Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marie-Nel lit

Ce qu'il faut de nuit de Laurent Petitmangin

24 Juillet 2023 , Rédigé par Marie Nel

Ce qu'il faut de nuit de Laurent Petitmangin

Publié aux éditions La Manufacture de livres

 

 

Résumé :

 

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Une histoire d'amour.
Les années passent, et les enfants grandissent. Ils décident de ce qui est important pour eux, et la façon dont ils envisagent leur avenir. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses.
C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois êtres.
Un livre fulgurant, où l’auteur dénoue avec une sensibilité et une finesse extrêmes le fil des destinées d'hommes en devenir.

 

 

À propos de l'auteur :

 

Né en 1965 dans une famille de cheminots, Laurent Petitmangin écrit depuis une dizaine d’années. Ce qu’il faut de nuit, son premier roman a rencontré un fort succès et lui a valu l'attribution d’une vingtaine de vingt prix littéraires dont le prix Femina des lycéens, le Prix Libr'à nous, le Grand Prix du premier roman, le prix Stanislas, le prix Feuille d'or des médias, le Prix du barreau de Marseille, le Prix des lecteurs des bibliothèques de la ville de Paris, le prix Georges-Brassens et le Prix des lecteurs du Livre de Poche.

 

 

Mon Avis :

 

Cela faisait un petit moment déjà que je voulais lire ce premier roman de Laurent Petitmangin. J'en ai beaucoup entendu parler sur les réseaux sociaux, dans les magazines littéraires, il m'intriguait beaucoup par le titre et par tout ce que je lisais sur lui, je me suis dit qu'il fallait enfin que je me fasse mon propre avis et que je le lise. Ce qui est chose faite, et je suis plutôt très satisfaite de cette découverte. 

Le résumé est assez énigmatique et je me demandais ce que pouvait bien être cette histoire de père. J'ai donc fait sa connaissance, il travaille à la SNCF, sur les caténaires, ces pylônes supportant les câbles électriques, un métier dangereux. Il a deux enfants, Fus, de son vrai prénom Frédéric, mais qui est surnommé Fus à cause du football qui se dit aussi Fussball en allemand, et son cadet Gillou. On est en Lorraine, du côté de Metz. Il élève seul ses enfants depuis que la Moman est décédée d'un cancer à l'âge de quarante-quatre ans, trois ans de combat, de chambres d'hôpital, de soins, qu'il raconte avec beaucoup de pudeur. Les enfants grandissent, sans maman, mais avec un père qui fait tout ce qu'il peut pour eux, les emmène en sortie, essaie de les suivre au mieux dans leurs études. Le père nous raconte leur vie quotidienne, les années qui passent, l'évolution des enfants. Fus se met à fréquenter une bande de jeunes qui a des accointances avec l'extrême droite, même si il est sans aucun reproche à la maison avec son petit frère et son père. Tout va basculer pour cette famille le jour où Fus va revenir chez lui mal en point...

Je me suis retrouvée plongée dans cette famille dès les premiers mots. J'ai tout de suite ressenti que la lecture allait être percutante et marquante, par la force des mots employés, par la précision des faits relatés. J'ai été beaucoup touchée par l'histoire de ce père qui fait tout ce qu'il peut pour élever ses fils de la meilleure façon qui soit, essayant de garder son autorité de père tout en ayant la douceur de la mère absente. Il m'a beaucoup touchée, en tant que parent et en tant qu'homme aussi. Il fait passer ses fils avant tout le reste, il est lui-même très blessé par la mort de sa femme. Et parfois, on a beau faire tout ce qu'on peut pour son enfant, lui donner des bonnes bases, il suffit d'une mauvaise rencontre pour que tout bascule. C'est ce que l'auteur montre dans cette histoire, et c'est très émouvant. Il parle avec beaucoup de justesse de la vie de parent, de l'éducation des enfants, de la société, il brosse différents portraits de la société. Et tout cela également avec beaucoup de délicatesse tout en restant très franc et réaliste sur le sujet. Les personnages sont vraiment très bien travaillés. 

Je me suis très vite attachée à ce père, car en tant que parent, j'ai ressenti certaines de ses appréhensions, de ses doutes. Je suis tombée sous le charme de la plume de l'auteur et de sa façon très réaliste de s'exprimer, en employant un langage et un vocabulaire de tous les jours. J'ai reconnu certains mots patois de l'est de la France, et j'ai trouvé que cela rajoutait encore une touche de réalisme à l'histoire. Le choix narratif de l'auteur à la première personne du singulier rend le récit encore plus intimiste, le père se confie à nous, nous raconte ce qu'il ressent, on le vit en direct, on a peur avec lui, on est content en même temps que lui. C'est encore plus touchant et émouvant. Et en même temps, le récit est très réaliste sur la jeunesse, sur l'emploi, les études, tout ce qui fait que beaucoup de jeunes ont des bâtons dans les roues de mises par la société dès le début de leur vie de jeune adulte. Les relations avec les parents, l'éducation, sont des sujets fort importants de ce livre aussi. 

J'ai suivi ce père et ses fils avec beaucoup d'attention. Les chapitres sont courts, le livre en lui-même n'est pas très long, mais il se suffit. Cela ne l'empêche pas d'être dense, fourni et travaillé en profondeur. Les chapitres courts créent beaucoup de rythme à la lecture, tout comme les phrases parfois très courtes, le langage plus haché, qui rendent le rythme plus cassant. Je dois bien avouer que j'ai lu ce livre en une soirée. Je n'ai pas pu le laisser avant de l'avoir fini. Ce n'est pas un roman à suspense à proprement parler, mais il y en a beaucoup. Il y a surtout une tension qui fait que j'avais envie de savoir comment la situation allait évoluer, comment ils allaient tous s'en sortir. Les événements se précipitent, il arrive des choses que je n'avais pas vues venir, et cela rajoute un cran à l'envie de savoir. Tout en lisant, je m'imaginais plein de fins, et j'ai quand même réussi à me faire surprendre par celle proposée par l'auteur. 

J'ai passé un excellent moment avec ce roman, très intense, très fort. Je suis séduite par le style de Laurent Petitmangin et par sa façon de raconter une histoire. J'ai été très touchée par l'histoire de ce père, je ne m'attendais pas à être aussi émue. Ce père qui n'a pas de nom, restera pourtant fort ancré dans ma mémoire de lectrice. Je suis très contente d'avoir découvert Laurent Petitmangin, son style percutant et sa délicatesse. Je vais le suivre de près. Un nouveau roman sort à la rentrée littéraire d'août, Les terres animales, que je vais lire et je vous en parlerai très bientôt ici. J'ai très envie de continuer à découvrir cet auteur. Par peur d'être déçue, j'ai emprunté ce livre à la médiathèque, mais vu comme je l'ai aimé, je vais surement me le procurer pour l'avoir dans ma bibliothèque. Je comprends que ce livre ait eu autant de prix littéraires, il les mérite amplement.

Il ne me reste plus qu'à remercier Laurent Petitmangin pour tout ce qu'il m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. 

 

J'avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article