Ce que je n'ai pas du de Solène Bakowski
Publié aux éditions Plon
Résumé :
Hélène, la quarantaine, est enseignante. Avec Paul, un écrivain célèbre, elle a filé le parfait amour pendant dix ans. Jusqu’au jour où il a disparu, sans laisser d’adresse.
Un an plus tard, le téléphone sonne. Paul s’est tué en voiture, ses obsèques ont lieu le lendemain. Guidée par le besoin de comprendre, Hélène décide de s’y rendre. Elle va découvrir que Paul était, en réalité, un sublime inconnu…
Roman du grand amour et de la liberté, Ce que je n’ai pas su évoque avec une infinie délicatesse le pouvoir de la littérature et la joie retrouvée.
À propos de l'autrice :
Solène Bakowski vit à Paris. Elle est notamment l'auteure de Rue du Rendez-vous (Plon 2021, Harper poche 2022) et de Il faut beaucoup aimer les gens (Plon 2022), finaliste du prix Maison de la presse. Sensibles, profonds et lumineux, ses romans sont une invitation au rapprochement entre les êtres.
Mon Avis :
Solène Bakowski est une autrice que je voulais lire depuis un petit moment et je n'avais jamais eu l'occasion de le faire. Alors, cette année, je me suis dit qu'il fallait que je répare cette lacune, et c'est chose faite avec son nouveau roman. Je découvre la plume de cette autrice et je suis sous le charme, sa justesse et sa douceur m'ont tout de suite plu et je me suis laissée embarquer dans l'histoire de ses personnages.
J'ai donc fait la connaissance de Hélène. Elle a quarante ans, est enseignante. Elle a vécu pendant 10 ans avec Paul, écrivain. Seulement, celui-ci est parti sans raison aucune un an plus tôt. Jusqu'à cette journée où elle reçoit un appel téléphonique de l'éditrice de Paul lui informant que celui-ci est décédé dans un accident de voiture et que les obsèques ont lieu le lendemain. On imagine très bien le malaise ressenti par Hélène. Elle hésite à se rendre à l'enterrement, mais finit par y aller. Là-bas, elle va rencontrer la famille de Paul qui s'appelait en fait Julien, les relations sont tendues entre eux. Hélène se demande un peu où elle est tombée, ce qu'il se passe. Qui est cette Rachel, cette femme âgée que toute la famille de Paul/Julien rend responsable de sa mort. Et en plus, le corbillard est en panne et met du temps à arriver... heureusement, dans tout cela, une personne, la jeune soeur de Julien, va être plus sympa et venir parler avec Hélène. Mais celle-ci n'est pas au bout de ses surprises et va apprendre tout un pan de vie complètement inconnu de son ancien amoureux...
Et moi j'ai ressenti la même chose qu'elle. