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Marie-Nel lit

L'audace du sable de Juliette Mouquet

17 Décembre 2023 , Rédigé par Marie Nel

L'audace du sable de Juliette Mouquet

Publié aux éditions KaPlume

 

 

 Résumé :

 

Du haut de ses montagnes alsaciennes, Suzanne se destine à devenir institutrice.

Suite à la venue d’un conteur africain dans sa classe, la jeune femme décide de partir en mission humanitaire au Sénégal.

Dans ce pays aux êtres accueillants et aux réalités rudes, elle va œuvrer aux côtés d’Omar à l’alphabétisation des enfants des rues : les Talibés.

Sur cette terre inconnue génératrice d’un nouvel élan, Suzanne déploie sa joie de transmettre dans les yeux d’Adama et rencontre un homme illettré qui va bouleverser son voyage…

Saura-t-elle décoder ce nouveau langage ?

 

 

À propos de l'autrice :

 

Juliette Mouquet est ingénieure en santé environnementale et poétesse, écrivaine voyageuse. Elle a créé, en 2014, La Poésie vagabonde, un périple littéraire et humaniste mêlant animation d’ateliers d’écriture et lectures musicales à travers le monde. L’audace du sable est son huitième livre et son premier roman.

 

Mon Avis :

 

Je ne connaissais pas du tout l'autrice avant de commencer ma lecture. Je me suis intéressée à ce livre à cause du titre dans un premier temps, puis du résumé annonciateur d'un beau voyage en Afrique. Je me doutais déjà que ce serait un livre de qualité, car il est publié chez la même maison d'édition qu'un autre roman pour lequel j'ai eu un coup de coeur, "La maison bleue" de Julie Desb, que je vous recommande au passage. 

 

Et je vous recommande également celui-ci. Je découvre la plume de Juliette Mouquet et je suis ravie et conquise par son style. J'ai fait un très beau voyage. 

 

J'ai fait la connaissance de Suzanne. Elle veut devenir institutrice, elle vit en Alsace et habite chez ses parents, fermiers, qu'elle aide pendant ses congés. Lors de son stage de formation à ce métier, l'école reçoit un conteur africain dans la classe. Suzanne tombe sous le charme de ses terres africaines en écoutant les histoires du conteur. C'est un déclic pour elle. Elle décide alors de partir en mission humanitaire au Sénegal pendant tout l'été. Sa mère ne le prend pas bien, car il va falloir trouver une remplaçante. Suzanne se sent appelée par ce pays et elle écoute son instinct. Arrivée au Sénégal, elle est très bien accueillie par Pierre, le responsable d'un établissement qui accueille la journée des Talibés, des enfants des rues. Plusieurs bénévoles œuvrent dans ce centre, une infirmière, une cuisinière, des éducateurs. Suzanne, elle, secondera Omar, l'enseignant qui apprend l'alphabet et la lecture aux enfants.

 

Va alors commencer pour elle une expérience hors du commun. Il va déjà falloir qu'elle s'acclimate à la météo, à la chaleur. Ensuite, qu'elle fasse sa place, elle va sympathiser avec chacun des bénévoles, elle arrivera vite à se rendre indispensable pour Omar. Il faut aussi qu'elle s'acclimate à la langue parlée par les locaux, elle fait cela comme un jeu avec les enfants, elle leur apprend des lettres, ils lui apprennent des mots courants dans leur dialecte. Elle va découvrir tout un monde différent de ce qu'elle connait, des rites, des coutumes. Elle va surtout s'attacher à l'un des enfants, Adama, qui apprend vite ce qu'elle lui enseigne, qui lui rendra au centuple ce qu'elle lui transmet. Elle va tomber sous le charme du pays, des enfants et aussi d'un homme, un des chauffeurs du centre, sénégalais et illettré, au pouvoir magnétique troublant pour elle. Ce temps passé auprès des gens de ce pays va la transformer. 

 

J'ai beaucoup aimé suivre Suzanne. Je me suis très vite attachée à elle, elle m'a émue et beaucoup touchée. On sait peu de choses sur elle, le livre commence très vite avec son départ en Afrique, on apprend à la connaître petit à petit, au cours de son voyage, elle se raconte et parle de sa jeunesse, de ses rêves, de ses relations avec ses parents. J'ai beaucoup aimé cette originalité de découvrir petit à petit la jeune femme. Elle va cheminer sur elle-même , sur sa relation avec ses parents, sur sa vie d'enseignante. C'est une formidable expérience pour elle. Les autres personnages sont tous très attachants. Les bénévoles apportent d'autres dimensions, d'autres vécus qui sont de très beaux parcours de vie. Les enfants sont également très attachants, impossible qu'il en soit autrement. Et Souleymane, ce chauffeur qui fait battre le coeur de Suzanne, est hyper touchant. La vie n'est pas simple pour ce peuple, se rendre compte de cela permet aussi de voir que nous, Occidentaux, ne sommes pas à plaindre, et qu'il faudrait parfois un peu plus d'humilité de la part de certains. L'abondance que nous connaissons nous, est surtout dans leur coeur à eux. Et n'est-ce pas le plus important, la richesse d'un regard, d'un sourire. J'ai été hyper touchée par ce livre, je crois que si j'étais plus jeune, je ferais comme Suzanne et partirais aider.

