Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marie-Nel lit

Mon cœur a déménagé de Michel Bussi

9 Juin 2024 , Rédigé par Marie Nel

Mon cœur a déménagé de Michel Bussi

Publié aux éditions Les Presses de la Cité

 

 

Résumé :

 

"Papa a tué maman." Rouen, avril 1983. Ophélie a – presque – tout vu, du haut de ses sept ans. Mais son père n'est pas le seul coupable. Un autre homme aurait pu sauver sa mère.

Dès lors, Ophélie n'aura plus qu'un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu'à la vérité. Et, patiemment, accomplir sa vengeance... Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de la vie d'Ophélie sera marquée par sa quête obsessionnelle et bouleversante.

Dans une intrigue qui mêle roman d'amour et d'amitiés, récit initiatique et manipulations, Michel Bussi dessine aussi une fresque sociale inédite des années 1990 avec ce nouveau thriller.

 

 

À propos de l'auteur :

 

 

Michel Bussi est né le 29 avril 1965, à Louviers, en Normandie.

17 romans parus aux Presses de la Cité, 12 millions de livres vendus, en France et dans 38 pays.

À quarante ans, en 2006, géographe universitaire de renom, il publie son premier roman, Code Lupin. Mais c’est Nymphéas noirs, polar le plus primé en 2011, et aujourd’hui un classique, qui le fait remarquer par un large public. Il atteint en quelques années le podium des auteurs préférés des Français, revisitant à sa façon le polar.

Consacré par le prix Maison de la Presse pour Un avion sans elle en 2012, il a reçu depuis de nombreuses récompenses.

Si le romancier se distingue par son art du twist, cette signature si originale, par ses personnages incarnés et la passionnante récurrence de ses thèmes, il pose aussi sur la société un regard juste, personnel, profond. Et sans jamais oublier l’humour, il sait partager avec ses lecteurs le plaisir de la culture populaire, notamment musicale.

 

 

Mon Avis :

 

 

 

On ne présente plus Michel Bussi, c'est un auteur que j'aime lire, je sais déjà que je vais passer un bon moment même avant d'avoir commencé le livre. Il sait mener une intrigue, avec des révélations parfois et même souvent inattendues, qui me laissent à chaque fois pantoise. Et ce fut le cas encore cette fois-ci avec ce nouveau roman. 

J'ai fait la connaissance d'Ophélie. Au début du livre, elle a sept ans. Elle vit avec ses parents, dans un quartier de Rouen, son père est violent et alcoolique, et il tape souvent sa mère quand il veut de l'argent pour acheter son alcool. Ce soir là, c'est le soir de trop. La mère de la petite fille appelle Richard Vidame, de l'assistance sociale, à l'aide, mais celui-ci ne répond pas, elle sait que son mari va rentrer et la taper, elle n'a plus d'argent à lui donner et cela va le mettre en rage. Elle s'enfuit à l'arrivée de son mari, mais elle sera retrouvée morte sur la route. Le père courait après, l'a-t-il poussée en haut du pont, est-elle tombée seule ? Il sera arrêté, jugé coupable et mis en prison, même s'il ne se souvient de rien. Ophélie a assisté à tout cela, et elle va se retrouver prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance et vivra dans un foyer. Là, elle va y rencontrer NIna, une autre petite fille, et va nouer un lien privilégié avec Béné, une des femmes qui s'occupe des enfants. Ophélie ne garde que son livre de contes Rouge et Or, et n'aura qu'une seule pensée, c'est venger sa mère. Et dans sa petite tête d'enfant, l'autre coupable, hormis son père, c'est ce Vidame qui n'a pas répondu à sa mère, qui n'est pas venu, alors que cela aurait pu tout changer.... Elle ne va avoir de cesse de vouloir retrouver ceux qui auraient pu assister à la scène, elle a mémorisé toutes les fenêtres encore allumées dans l'immeuble quand elle est sortie. 

