Billy Summers de Stephen King

Publié aux éditions Albin Michel

Résumé :

L'histoire d'un type bien...qui fait un sale boulot.

Billy Summers est un tueur à gages, le meilleur de sa profession, mais il n'accepte de liquider que les salauds. Aujourd'hui, Billy veut décrocher. Avant cela, seul dans sa chambre, il se prépare pour sa dernière mission...

À la fois thriller, récit de guerre, road trip et déclaration d'amour à l'Amérique des petites villes, Billy Summers est l'un des romans les plus surprenants dans l'oeuvre de Stephen King, qui y a mis tout son génie et son humanité.

À propos de l'auteur :

Stephen King est l'auteur de plus de cinquante livres, tous best-sellers d'entre eux à travers le monde. Parmi ses plus récentes sont les romans La Tour Sombre, Cell, Du Hearts Buick 8, Everything's Eventual, en Atlantide, La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, et Sac d'os. Son livre documentaire acclamé, sur l'écriture, a également été un best-seller. Il est le récipiendaire de la Médaille nationale de 2003 Réservez Fondation pour contribution exceptionnelle aux lettres américaines. Il vit à Bangor, Maine, avec son épouse, la romancière Tabitha King.

Mon Avis :

Stephen King est un auteur que j'ai très peu lu. Je l'avais découvert avec La ligne verte, j'ai lu Sac d'os et Dreamcatcher, que j'avais plutôt apprécié. J'ai voulu en lire d'autres, genre Carrie ou de ce style, mais j'ai abandonné ma lecture. Je n'ai pas supporté le côté horrifique, surnaturel, ça me génèrait trop de stress et de cauchemars. Je n'avais donc pas prêté attention plus que cela à la sortie de Billy Summers, j'avais rangé Stephen King dans la case de l'horrible, et j'avais vraiment tort. Comme quoi, ce n'est pas toujours bon de cataloguer les gens, je serais passé à côté de ce roman qui m'a beaucoup plu. 

C'est un bon gros pavé de plus de 500 pages, mais, honnêtement, malgré quelques longueurs par ci par là, je n'ai pas vu passer le temps tellement j'étais prise dans l'histoire. L'histoire justement, c'est celle de Billy Summers, d'où le titre. Il a la quarantaine, il est un ancien tireur d'élite, vétéran de la guerre d'Irak où il était sniper. Après l'armée, il est devenu tueur à gages. Mais attention, il ne tue que des méchants, il ne s'en prend jamais à des innocents. Les personnes qu'il a tuées sont toutes coupables de faits très graves. Et ce sera aussi le cas avec ce dernier contrat qu'il accepte. Il avait décidé d'arrêter, mais accepte tout de même car il y a une grosse somme à la clé qui lui permettrait de vivre une retraite paisible et à l'abri de tout. Et en plus, le type qu'il doit tuer est un méchant pur et dur, un assassin qui doit être bientôt jugé. Celui qui l'emploie a tout prévu, sa planque, sa double identité, son travail de camouflage, le bureau où il travaille qui se trouve justement en face du tribunal où il doit tuer le meurtrier quand il arrivera pour son jugement. Billy va donc devenir un écrivain, qui est en plein travail d'écriture de son nouveau roman. Billy s'installe dans cette nouvelle vie par procuration, dans un quartier de banlieue tranquille, avec des voisins sympas, et dans son bureau avec des collègues tout aussi sympas. L'attente va durer un petit moment car il faut attendre la date du jugement encore inconnue. Ce temps va permettre à Billy de passer auprès des autres pour quelqu'un de banal. Bien sûr, tout ne va pas se passer exactement comme prévu. 

Car, par exemple, Billy n'avait pas prévu de s'attacher émotionnellement à ses voisins, il joue avec les enfants, tout le monde l'apprécie même ses voisins de bureau. Billy sait qu'il va les faire souffrir quand ils découvriront qui il est vraiment si il arrive à mener à bien son contrat. Il se fait passer pour un idiot de temps en temps mais il est en fait très intelligent, il a prévu une planque de secours, il n'a pas tellement confiance en ses employeurs. Je l'ai ainsi suivi pendant sa phase de préparation, j'ai trouvé cette partie très intéressante, tout est finement décortiqué, Billy n'est pas un simple tueur, il est devenu une autre personne attachante. On suit la réalisation de son contrat, puis sa planque et sa cavale. Et à ce moment là, se rajoute un autre élement que je tairais mais qui apporte une autre dimension à l'histoire de Billy. Ce n'est pas l'envie qui me manque de parler, mais ce serait dommage de trop en révéler. Car c'est très surprenant. Je ne m'attendais pas à prendre ce chemin. Et j'ai beaucoup aimé.

