Dix âmes pas plus de Ragnar Jonasson

23 Août 2023 , Rédigé par Marie Nel

Publié aux éditions Points

Résumé :

« Recherche professeur au bout du monde. » Cette petite annonce découragerait toute personne saine d'esprit. Sauf Una. La jeune femme part pour Skálar, l'un des villages les plus reculés d'Islande, qui ne compte que dix habitants.

Bientôt, une mort brutale survient. Una entend des voix et une fantomatique berceuse. Quels secrets cache ce village ? Jusqu'où iront ses habitants pour les protéger ?

À propos de l'auteur :

Né à Reykjavik en 1976, Ragnar Jónasson a traduit plusieurs livres d'Agatha Christie en islandais, avant d'écrire ses propres romans. On lui doit la trilogie « La Dame de Reykjavik » et la série des « Enquêtes de Siglufjördur ». En six ans, Ragnar Jónasson s'est hissé au rang des meilleurs auteurs de best-sellers. Tous ses romans sont disponibles chez Points.

Mon Avis :

J'avais très envie de lire des polars nordiques, mon mari en lit beaucoup, il est à chaque fois très content de ses lectures, je voulais alors réparer cette lacune. Et j'ai donc commencé par ce roman de Ragnar Jonasson. Le résumé était très tentant, et le titre me faisait penser au roman d'Agatha Christie, les 10 petits nègres. J'ai d'ailleurs découvert que l'auteur était le traducteur des romans de la reine du suspense en islandais. Ceci explique cette référence.

Niveau ambiance sombre, pesante et froide, j'ai été servie avec cette histoire, puisqu'elle se passe à l'extrémité nord de l'Islande, dans un hameau retiré Skala, isolé de tout, qui compte dix habitants, pas un de plus. Una est une jeune femme qui vit à Rekjavik, elle vit des moments compliqués, a du mal à joindre les deux bouts. Elle répond à une annonce qui recherche une enseignante au bout du monde. Là voilà partie tout au bout de l'Islande, elle y arrive de nuit, d'ailleurs celle-ci est plus présente que le jour. Elle emménage chez Salka, la mère d'Edda, une des deux élèves de Una. Car oui, la jeune femme découvre qu'il n'y a que 2 enfants à qui faire classe, Edda et Kolbrùn. Salka habite seulement depuis un an et demi dans cette maison qu'elle a hérité de sa mère. L'accueil pour Una est bon de la part de Salka, par contre, les autres habitants sont plutôt froids lorsque la jeune enseignante les rencontre. Il y a 2 couples et une femme avec un homme Thor. Lui et Salka seront les seuls à bien accueillir Una. Elle va devoir faire sa place, elle a la charge de s'occuper des festivités de Noël... C'est compliqué, car elle vit en plus des phénomènes étranges dans la maison de Salka, qui est cette petite fille à la robe blanche qu'elle voit apparaître, qui chante cette comptine... Des mystères qui vont troubler Una, jusqu'au drame fatal qui remettra son séjour en jeu...

Una va ressentir de plus en plus d'hostilité envers elle, alors qu'elle n'y est pour rien. En parallèle, on suit des chapitres en italique, qui concerne une enquête sur un meurtre qui a défrayé la chronique, deux hommes tués, trois personnes condamnées. Tout le long, je me suis demandé quel pouvait être le lien entre cette affaire en ville, et Una dans son hameau perdu. Je ne suis jamais arrivé à le savoir, tout ne s'est dévoilé qu'à la toute fin. L'auteur a l'art d'emmêler les pistes, les brouiller, entre légendes et faits réels, j'étais complètement perdue, tout comme Una d'ailleurs. Je me suis posé une tonne de questions.

Je ne me suis pas attaché tant que ça à l'héroïne. Ce n'était pas trop le but du roman. J'ai bien aimé la suivre, j'ai eu souvent peur pour elle, mais j'ai gardé une certaine distance avec elle. Et ce n'était pas plus mal, car ce qu'elle vit est parfois très traumatisant, je n'aurais pas aimé être à sa place. J'ai bien aimé ce personnage tout de même, j'ai apprécié son évolution, sa façon de se comporter face au danger. J'ai ressenti de l'empathie pour elle, je n'aurais pas aimé être à sa place à certains moments. Cette distance avec elle est aussi la conséquence de la narration à la troisième personne du singulier. Mais ça ne m'a pas dérangée, l'auteur dépeint très bien les sentiments pour arriver a bien les ressentir.

Il décrit aussi très bien les lieux, et retranscrit une ambiance lourde et sombre. Elle se.ressent dès les premières pages, j'ai tout de suite été imprégnée par cette noirceur, cette nuit, comme on rentrerait dans un brouillard épais. Je me suis dit que la vie ne devait pas être simple là bas, surtout pour quelqu'un qui n'est pas du pays. Una en tout cas, ressent un fort rejet de la part des autres habitants.

Le suspense est très bien mené jusqu'au bout. Il se passe des évènements que je n'avais pas vus arriver, et les dernières révélations tombent comme un couperet. Je n'ai eu aucun soupçon, à aucun moment j'ai pensé à une telle solution. Et ce, je pense que c'est parce que l'auteur a occupé notre esprit avec cette histoire de revenants, et du coup, j'ai été moins vigilante sur ce qu'il se passait à côté. J'ai vraiment beaucoup aimé la façon dont l'auteur mène son suspense avec de petites incursions dans d'autres lieux. Le livre s'est lu facilement, une fois que l'on s'est habitué aux noms islandais, et rapidement.

Je découvre Ragnar Jonasson avec ce roman, et je ne suis pas du tout déçue. Je le relirai très certainement, on m'a recommandé la série La dame de Reykjavik, j'ai très envie de la lire. J'ai aimé son style, sa façon de raconter une histoire, de retranscrire l'ambiance, j'ai l'impression d'avoir vécu dans un tunnel le temps de ce livre. Cela fait.peu de temps que je lis des polars nordiques, mais je crois que je vais continuer. Par ces temps de canicule, ça rafraîchit ! Peut-être aurais-je juste aimé que la fin soit plus longue, ou alors retrouver les personnages dans une suite, car il y a encore matière pour faire un nouveau suspense avec la même base. J'ai beaucoup retrouvé Agatha Christie dans Ragnar Jonasson, et rien que pour ça, je le lirai à nouveau.

Je vous recommande vivement ce roman et cet auteur, si vous aimez les thrillers d'ambiance, vous ne serez pas déçus.