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Marie-Nel lit

Monsieur Edgar et les Impatients de Coralie Caujolle

8 Juillet 2023 , Rédigé par Marie Nel

 Monsieur Edgar et les Impatients de Coralie Caujolle

Publié aux éditions Eyrolles

 

 

Résumé :

 

Pour gagner sa vie, Edgar Olin traduit des notices d'appareils électroménagers. Mais sa véritable vocation c'est la littérature. Il écrit des romans policiers... qui ne se vendent pas. Il faut dire que ses voisins dégénérés ne le laissent jamais travailler en paix. Lassé de subir leurs assauts sonores, Edgar décide d'emménager dans une résidence pour seniors. Là-bas, il pourra écrire au calme, parce que c'est bien connu, les personnes âgées jouent aux cartes, regardent Les Feux de l'amour, et se couchent tôt. Évidemment, rien ne va se passer comme Edgar l'imaginait.

Monsieur Edgar et les impatients est un roman loufoque et réjouissant. On y chemine en compagnie d'une joyeuse bande d'allumés qui prennent parfois les poules pour des canaris, mais n'ont pas leur pareil pour réenchanter la vie et le cœur !

 

 

À propos de l'autrice :

 

Après un doctorat en littérature anglaise, Coralie Caujolle s'est échappée de l'université pour courir dans les prés comme Laura Ingalls (version jean et bottes en caoutchouc). Elle partage sa vie entre Toulouse, sa ville natale, et l'Ariège, où elle élève des chevaux. Entourée d'un chat HPI et d'une chèvre qui pense être humaine, elle trouve malgré tout le temps d'écrire des histoires drôles et tendres.

 

 

Mon Avis :

 

J'avais très envie de lire ce roman depuis que je suis Coralie Caujolle sur les réseaux, et notamment Instagram où elle a le compte @bouquinsetbiquettes. J'aime beaucoup ces publications, son humour, sa dérision. J'avais donc envie de voir si on retrouvait cela dans son roman. Bien sûr, le résumé m'a aussi interpellée, tout était donc réuni pour partir à la découverte de Monsieur Edgar. 

 

J'ai donc fait la connaissance d'Edgar Olin, il est auteur de romans policiers, qui n'ont pas beaucoup de succès. Alors pour gagner sa vie, il traduit des notices d'appareils électroménagers, c'est déjà pas commun. Il vit à Paris, et plus ça vient, et moins ils supportent les bruits de la ville, des voisins. Il lance alors un appel à ses amis et sa famille pour trouver un environnement plus calme et pouvoir enfin terminer ce roman que son éditeur attend avec impatience. C'est sa tante qui lui répond et lui propose sa maison pendant son absence de quelques mois. Ce logement a la particularité de se trouver dans une résidence de seniors. Edgar se dit alors que c'est l'endroit rêvé pour être au calme, mais c'est sans compter les personnes âgées qui habitent dans ces lieux et qui sont pour le moins très fantasques. Dès sa première nuit, deux dames font irruption dans sa chambre, la tante d'Edgar ayant laissé des clés un peu partout, cachées, mais tout le monde connait les cachettes. Le lendemain, il manque de se faire renverser par une grand-mère en trottinette...rien ne va plus ! La résidence s'appelle "Les Impatients" et c'est vraiment ce que semblent être toutes ces personnes, impatientes de vivre. Ne sont-elles pas toujours pressées lorsqu'on les croise aux caisses de supermarchés... Edgar est loin d'être au bout de ses surprises. Surtout que la directrice lui propose un petit marché pour pouvoir rester habiter sans payer de loyer...

 

Le ton est vite donné, il va y avoir des péripéties, des quiproquos, des drôleries, tout va être très mouvementé, au rythme des facéties de toutes ces personnes. Elles sont contentes de voir arriver Edgar, mais ont une drôle de façon de lui montrer. Lui, est partagé entre son envie de calme pour écrire son roman, et entre sa vie au sein de cette résidence, avec les nombreuses facéties de tous ses occupants. Il va falloir qu'il apprenne à les connaitre, à les amadouer, à leur faire comprendre qu'il est là aussi pour travailler, ils sont légèrement envahissants. Mais il s'en sort plutôt bien. Il est très humain et rempli d'empathie, il essaie toujours de trouver une solution qui convient à tout le monde. Et lorsque d'étranges intrusions dans sa vie privée interviennent et troublent ses affaires, il va lui aussi devoir mener l'enquête parmi les résidents pour savoir qui entre chez lui lorsqu'il est absent. Là encore, il ne s'attend pas du tout à ce qu'il va trouver. 

