréel, avec des ombres et des personnages abstraits, avec des lieux imaginaires, que seuls les enfants savent créer. On ne se rend pas compte de la chance que l'on a quand on est enfant de pouvoir se créer des mondes et surtout de croire en leur réalité. C'est une notion que l'on perd une fois adulte et pourtant on aimerait tellement être capable de le faire encore. L'auteur décrit très bien ce passage important de l'enfance à l'adolescence. Zoey et Émie-Anne savent que c'est leur dernier Noël avant de basculer dans l'autre monde, et quelque part, cela les affecte plus qu'ils ne le pensent. Ils sont très touchants, je me suis attachée à eux et j'ai retrouvé en eux une part de mon enfance. Ils portent en plus en eux un poids de culpabilité que leur fait ressentir les adultes, Zoey c'est celui de la séparation de ses parents, Émie-Anne celui de son adoption, se sentant ainsi rejetée. Chaque non-dit d'un adulte prend des conséquences énormes pour eux. 

Le thème de ce livre est vraiment fort. La lecture est dense, très rythmée, et parfois perturbante, comme peut l'être un enfant de 8 ans. J'ai eu parfois l'impression de me retrouver dans un jeu vidéo comme Zelda, avec des hauts et des bas, de l'accélération, du ralentissement. Le style d'écriture est parfois très clair, parfois plus difficile à comprendre. On peut passer d'une narration à l'autre, dans un même paragraphe, on passe du "il" au "je". Parfois aussi, Zoey est un garçon, d'autres fois, une fille, comme si l'auteur voulait rajouter une ambiguïté de plus. C'est parfois déstabilisant dans la lecture. Il y a aussi quelques longueurs dans le récit, surtout lors des passages dans le dôme, où j'avoue avoir lu un peu plus en diagonale. Mais tout cela ne m'a pas empêchée d'apprécier ce livre. Je suis très contente d'avoir découvert Kev Lambert, et je pense que je le lirai à nouveau, par curiosité, pour voir ce qu'il propose d'autre. 

Ce livre est une très bonne découverte pour moi. J'ai été agréablement surprise par ce que propose l'auteur, ça change de ce que j'ai l'habitude de lire, cela m'a fait sortir de ma zone de confort et c'est parfois une bonne chose. À noter la très jolie couverture du livre, réalisée sur un bandeau, qui est d'ailleurs réversible. Cela rend l'objet livre encore plus curieux.

Un grand merci aux éditions Le Nouvel Attila et à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre et son auteur. 

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