La danse des fauves de Catherine Delors
Publié aux éditions Jeanne et Juliette
Résumé :
Auvergne, 1780. Le jour de ses seize ans, Yolande Raynal est brutalement chassée de la maison paternelle par la faute de son frère. Recueillie par une tante à Paris, elle fait la connaissance d’un jeune chirurgien, Paul Tournay, qui s’éprend d’elle. C’est une union inespérée pour elle, à laquelle elle ne se résoudra pas sans appréhension.
Les années passent, la Révolution éclate, la France rêve d’une société nouvelle tandis que Yolande cherche à s’affranchir du carcan de son mariage. Déchirée entre l`amour passionné qu`elle voue à son fils et sa liaison avec la marquise de Préval, elle se lance dans une quête périlleuse des secrets de son passé, liés à l’affaire de la Bête du Gévaudan. À Paris, l`utopie vire à la violence après la fuite de Varennes. Yolande, pour conquérir sa liberté, doit maintenant affronter les fauves qui l’entourent. Et ils ne sont pas toujours ceux que l’on imagine.
À propos de l'autrice :
Passionnée d'histoire, Catherine Delors est une avocate franco-américaine.
Elle passe son enfance dans le Carladès dont les lieux et les personnages serviront de base à son premier roman historique, genre qu'elle a aimé avec la lecture de Jeanne Bourin, originaire comme elle de Vic-sur-Cère.
Après des études de droit à l'Université de Paris, elle est reçue la plus jeune avocate au barreau de Paris à l'âge de 21 ans. Elle va ensuite s'établir aux États-Unis où elle exerce la profession d'avocate.
Admiratrice d'Honoré de Balzac, de Gustave Flaubert, et Guy de Maupassant, elle découvre Jane Austen, Boris Pasternak, Emily Brontë.
Son premier roman "Gabrielle ou les infortunes de la vertu" est paru aux Etats-Unis sous le titre "Mistress of the Révolution" a rencontre un grand succès.
Elle vit entre Los-Angeles et Paris.
Mon Avis :
Si vous me suivez régulièrement, vous devez savoir que j'affectionne les romans historiques. J'aime quand mes lectures me divertissent avec l'histoire de personnages fictifs, et que celle-ci soit en plus basé sur des fonds où l'Histoire avec un grand H a toute sa place. C'est très instructif, et permet de découvrir ou redécouvrir de nouveaux faits. Cela va être le cas avec ce roman de Catherine Delors que je ne connaissais pas du tout avant d'avoir ce livre. Je suis partie à la découverte de cette autrice avec grand plaisir, en plus, le livre est très beau en tant qu'objet.
Ce roman m'a emmenée au XVIIIème siècle, en 1780 plus précisément, et ce sur plus d'une dizaine d'années. J'ai fait la connaissance de Yolande Raynal au moment de ses seize ans. Elle vit chez ses parents avec son frère et sa soeur. Elle est maltraitée par son père, et son frère lui en fait voir de toutes les couleurs, mais est toujours soutenu par le patriarche. Après une énième bêtise de ce frère, c'est Yolande qui est une fois encore punie, mais cette fois-ci la punition sera très sévère puisque son père la chasse de la maison. Elle se prédestinait à rentrer au couvent, mais même cela, son père lui refuse. Il l'envoie chez sa tante Sophie à Paris, la soeur de sa mère, avec pour ordre de ne jamais remettre les pieds chez ses parents. Elle part avec deux fois rien dans ses bagages. Heureusement, elle s'entend très bien avec sa tante. Lors de l'une de leurs promenades aux Tuileries, elle rencontre Paul Tournay, un chirurgien de vingt-huit ans. Il s'éprend très vite de Yolande. Elle n'y connait rien à l'amour ni aux hommes. Lorsqu'il lui demande sa main, elle tombe de haut. C'est inespéré pour elle, cela lui permettrait de se sortir de sa situation. Et puis, il lui plait aussi. Mais elle a peur des hommes, pour elle, ils sont tous comme son père, tyranniques et brutaux. Comment cela va-t-il se passer avec Paul ? La vie ne va pas s'avérer facile pour Yolande. Après l'amour fou des débuts du mariage, la routine s'installe, et Paul change. Yolande en est très triste.
