Une vie pour la mienne de Laurent Grima
Publié aux éditions Librinova
Résumé :
Mathias, un jeune trentenaire sans histoire ni ambition se sent totalement inapte au bonheur. Perdu dans une ville triste et froide, il traîne comme un boulet un drame survenu quinze ans plus tôt et devenu depuis un lourd secret de famille.
Sa seule distraction reste la pratique du jogging à laquelle il s’adonne quotidiennement. Mais à la suite de l’une de ses sorties, Mathias rencontre un homme étrange qui le place devant un terrible marché : s’il ne trouve personne pour le remplacer d’ici-là, il mourra dans cent jours ! Sa quête désespérée va l’amener à la rencontre de lui-même, de ses démons... mais aussi de ses désirs.
Et si la peur de la mort pouvait amener Mathias à vivre enfin ?
À propos de l'auteur :
Laurent Grima travaille dans l'humain depuis plus de trente ans au travers de sa fonction d'éducateur. Sa passion de l'écriture, qui le suit depuis l'enfance, poursuit ce même but de mettre de la beauté dans le quotidien des autres et de célébrer la force de vie. Son style, ainsi que la poésie et l'humanité de ses histoires sont salués par la majorité de ses lecteurs.
Révélé en 2014 par Michel Bussi, qui lui offre la possibilité d'éditer son premier roman, Laurent Grima est l'auteur de (Re)vivre, prix régional du Lions Club, et des Trois vies de l'homme qui n'existait pas, lauréat du prix de la ville de Buzet.
Une vie pour la mienne est son troisième roman.
Mon Avis :
Je connais déjà Laurent Grima pour avoir lu son roman précédent, Les trois vies de l'homme qui n'existait pas. J'avais déjà pu apprécier sa sensibilité, son humanité, sa délicatesse dans sa façon de narrer une histoire. Je suis donc très contente de le retrouver avec ce troisième roman. J'ai pu retrouver toutes les qualités qui font de cet auteur un très bon conteur d'histoire. En lisant le résumé, j'étais loin de me douter que j'allais être aussi touchée et émue et qu'il allait falloir que je sorte les mouchoirs. Je ne vais pas trop vous en dévoiler, c'est une histoire de vie qui résonnera pour beaucoup d'entre vous.
J'ai donc fait la connaissance du narrateur, Mathias. Il a trente ans, il travaille dans un garage comme mécanicien, il est célibataire, il mène une vie sans histoire. Il a vécu une grosse épreuve dans sa vie quinze ans auparavant et beaucoup de remords et de culpabilité le poursuivent, ce qui fait qu'il se sent bien souvent mal dans sa peau. En faisant un jogging un jour de bon matin, une branche va lui tomber sur la tête. Il va se réveiller dans un endroit étrange, une erreur a été faite et ce n'est pas Mathias qui devait recevoir cette branche ni venir là. L'homme qui le reçoit lui propose donc un marché, il a cent jours pour trouver quelqu'un pour le remplacer ou c'est Mathias qui mourra. Je ne dévoile rien en disant qu'en effet, il devrait être mort, mais il y a eu erreur sur la personne. Vient alors à lui un énorme dilemme. Comment faire pour choisir celui qui devrait mourir à sa place, qui est-il pour faire cela, et selon quels critères... Mathias est dans une situation bien embarrassante; Il va en plus faire une jolie rencontre dans la personne de Jeanne, mais comment s'attacher à quelqu'un quand on ne sait pas ce que l'on deviendra cent jours plus tard. La situation est vraiment terrible et cela va être très dur pour Mathias de la dénouer.
Je n'aurais pas aimé me trouver à la place du jeune homme. Je me suis demandé bien souvent ce que j'aurais fait à sa place. Très difficile de choisir une personne à sa place, même la plus mauvaise est toujours aimée par quelqu'un d'autre, et donc on va faire souffrir des gens qui n'ont rien demandé. C'est vraiment un dilemme crucial et difficile à résoudre. Cela fait surtout se rendre compte que lorsque l'on sait le temps qu'il nous reste à vivre, on fait un bilan de notre vie écoulée, on envisage des choses qu'on aurait aimé faire, des voyages, des personnes à revoir. Ce doit être très bizarre à vivre comme sensation. Et bien sûr, les regrets des malheurs passés refont surface. Ceux pour lesquels on se sent coupable, où on n'a pas encore pardonné. Mathias est dans ce cas là, il est rongé de l'intérieur par ce drame de son passé, il ne se permet pas d'être heureux à cause de cela. En tant que personne extérieure, j'avais envie de l'aider, de lui dire de profiter, de se pardonner et de le faire aussi à l'autre. Sans me rendre compte, je viens de réaliser que je parlais du jeune homme comme s'il existait dans la vraie vie. C'est tellement ce que j'ai ressenti en lisant, Mathias est devenu un ami que je retrouvais quand je reprenais son histoire. Pour moi, il existe vraiment, j'ai dû le laisser à la fin, et ce fut compliqué, j'avais envie de rester avec lui encore un peu.