 

Mais bon, je m'égare. Ce livre pousse tellement à la réflexion sur nous-mêmes, sur nos vies. Tout sonne juste, et c'est logique, car l'autrice met dedans son vécu, elle a voyagé, est allée au Sénégal et a rencontré les enfants Talibés. Elle sait donc de quoi elle parle, et je pense qu'elle a mis dans Suzanne beaucoup d'elle. Sur les réseaux, son pseudonyme est "la poésie vagabonde", il résume parfaitement le livre, car il est écrit comme un conte, les phrases sonnent comme une poésie, les mots sont beaux, savamment dosés, pour donner des phrases qui sonnent bien. J'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice, très sensible, très poétique, elle manie les mots avec beaucoup de beauté. J'ai relevé plein de phrases qui me parlent, qui résonnent en moi, je vous en mettrais quelques-unes en dessous. J'ai vraiment été charmée et enchantée. La narration à la troisième personne permet de garder un peu de distance avec Suzanne même si l'attachement est très fort. J'ai vécu cette lecture comme si j'étais à sa place. Elle prend la parole à la fin des chapitres où elle raconte ce qu'elle a vécu, sous forme de journal ou de lettre. La parole sera donnée à d'autres personnes et j'ai trouvé cela encore plus touchant. 

 

L'autrice fait passer plein de très beaux messages et de très belles valeurs sur la vie en général, sur la construction de soi, sur les rêves que l'on a, sur le fait d'apprécier ce que l'on a. J'ai été très souvent émue. La lecture se fait aisément, beaucoup de fluidité dans le texte, pas de lourdeurs dans les descriptions. Je me sentais bien dans ce moment de lecture, je n'avais pas envie de le quitter, et j'ai été triste lorsque je suis arrivée à la fin, je n'avais pas envie de laisser Suzanne et les autres. La fin n'est d'ailleurs pas devinable, j'ai été surprise par certains points, par la durée dans le temps surtout. Le prologue est très émouvant et m'a fait verser des larmes. Tous les rêves sont réalisables, si on s'en donne les moyens. 

 

Je suis conquise par ce roman, et par la plume de Juliette Mouquet. C'est son premier roman en tant que tel, elle a écrit d'autres livres et des récits poétiques. J'ai passé un excellent moment, je ne vais pas oublier de sitôt Suzanne, le Sénégal, les Talibés. J'ai appris tellement de choses, je ne savais pas par exemple que les enfants avaient une éducation dans des écoles coraniques. Et j'ai appris encore beaucoup sur eux. C'est un livre très enrichissant par les enseignements, mais aussi par le dépaysement. Tout y est très bien décrit, j'ai ressenti la chaleur, la moiteur, j'ai senti les odeurs, la mer, le sable. Il porte d'ailleurs très bien son titre. Je garderais une place particulière à ce roman dans mon coeur. 

 

J'ai passé un excellent moment, et je vous recommande chaudement ce livre et de partir vous aussi à la rencontre de Suzanne et du Sénégal. Vous verrez que c'est un très beau dépaysement. De mon côté, je vais garder précieusement ce livre pour relire de temps en temps les passages soulignés, et surtout je vais suivre de prêt Juliette Mouquet, j'espère qu'elle écrira un autre roman. N'hésitez pas à la suivre sur les réseaux sociaux, elle publie souvent de jolis poèmes, de jolies phrases qui font mouche à chaque fois.

 

Il ne me reste plus qu'à remercier Juliette Mouquet pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. Et un grand merci aux éditions KaPlume de m'avoir permis de lire ce beau roman. 

Les enfants Talibés ont des regards qui expriment un mélange de détresse, de malice et d'amour !

Qu'est-ce que l'échelle d'une vie humaine ? Son importance est-elle fonction de sa géographie ? Comment l'humanité gère-t-elle la différence entre la vie d'un enfant au jardin du Luxembourg et celle d'un enfant des rues de Mbour ?

Voyager la confrontait à la soudaine étrangeté du monde et à la différence des sensibilités. La tristesse et l'impuissance grandissaient. Suzanne comprenait, peu à peu, le sens de son voyage, qui ne consistait pas à projeter ses rêves dans la réalité. À l'inverse, elle devait s'abandonner à ce qui est. Regarder le monde dans sa totalité, avec ses beautés et ses cruautés.

En Afrique, la solidarité est au coeur de chaque quartier, de chaque famille élargie. Personne ne vit uniquement pour lui. Chacun est naturellement impliqué dans la survie du groupe et cela dope le bonheur.

Cette nécessité de tout contrôler est sûrement le reflet de ton hypersensibilité.

Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou défait.

Les livres ont autant besoin de l'humanité que l'humanité a besoin des livres pour évoluer. Et l'humanité disparaîtra quand elle ne saura plus s'inventer ses récits.

Ce qui nous fait tous tenir ici, c'est que la beauté côtoie les blessures. En faisant ce que l'on fait, on accroît cette beauté qui n'est que bonté.

Mais la peur est un poisson qu'il ne faut pas cuisiner.

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