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Marie-Nel lit

Colère chronique de Louise Oligny

25 Juillet 2024 , Rédigé par Marie Nel

Publié aux éditions du Livre de Poche 

 

 

Résumé :

 

« C’est grave. Je ne peux pas me réjouir de la mort de quelqu’un. Faut que j’arrête de rire comme une malade. C’est nerveux. Parce que, dans le fond, je suis peut-être responsable. C’est ma faute… Ou peut-être pas… Juste un malencontreux hasard. » 10 juin 2019. Dufaye, directeur de la rédaction du magazine La Chronique Hebdo, est victime d’un attentat. Quand Diane apprend la nouvelle, elle est submergée par l’angoisse. À moins que ce ne soit de la joie ? Cette photoreporter, licenciée abusivement quelques mois plus tôt par Dufaye en personne, ne saurait exactement le dire. Tout comme elle ne saurait affirmer avec certitude qu’elle n’est pour rien dans cet homicide. Alcool et anxiolytiques faisant rarement bon ménage, elle va devoir mettre ses idées au clair pour démêler les fils de cette étrange affaire.

 

 

À propos de l'autrice :

 

 

Louise Oligny est une photographe née au Québec qui vit en France depuis 1989. Elle a travaillé pour la presse et produit de nombreux projets artistiques, associant photographie, vidéo et musique. Elle mène à la Maison des femmes de Saint-Denis depuis 2017 (et depuis 2021 à l'unité Casavia de l'hôpital La Pitié-Salpêtrière) des ateliers d'estime de soi auprès des femmes victimes de violences avec l'autrice-dessinatrice Clémentine du Pontavice. Elle est l'autrice d'un premier roman, Colère chronique (Black Lab, 2023 ; Le Livre de Poche 2024), et de Réparer l'intime, qui témoigne de sa résidence à la Maison des femmes de Saint-Denis. Son travail "Debout les reines" a été exposé sur les grilles de la basilique Saint-Denis en 2023.

 

 

Mon Avis :

 

J'ai lu ce livre dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche pour lequel il est sélectionné en juillet dans la catégorie Polar. Je ne connaissais pas du tout ce roman avant de le recevoir pour le Prix et je suis très contente de cette découverte.

La colère, c'est celle que ressent Diane Choinière, la cinquantaine, quand elle apprend que son patron veut lui diviser par trois son salaire. Diane est photographe au journal Chronique Hebdo depuis plusieurs années, et voit ses missions diminuer en représailles de son refus de diminution de salaire. Diane va sombrer dans une sorte de dépression, elle nourrit une colère contre son journal et ses dirigeants. L'alliance des antidépresseurs et de l'alcool ne fait pas bon ménage, et Diane le paye lourdement, elle a des absences, se réveille après des moments où elle ne se souvient de rien. Et justement, pendant ces temps de déconnexion totale, différents membres du personnel du journal sont retrouvés morts, des suicides étranges, des meurtres incongrus. Diane apprend ces décès en revenant à elle, s'en réjouit bien sûr, mais les soupçons vont vite peser sur elle, car comment expliquer que ceux qu'elle menace meurent peu de temps après. Diane doute aussi d'elle-même...

Diane est un personnage incroyable. L'autrice l'a vraiment très bien travaillée. Elle a construit un personnage féminin déjanté, drôle, forte et en même temps hyper fragile. On la voit sombrer, et en même temps, elle garde une force inimaginable pour ne pas se laisser abattre entièrement et pour remonter la pente. Elle est finalement hyper attachante et, plus j'avançais dans ma lecture, plus j'avais envie qu'elle s'en sorte. J'ai énormément douté, me demandant bien souvent si elle était coupable. Je n'avais pas envie, mais ses nombreuses absences font penser qu'elle en est tout à fait capable. Elle trouvera des personnes qui vont l'aider à y voir plus clair, mais elle est tellement imprévisible qu'elle en est effrayante. 

C'est un personnage singulier et difficilement oubliable. J'ai beaucoup aimé le ton un peu décalé que l'autrice donne à son héroïne, l'humour qu'elle met dans les réflexions ou les situations allègent une ambiance rendue lourde par les meurtres. Je dois bien avouer que j'ai été un peu décontenancée au début. Je ne voyais pas pourquoi ce livre faisait partie de la catégorie Polar, il n'y a pas vraiment d'enquête, cela me faisait plus penser à un fait de société. Mais je ne peux pas nier que le suspense prend de plus en plus de place, le questionnement aussi, et là le polar prend son sens. En même temps, l'autrice véhicule au travers de Diane et de sa situation, des messages importants sur le travail, avec l'abus de pouvoir de certains, l'humiliation ressentie parfois. J'ai trouvé le ton très juste sur ce sujet.

J'ai beaucoup aimé le style de l'autrice. Il est très fluide, et se laisse lire sans problème. Le choix narratif à la première personne du singulier est plutôt bien trouvé. C'est encore plus immersif, je me suis retrouvée dans la peau et la tête de Diane, ressentant ainsi le moindre sentiment, et cela l'a rendue encore plus attachante et humaine. L'intrigue est bien menée même si elle ne commence véritablement qu'à la moitié du livre. Les chapitres courts donnent du rythme à la lecture, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Je n'ai rien vu venir des révélations finales. J'ai vraiment vécu aux côtés de Diane tout le long du livre, partageant cette colère qui l'aveugle, j'avais envie de l'aider, l'autrice l'a rendue très réelle.

J'ai passé un bon moment avec ce livre, partagée entre diverses émotions. La lecture a été fluide et rapide. C'est un premier roman pour l'autrice et c'est une réussite. Je serais ravie de la lire à nouveau. Je ne peux que vous conseiller de partir à la rencontre de Diane, vous verrez, elle ne pourra pas vous laisser indifférente. 

Il ne me reste plus qu'à remercier Louise Oligny pour ce très bon moment de lecture. Et je remercie également le Livre de Poche qui me permet de faire de belles découvertes grâce au Prix des Lecteurs.

 

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