Embrasser mes étoiles de Carole Declercq

Publié aux éditions La Trace

Résumé :

"Je suis née Cosa Nostra. J’ai grandi Cosa Nostra. Je respire Cosa Nostra. Je pleure mon père sans ressentir la révolte légitime que je devrais ressentir contre Cosa Nostra. Parce que c’est inscrit dans notre sang. Nous sommes marqués du sceau de Cosa Nostra à la naissance.

Comme des bêtes à l'abattoir. En plein front. Mais nous seuls savons qu’il y a la marque, là, entre les deux yeux, comme une brûlure au fer rouge. Nous avons soin de ne la montrer à personne. Nous n’aurons donc droit à la compassion de personne au jour du Jugement dernier. »

À propos de l'autrice :

Carole Declercq est professeur de lettres dans le Nord-Isère. Elle écrit depuis 10 ans. Elle a obtenu en 2022 le prix Cezam pour son roman Les enfants d'Ulysse aux éditions La Trace.

Mon Avis :

Je connais Carole Declercq pour avoir lu sa saga des Désobéissantes, j'ai pu apprécier son style et sa façon de raconter une histoire. J'étais donc très contente de la retrouver avec ce nouveau roman dont le sujet m'a tout de suite intéressée.

Le personnage principal de ce livre, Rina Abadia, est inspiré d'un personnage ayant réellement existé, Rita Atria, une jeune fille sicilienne, issue d'une famille mafieuse. Dans un avant-propos, l'autrice nous explique s'être inspirée de sa courte vie, puisqu'elle s'est suicidée à l'âge de dix-sept ans, après avoir décidé de témoigner dans l'affaire du juge Borsellino. De savoir cela avant de commencer la lecture rend celle-ci encore plus émouvante, car je savais déjà que la vie de cette jeune fille allait s'arrêter très tôt. 

On fait la connaissance de Rina très tôt, elle a 6 ans en 1980. Elle vit dans un petit village du centre de la Sicile, avec ses parents et son grand frère Nino. À cet âge là, on ne comprend pas encore bien les choses des grands, Rina voue une admiration pour son père, et s'étonne de constater autant de décès autour d'elle. En grandissant, elle apprendra que son père fait partie de la mafia. Celui-ci est assassiné lorsque Rina a 11 ans. Son frère Nino décide de venger son père. Rina, elle, se confie dans un journal où elle écrit tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle entend. Elle ne reçoit pas d'affection de sa mère qui ne cache pas qu'elle ne voulait pas de Rina et qu'elle préfère son fils. Rina grandit, elle connait ses premiers émois amoureux, Nino se marie avec une jeune femme que Rina aime beaucoup. Un second drame va venir tout changer dans la vie de la jeune fille, et surtout va lui faire prendre une grande décision. Elle va confier tout ce qu'elle sait aux autorités. Mais elle se met en danger aussi, est reniée par sa mère, la peur s'immisce partout, sa vie va alors changer totalement.

Je me suis tout de suite très vite attachée à Rina. Déjà pour le personnage réel qu'elle représente, et puis surtout, pour sa personnalité. C'est une petite fille pleine de vie, intelligente, astucieuse, pleine de vie. J'ai tout de suite eu envie de la protéger, de l'aider. Sa mère est tellement dure avec elle, heureusement qu'elle a son frère et son père. J'ai aimé la voir grandir, s'épanouir, devenir une jeune fille avec des valeurs, et toujours aussi amoureuse de son île. Elle est hyper attachante, on a envie qu'il ne lui arrive que de belles choses. Aussi quand le destin la rattrape, on est triste, et elle est encore plus émouvante. 

J'ai aimé la façon dont l'autrice la fait se raconter. Elle a su se mélanger à elle, elle est devenue Rina le temps d'un roman. J'ai trouvé très fort la façon qu'a eu l'autrice de se mettre à la place d'une petite fille en parlant et pensant comme elle, et de grandir avec elle, en faisant évoluer le style. J'avais vraiment l'impression que c'était une petite fille qui me parlait. L'autrice s'est vraiment confondue en elle. Elle a a ainsi rendu le récit très intimiste et très profond. J'ai découvert la Sicile au travers des yeux de Rina, et ce qu'elle montre est vraiment très beau. Cela donne envie de voir ces paysages. 

J'ai à nouveau pu apprécier le style de l'autrice. Elle met beaucoup de poésie dans ses mots, dans ses phrases, rendant la lecture très agréable. L'attachement au personnage principal est renforcé par la narration à la première personne du singulier, ce qui fait que je me suis mise à la place de Rina, j'ai ressenti ses émotions au plus près, et certaines ont été très fortes. C'est écrit et ça se lit comme un journal intime, c'est encore plus immersif. Les descriptions sont belles, pleines de poésie également, ne prennent pas trop de place et se mêlent parfaitement au reste du texte. 

J'ai tout aimé dans ce livre. L'autrice nous montre tout, est franche, elle nous plonge dans ces villages de Sicile, ceux où les petits mafieux sont présents. Elle parle aussi des affaires plus importantes et connues, comme l'assassinat du juge Falcone, et toutes les conséquences que cela a pu entraîner dans la vie de Rina. 

J'ai eu un beau coup de coeur pour ce roman, pour Rina, pour sa vie, son histoire et pour la plume de Carole Declercq. Il y a de belles émotions, de l'amour, de l'amitié, mais aussi la mort, la douleur, le deuil. Des personnages beaux et forts, émouvants et très attachants. Je suis allée voir sur le net si je trouvais Rita Atria, et j'ai vu une photo d'elle, j'ai pu mettre une image sur son nom. J'étais triste de savoir qu'elle n'était plus de ce monde. Je trouve que ce livre est un très bel hommage qui lui est rendu, à elle, mais aussi à toutes les petites filles de mafieux. Je pense que je garderai longtemps en mémoire Rina. Et je vais continuer de suivre Carole Declercq, et je lirai son prochain roman avec plaisir. 

J'ai tellement aimé ce livre que je ne peux que vous conseiller la lecture et de faire connaissance avec Rina. Je suis sûre qu'elle vous émouvra autant qu'à moi. 

Il ne me reste plus qu'à remercier Carole Declercq pour ce très bon moment de lecture. Et un grand merci également aux éditions La Trace pour sa confiance en mon blog.

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