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Marie-Nel lit

L'idole de Vincent Delareux

22 Août 2024 , Rédigé par Marie Nel

L'idole de Vincent Delareux

Publié aux éditions de l'Archipel

 

 

Résumé :

 

1988. Après vingt-trois années de carrière à fouler les plus prestigieuses scènes du monde, la grande Séraphine, reine incontestée de la variété française, est lasse. Son époux vient de se suicider, tout comme son amie Dalida un an auparavant.
Son imprésario ne voit en elle qu’une poule aux œufs d’or. Son public, au fil des concerts, la dévore. À 47 ans, l’idole fatigue. Son désir ? En finir. Les plus grandes icônes ne sont-elles pas celles qui s’éclipsent à leur apogée ?
Armée d’une bouteille de whisky, Séraphine s’apprête à baisser le rideau. Quelques verres plus tard, elle perd connaissance, puis se réveille dans un sous-sol inconnu. Face à elle se dresse un homme. Fervent admirateur ou malfrat ? L’homme est en tout cas des plus inquiétants. Commence alors un séjour sous terre qui pourrait faire voler l’existence de la diva en éclats…

 

 

À propos de l'auteur :

 

Après des études littéraires à Paris, Vincent Delareux s’installe en Normandie. À 22 ans, il signe Le Cas Victor Sommer (L’Archipel, 2022), premier roman salué par Amélie Nothomb et finaliste du prix de la Vocation. Suivent Les Pyromanes (L’Archipel, 2023), qui nous plongent dans l’abîme des passions humaines. Avec L’Idole, l’auteur prend de la hauteur pour fouiller les cieux et questionner le divin.

 

 

Mon Avis :

 

Vincent Delareux est un auteur que j'ai découvert l'année dernière avec Le Cas Victor Sommer, son premier roman, et son second, Les Pyromanes. J'ai pu y apprécier son style et sa façon de mener une intrigue. J'ai pris donc plaisir à le retrouver cette année avec son nouveau roman, différent des deux autres, un peu inclassable, mais tout aussi plaisant. 

On est en 1988, la date est importante par rapport aux avancées technologiques. J'ai fait la connaissance de Séraphine, c'est une star, une chanteuse de 46 ans. Cela fait vingt-trois ans qu'elle arpente les scènes, qu'elle se produit dans ses robes jaunes (d'où la couleur du roman). Elle est veuve depuis peu, son mari s'est suicidé. Elle est dans sa loge ce soir là, et apprend par son impresario que la tombe de son mari a été vandalisée. Séraphine est dévastée, en a marre, se noie dans l'alcool avec une grande envie de se suicider, comme son amie Dalida l'a fait un an plus tôt. Elle perd connaissance, et se réveille plus tard dans un endroit sombre, comme une cave, avec devant elle deux yeux, dont un en verre, qui la fixent. Que lui veut cet homme, qui se trouve être un fervent admirateur de la chanteuse, qui la suit depuis des années, qui connait tout d'elle. Va alors s'installer entre eux deux un dialogue, un jeu du chat et de la souris, qui va bouleverser Séraphine. 

Tout le roman se passe essentiellement dans cette pièce d'un sous-sol, on ne connait pas l'endroit, aucun renseignement n'est donné. Il va s'agir d'un huis clos entre ces deux personnages opposés et qui, pourtant, ont des similitudes. Séraphine va se raconter à cet homme, prénommé Salvator. Elle va surtout essayer de démonter cette idolâtrie qu'il a vis-à-vis d'elle, lui prouver qu'elle est une femme comme une autre, avec ses failles, avec ses doutes, ses peurs. Elle n'est pas cette déesse qu'il aimerait qu'elle soit. La vie ne l'a pas épargnée, elle raconte sa vraie vie, qui est tout à fait opposée à ce que son impresario a inventé pour construire le personnage. Elle parle de son enfance qui a été bien plus riche que ce qui est laissé croire, sa rencontre avec cet impresario justement, et comment il l'a fabriquée, point par point, elle parle aussi de son mari, de sa vie de femme. En face, son ravisseur n'en revient pas, et ne veut pas entendre ce qu'elle raconte. Elle, elle essaie d'en savoir plus sur lui, mais il ne se dévoile pas. 