D'ailleurs il n'y a pas que Mathias dans cette histoire, il y a d'autres personnages tout aussi importants et attachants. Je pense à sa mère, qui elle aussi ressent le poids du passé, il y a Fred, son ami et collègue qui galère en amour, il y a Théo, l'enfant de sa voisine qui vient le voir lorsque ses parents se disputent, et il y a Jeanne, la fleuriste. Tout ce petit monde gravite autour de Mathias, ils ne connaissent pas le marché et ne comprennent pas toujours les réactions de leur ami ou fils. Ces personnages sont très beaux aussi et apportent un vrai plus à l'ensemble et à la personnalité du protagoniste. Je me suis attachée à chacun d'eux. Tout ceci vient bien sûr de l'écriture de Laurent Grima. Il sait rendre ses personnages très réels, ce pourrait être moi ou vous, ce sont des gens de tous les jours avec des vies de tous les jours. Et c'est cela qui fait que l'on s'attache encore plus à eux. On s'intègre alors encore plus dans l'histoire. La narration à la première personne aide aussi à cela, elle m'a permis de rentrer dans la peau de Mathias, dans sa tête, de ressentir la moindre de ses émotions, d'être au plus près de lui. C'est ce qui fait aussi que j'ai pleuré à un certain moment du livre. Je ne pourrais bien sur rien dévoiler, ce n'est pas l'envie qui me manque, mais ce serait vous donner la solution de tout, et ce n'est pas le but de cette chronique. Disons qu'avec ce qu'il s'est passé dans ma vie récemment, j'aimerais vivre les mêmes instants précieux que Mathias a eus. Ceux qui liront le livre comprendront. Et je pense ne pas être la seule à ressentir cela.
Comme je le disais plus haut, le style de l'auteur est toujours aussi bon, d'une belle fluidité, je suis rentrée dans l'histoire facilement, les descriptions sont juste ce qu'il faut pour bien imaginer les scènes, je me suis attachée très vite à tout le monde et j'avais cette double envie de ralentir ma lecture pour rester le plus longtemps avec eux, et en même temps de lire plus vite pour savoir ce qui allait se passer. Une dualité très compliquée pour un lecteur. L'auteur a eu la bonne idée d'insérer entre chaque chapitre du présent de Mathias, des chapitres au passé où l'on revient dans les moments avant le drame. J'ai beaucoup aimé car cela m'a aidée à comprendre beaucoup de choses, et je trouve que ce procédé permet de ne pas avoir de lourdeurs dans le récit. L'auteur a su mener un mini suspense, avec tous ces questionnements que l'on se fait, et qui tiennent encore plus notre attention.
L'auteur transmet de très beaux messages sur la vie, et de très belles valeurs, la famille, l'amour filial, l'amour tout court, les choix que l'on fait, leur incidence sur nos vies et celles des autres, sur la vie, la mort, les regrets, la culpabilité, si lourde à porter et dont on a du mal à se débarrasser, la violence, la résilience, cette capacité que l'on a à se relever même lorsque l'on tombe très bas. Tout ceci est évoqué avec finesse et subtilité. C'est une histoire qui fait aimer la vie, qui donne envie de dire à nos proches et à nos personnes chères, combien on les aime. C'est une histoire qui fait réfléchir sur nous-même, sur nos rêves passés, sur nos réalisations, elle nous fait cheminer et j'aime beaucoup cela, même si ça me perturbe, même si je n'en dors pas, c'est tellement essentiel pour mener une vie. J'ai laissé un peu de temps entre la fin de ma lecture et la rédaction de cette chronique, mais je ressens encore tout, et je me dis que c'est vraiment un très beau roman.
Je vous recommande vivement la lecture de ce livre, partez vous aussi à la découverte de la vie de Mathias, je suis persuadée que vous serez autant touchés que moi. N'hésitez pas à venir m'en parler. C'est le second livre que je lis de Laurent Grima et ce ne sera pas le dernier. J'aime beaucoup ce qu'il propose et je vais continuer à le suivre de près. Je vous invite vraiment à en faire de même. Je vous mets ci-dessous quelques citations, des phrases qui m'ont sauté aux yeux et m'ont beaucoup touchée, le choix a été difficile. À noter aussi, une très jolie couverture, réalisée par Carine Pitocchi, et qui reflète très bien le livre.
Il ne me reste plus qu'à remercier Laurent Grima pour tout ce qu'il m'a fait vivre pendant la lecture de son roman, et merci aussi d'avoir insisté pour que je le lise, c'était en effet le bon moment.
Parfois les gens face à de grands malheurs croient à tort qu'il est possible de tout effacer, qu'il suffit seulement de changer quelques bricoles. Mais rien ne s'efface jamais. On amène juste sa douleur plus loin, comme en vacances ! Face à de tels drames, on reste toujours seul.
Ma mère m'avait donné la vie. Je l'aimais, c'était tout. Quelles que soient les incidences de cet amour et la force de mes mauvais souvenirs !
Je préférais me dire qu'en effaçant la poussière, ma mère cherchait surtout à effacer le malheur. Il faut parfois insister longtemps lorsque la tristesse s'est trop répandue !
J'ai l'impression maintenant que la vie, c'est qu'un grand concours avec des gagnants et des perdants. Je ne suis pas aveugle. Je vois bien que dans le monde, il faut avoir des pauvres pour avoir des riches, des gens en détresse pour d'autres qui sont heureux, de l'espoir et des rêves pour certains et de l'urgence et des regrets pour d'autres...
L'humanité va mal. C'est peut-être à cause du prix de l'électricité, mais j'ai l'impression qu'on a coupé la lumière un peu partout !
Il peut arriver parfois que face à des drames abominables, l’homme ait le besoin de se raccrocher à une forme de responsabilité parce que s’attribuer la faute, c’est reprendre du contrôle sur les choses. S’en remettre à la fatalité, c’est accepter une impuissance absolue, au fond bien plus difficile à vivre.
C’est toujours comme ça la colère. Ça grossit en sourdine comme une tumeur sournoise, et puis ça pète à la gueule pour un prétexte futile, un détail, une goutte d’eau arrivée pile au mauvais endroit, pile au mauvais moment.
Laurent Grima travaille dans l'humain depuis plus de trente ans au travers de sa fonction d'éducateur. Sa passion de l'écriture, qui le suit depuis l'enfance, poursuit ce même but de mettre de l...
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