 

Il est très facile de s'attacher à tout ce petit monde. Je pense que c'est à une des personnes âgées que je me suis le plus attachée, Marthe. Elle m'a rappelée une autre Marthe qui a existé dans ma vie, dont je m'occupais en tant qu'auxiliaire de vie. Elle est un peu loufoque, elle aime danser, mais elle est tellement gentille. On a envie de l'écouter parler, de la regarder et de rire avec elle. J'ai bien souvent souri avec les expressions dites par certains, été émue par certaines histoires de vie, par leur état de santé... Je me suis peut-être un peu moins attachée à Edgar, je pense que c'est dû au fait que les autres personnages plus âgés sont tellement présents que tous mes sentiments étaient tournés vers eux. Mais bien sûr, cela ne m'a pas empêchée d'apprécier le personnage principal, j'ai juste gardé une distance avec lui, et même avec le choix narratif de l'autrice à la première personne du singulier qui me permet, d'habitude, de me confondre au personnage. J'ai été émue et triste de quitter tout ce petit monde que j'arrivais très bien à m'imaginer. 

 

Je découvre la plume de Coralie Caujolle avec ce premier roman, et j'ai aimé son style, sa façon de dépeindre les personnages, leur caractère. Le ton est léger, frais, l'humour ajoute également une bonne dose de légèreté et permet de rendre une scène un peu moins grave. J'ai cependant trouvé qu'il manquait peut-être un peu de profondeur pour rentrer encore plus dans l'histoire. Mais ce n'est pas très grave, le plus important n'est pas là. Les personnages sont bien travaillés, parfois un peu caricaturaux, j'ai eu l'impression que tous les petits vieux déjantés étaient réunis à la même place, mais c'est parce que l'accent est porté sur ceux-là justement. Il y a d'autres résidents, bien plus sages et conventionnels, mais ceux-là ne font pas partie de l'histoire. Les chapitres sont courts, le style est fluide, ce qui donne du rythme à la lecture. Il règne un mini suspense avec la petite enquête d'Edgar et cette personne qui s'introduit chez lui en cachette, il y a une petite romance toute légère aussi, Edgar va faire une jolie rencontre, il y a vraiment de tout et de quoi trouver son bonheur. 

 

J'ai bien aimé cette histoire et cette rencontre avec toute cette brochette de personnages. Impossible de se perdre parmi eux ou de ne plus savoir qui est qui, c'est toujours ma hantise quand il y en a beaucoup, ils sont tous tellement marquants qu'il est impossible de les mélanger ou de ne pas s'en souvenir. J'ai également bien aimé la fin, qui est vraiment émouvante. Ce livre donne envie d'aller voir ses grands-parents et de leur dire combien on tient à eux et qu'ils peuvent bien être comme ils veulent, on les aime. Malheureusement, j'ai très peu connu les miens, et c'est dommage, j'aurais bien aimé une Marthe, ou une Mme Dussol... C'est un bon feel-good. Les messages et les valeurs que fait passer l'autrice au travers des faits et des personnages sont beaux, importants et font partie de chacun de nous. L'autrice montre aussi les rapports entre enfants et parents vieillissants, qui sont parfois compliqués...très vaste sujet. Je vous partage d'ailleurs une citation ci-dessous à ce sujet qui parle très justement de cela. J'ai aimé aussi découvrir Coralie Caujolle que je relirai avec plaisir. Et ça tombe bien, j'ai son second roman dans ma bibliothèque, "Bienvenue aux Bergeronnettes" que je prévois de lire cet été. Le résumé est lui aussi bien tentant et promet encore de bons moments.

Je ne peux que vous recommander ce roman si vous aimez les feel-good, les jolies histoires et des personnages truculents et émouvants. 

 

Il ne me reste plus qu'à remercier Coralie Caujolle pour ce très bon moment de lecture. Et je remercie également les éditions Eyrolles pour leur confiance renouvelée en mon blog.

Vous savez, Monsieur Edgar, on parle souvent de l'ingratitude des enfants lorsque les parents vieillissent. Mais la vérité, c'est que l'on a la famille que l'on a construite. le fin de vie, c'est comme le passage à la caisse de la supérette.

Pourtant, lorsque je n'écris pas, j'écris. Chaque tableau admiré, chaque arbre croisé, chaque personnage rencontré au gré d'une lecture, chaque conversation épiée à la volée dans un bus ou une file d'attente, le rire d'un enfant, le regard affolé d'une personne âgée, l'exaspération d'une caissière, ne sert qu'à nourrir les futures phrases que j'écrirai.

Alors c'était cela vieillir? Redevenir un enfant, s'amuser et oser crier, rire, sauter sans ce soucier des regards? Serait-ce comme retrouver un ami, perdu de vue depuis longtemps, et s'apercevoir en discutant que la complicité d'antan est toujours la même? Considérée sous cet angle la vieillesse paraissait séduisante.

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