Un suspense latent s'installe, j'ai essayé de deviner ce qu'il se passait réellement, j'ai émis plusieurs hypothèses sur la situation, sur les personnages, sur leur identité. J'ai surement trop imaginé aussi car tout est bien plus simple que cela, mais chut.. Au travers de Séraphine, on en apprend un peu plus sur le monde du spectacle, sur les personnes qui gravitent autour des stars, pas toujours bien attentionnées. Bien sur, j'avais déjà lu des articles et je connaissais plus ou moins, mais j'ai pris plaisir à redécouvrir ici. 

Dans ce livre, j'ai surtout apprécié la forme originale. Comme je le disais plus haut, tout est construit sous la forme d'un dialogue, autour de deux personnages. Cela ressemble bien souvent à une joute verbale, où chacun des deux protagonistes s'envoient des répliques plus ou moins corsées. Donc, à part le dialogue, peu de choses, pas de descriptions, cela amène beaucoup de vivacité à la lecture, on assiste à une sorte de duel. Je me suis attachée à Séraphine, pendant toute ma lecture, je l'imaginais avec les traits de Dalida. Cela m'a fait sourire lorsque Séraphine parle d'elle comme une amie. J'ai aussi eu dans la tête la chanson "Mourir sur scène" en pensant à la chanteuse. Pour Salvator, mes sentiments sont plus complexes. Il est assez déroutant, et a sur la fin, des comportements vraiment très bizarres. En apprenant son identité à la fin, j'ai mieux compris le rôle qu'il jouait. 

Cette fin justement, parlons-en. Elle ne vous donnera pas toutes les réponses, elle vous laissera encore dans le flou. Moi, cela ne m'a pas déplu, c'est une fin ouverte, où chacun aura son point de vue selon son ressenti de lecture. Je ne peux rien dire de plus, mais c'était une de mes hypothèses, même si je n'avais pas tout trouvé. Je ne m'attendais pas au bond dans le temps, par exemple.

Le livre est construit sous forme de journal, avec sept jours, et est mené tout de même avec un certain suspense. La question de savoir comment cela va se finir reste omniprésente tout le long, et donne envie de lire plus vite pour savoir. Le livre étant court, moins de deux cent pages, il se lit très vite. Il se suffit à lui-même, plus de pages aurait été superflu et aurait été trop redondant. J'ai passé un bon moment avec ce livre, parfois sombre, parfois plus lumineux, parfois lugubre, parfois drôle. La petite phrase d'Amélie Nothomb sur le bandeau, "Alerte, vivant, plein d'esprit" est juste, l'écriture de Vincent Delareux me fait d'ailleurs parfois penser à celle d'Amélie Nothomb. 

J'ai passé un bon moment avec ce livre. Il me donne encore plus envie de suivre l'auteur, il est assez inattendu et déroutant, et je me demande bien ce que sera sa prochaine histoire et où il va m'emmener. J'ai pu apprécier à nouveau son style et sa plume, et je ne peux que vous encourager à le lire. Je garderai un bon souvenir de cette Séraphine.

Il ne me reste plus qu'à remercier Vincent Delareux pour ce moment hors du temps passé avec son livre. Et un grand merci à Mylène des éditions de l'Archipel pour l'envoi de ce roman. 

Qu'est ce que la vérité ? Une erreur de parcours. Un secret qui n'a pas su se tenir.

On peut s'accrocher à une mère même si elle ne vous aime pas, mais que reste-t-il quand cette mère s'en va ? La mère, c'est la terre. Quand la mère s'éclipse, la terre se dérobe : ça va de pair.

Le néant n'existe pas, puisque le rien, c'est déjà quelque chose. Affirmer qu'il y a du vide, c'est affirmer que le vide est une réalité, et puisque c'est une réalité, alors le code n'est pas rien.

L'idole se donnait pour être admirée ; la foule idolâtrait pour se sentir grandie. Au bout du compte, on n'ouvrait guère que pour soi.

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