On va suivre ainsi Ophélie sur plusieurs années, de 1989 à 1999, dans trois parties. La première en 1989, la seconde en 1995, Ophélie a 13 ans et rentre au collège, et la troisième en 1999, à la sortie du lycée. Elle va tenter des choses, contacter des personnes qui peuvent l'aider, toujours pour chercher la vérité. Et elle sera toujours accompagnée de Nina, celle-ci la suit partout, la soutient, prend des risques aussi. L'amitié entre ces deux jeunes filles est si belle. Béné aussi restera présente pour Ophélie et fera tout ce qu'elle peut pour la soutenir et la défendre. Et il va lui falloir aussi beaucoup de patience, car Ophélie reste persuadée que Vidame est pour quelque chose dans la mort de sa mère, et elle va chercher à tout prix à s'immiscer dans la famille de l'assistant social pour mieux l'atteindre.

J'ai beaucoup aimé suivre Ophélie dans sa quête de vengeance et de vérité. Je me suis très vite attachée à elle, j'ai très vite voulu la protéger. C'est très ambivalent comme sentiment envers elle. À la fois, j'avais envie de l'aider, et en même temps, sa noirceur me donnait envie de réagir. Mais je comprenais son sentiment de vengeance, surtout lorsqu'elle voyait la réussite de ceux qui pourraient être responsable de la mort de sa mère. Cette vengeance l'aveugle petit à petit, et devient obsessionnelle. L'auteur a très bien construit ce personnage. Et c'est très appréciable de trouver aux côtés de celui-ci deux autres plus lumineux, comme Nina et Béné. On apprend peu de choses sur elles deux, sur leur histoire personnelle, elles sont juste là pour Ophélie et c'est déjà beaucoup. Les personnages masculins sont eux aussi présents, mais je n'en parlerais pas de trop pour ne pas spoiler. 

Bien sûr, le talent d'écriture de Michel Bussi magnifie cette vengeance. Le style est toujours aussi bon. Les pages se tournent vite, car je voulais savoir ce qui allait arriver. Les chapitres sont courts et s'enchaînent très bien. Ce qui est à noter de particulier et que je rencontre très peu dans mes lectures, c'est la narration. Celle-ci est double, à la première personne du singulier puisque c'est Ophélie qui parle et raconte, et à la seconde personne du singulier, car Ophélie s'adresse à chaque fois à une personne en particulier. À chaque chapitre, elle parle à une nouvelle personne en employant le "tu". À Nina, à Béné, et aux autres. J'ai trouvé cette façon de faire encore plus intimiste, je me suis retrouvée dans la peau d'Ophélie et je parlais à quelqu'un. C'est parfois même très troublant. En tout cas, cela m'a permis de ressentir tous les sentiments qui traversent le personnage et de mieux la comprendre. 

L'auteur parle avec justesse de beaucoup de sujets au travers de ses personnages, la violence, l'aide apportée aux personnes violentées, le système social qui est parfois défaillant, la famille, l'amitié. Celle-ci est très forte et  salvatrice. Il a planté le décor dans cette Normandie qu'il aime tant. Et l'a situé dans les années 90, et j'ai trouvé cela très intéressant. La vie était différente, pas d'internet, ou tout au moins les balbutiements, pas de téléphone portable, pas de réseau social. Au contraire, il y avait encore des cassettes, le minitel, les moyens de communication étaient tout autre. J'ai bien connu cette période, et s'en rappeler grâce à ce livre est troublant, surtout se rendre compte que l'on vivait aussi bien avant tout cela. Même si au niveau des enquêtes, les progrès ont permis de faciliter les choses. 

J'ai passé à nouveau un très bon moment avec ce livre que je vous recommande. Si vous aimez Michel Bussi et avez lu ses précédents romans, ce nouveau ne vous décevra pas. Je suis très contente de l'avoir retrouvé. La fin est bien amenée, l'auteur a bien embrouillé mon esprit tout au long des pages pour me surprendre encore au final. J'ai eu des soupçons, des doutes, je pensais avoir trouvé, et puis en fait non, et finalement si. C'est impressionnant les revirements de positions au fil de la lecture, et c'est ce qui fait les livres de Michel Bussi. 

Je pense que je me souviendrai longtemps de ce roman et de l'histoire d'Ophélie, qui n'est pas si banale. Rendez-vous l'année prochaine pour le nouveau de l'auteur. J'ai encore certains de ses précédents à découvrir, de quoi passer encore de bons moments de lecture !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article