Je ne peux vous en révéler plus, j'ai déjà trouvé que le résumé en disait de trop et révélait à peu près tous les éléments importants du livre. Le livre est séparé en deux parties, la première passe très vite, la seconde est un peu plus lente. On va découvrir petit à petit la vraie mentalité de Paul. Et plus je le découvrais, moins je l'aimais. Je n'arrêtais pas de me dire que j'étais contente d'être née au XXème siècle, que je n'aurais pas du tout aimé être une femme de l'époque de Yolande. Elles étaient considérées comme des moins que rien, n'avaient pas le droit de parole, subissaient les volontés de leurs maris, les contrats de mariage étaient faits pour qu'elles n'aient rien du tout, même en cas de veuvage. Et si elles trompaient leurs maris, c'était une punition encore bien pire. C'est horrifiant ce que ces femmes ont pu vivre. J'ai apprécié que l'autrice montre tout cela, j'ai lu beaucoup de romans se passant à cette époque où tout était beaucoup trop enjolivé.
L'autrice a également été d'une très grande précision sur le côté historique, avec la révolution qui a lieu, la fuite du roi Louis XVI, la façon dont il était considéré, ainsi que son épouse, la noblesse qui a peur. J'ai trouvé tout cela très intéressant de voir la révolution du côté de ceux qui avaient de l'argent et des terres. Vont venir s'ajouter également d'autres événements se passant en Auvergne à cette époque, qui ont marqué l'histoire et qui ont créé une immense légende. L'autrice a fait un travail de recherche considérable qu'elle nous explique dans une note à la fin. Elle a passé des heures et des jours dans des archives ou dans la correspondance de Voltaire, elle s'est même rendue à son château. Tout cela se ressent dans son récit, qui est d'une très grande précision et très riche en informations. J'ai appris plein de détails que je ne connaissais pas et j'en suis ravie.
J'ai aussi beaucoup aimé le style de Catherine Delors, la délicatesse de sa plume, la fluidité des phrases. Le livre se lit tout seul, l'autrice a su m'embarquer dès les premières lignes, capter mon attention pour ne jamais la lâcher. J'avais tellement envie de savoir ce qui allait se passer pour Yolande que j'avais envie de lire plus vite. Et en même temps, j'avais envie de déguster ce livre et ne pas le quitter tout de suite. Je me suis beaucoup attachée à Yolande, j'avais envie de la protéger, de l'aider. Je l'ai considérée comme une amie que j'ai été triste de quitter. La narration à la troisième personne permet de garder une certaine distance avec les personnages qui n'est pas négligeable, cela permet de ne pas trop se prendre les sentiments de plein fouet. Parce que l'autrice les décrit déjà tellement bien, que je n'ai pas pu faire autrement que les ressentir. Je ne savais plus quoi penser de certains personnages, et de Paul en particulier. Parfois, je lui trouvais des excuses, son éducation très rude a fait l'homme qu'il est devenue par la suite. Mais il est bien souvent détestable. C'est vrai aussi qu'il faut tout remettre dans le contexte historique, ce sont des choses difficiles à comprendre à notre époque actuelle.
J'ai passé un très bon moment avec ce roman. Je suis très contente d'avoir découvert Catherine Delors, que j'aimerais beaucoup lire à nouveau. J'ai peut-être trouvé que tout se précipitait un peu à la fin, mais cela ne m'a pas du tout empêchée d'apprécier cette histoire dans sa globalité. Si vous aimez les romans historiques, vous serez comblés avec ce roman, qui parle de plusieurs faits de société de cette époque trouble. J'ai vu que l'autrice avait écrit deux autres romans avant celui-ci qui se passent à peu près à la même époque, je les note dans ma wishlist, j'aimerais beaucoup les lire.
Je ne peux que vous recommander ce roman et cette autrice. De belles heures de lecture garanties avec Yolande, un personnage féminin fort, qui ne se laisse pas faire, malgré tout ce qu'on lui impose.
Il ne me reste plus qu'à remercier Catherine Delors pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. Un grand merci également aux éditions Jeanne et Juliette et à Virginie en particulier, pour l'envoi de ce roman.