Ce qui est surtout étonnant et épatant, c'est que Stephen King a rendu son personnage très attachant. Et c'est quand même dingue de se rendre compte qu'on s'attache à un tueur à gages. Le fait qu'il le fasse que vers des personnes mauvaises est-il une circonstance atténuante ? Je ne sais pas trop. C'est surtout, à mon avis, grâce à la façon qu'a eu l'auteur de dépeindre son personnage et de passer du temps avec Billy avant la réalisation du contrat, qui arrive à peu près à la moitié du livre. Donc on passe un peu plus de deux cent pages à vivre quotidiennement avec Billy et forcément on s'attache. Et du coup, on tremble pour lui, enfin ce fut mon cas, j'ai eu bien souvent peur pour lui, je ne voulais pas qu'il lui arrive quoique ce soit. Il y a un autre personnage auquel on s'attache beaucoup, je vous laisserais le découvrir. 

Un autre détail qui m'a beaucoup intéressée aussi, c'est la double narration. Il y a Billy dans son quotidien au présent. Et il y a Billy qui se raconte car il va se laisser prendre au jeu de l'écrivain et se mettre à écrire. Pour chasser ses démons, il raconte sa vie, son enfance, mais surtout sa vie de Marines pendant la guerre en Irak. Il va prendre goût à l'écriture, c'est un autre détail qui le rend attachant. Pour moi, une personne mauvaise ne saurait se remettre en question, analyser ses actes et les écrire sur le papier. Je me trompe peut-être. Et en plus, il écrit bien ce Billy c'est pour lui comme une thérapie. À travers lui, l'auteur parle avec beaucoup de justesse de la guerre d'Irak, sans prendre de parti. Il parle aussi de sujets politiques américains, de Trump. L'histoire se passe avant le confinement dû COVID, il en fait un peu allusion, mais sans trop appuyer, ce qui est très bien. Le road-trip que fait Billy à travers l'Amérique permet à l'auteur de relever les différences entre les Etats, surtout au niveau mentalité. J'ai appris beaucoup de choses, c'est surtout très intéressant. 

Je suis agréablement surprise par ce roman. Il n'y a pas de fantastique ni d'horreur. Donc si c'est ce que vous recherchez, cette histoire n'est pas pour vous. Et c'est ce que j'ai apprécié. Tous les faits sont réels et pourraient exister. La lecture se fait avec beaucoup d'intérêt et d'addiction, impossible de lâcher le livre tellement j'avais envie de savoir ce qui allait se passer pour Billy, que ce soit dans sa vie présente ou passée. Il y a quelques longueurs par moment, quand les moments sont plus calmes mais cela ne m'a pas dérangée plus que cela, au contraire, cela me permettait de reprendre mon souffle entre des périodes plus intenses. Et puis bien sûr, c'est le style de l'auteur qui fait le tout aussi. On ne peut pas lui reprocher cela, il écrit parfaitement bien, sachant doser le suspense pour rendre son lecteur encore plus accro. Je ne m'attendais pas à être autant émue par certains passages. Le final m'a surprise aussi, j'ai retrouvé le goût de l'auteur pour tromper le lecteur qui croit arriver à quelque chose et ça se passe pas du tout comme imaginé. Pour ça, vraiment bravo. 

J'ai aussi beaucoup aimé les nombreuses références de l'auteur à Émile Zola, et plus particulièrement au livre Thérèse Raquin. Je suis très contente d'avoir fait cette lecture. Le livre ne m'appartient pas, c'est un livre voyageur, il sort en poche en février, et je pense que je vais me l'acheter, pour le relire plus tard ou pour le prêter autour de moi. Je ne sais pas si je relirai du King. Je lirai les avis avant de me lancer, car je ne veux pas retrouver de l'horreur. S'il pouvait continuer comme celui-ci, cela me plairait beaucoup, mais il a des adeptes de la première heure qu'il faut aussi contenter. Donc ce sera sûrement des livres empruntés. 

Je ne peux que vous recommander ce livre si vous avez envie de vivre un moment intense, stressant et émouvant. Ce qui est mon ressenti, une fois le livre refermé et ma chronique écrite. 

L'écriture est également une forme de guerre, qu'on livre contre soi-même. L'histoire, c'est ce qu'on porte, et chaque fois qu'on y ajoute quelque chose, elle devient plus lourde.

Tuer pour l'honneur est-il plus respectable que tuer pour de l'argent ? Sans doute que non, mais ça ne l'arrêtera pas.

Billy Summers

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Billy Summers

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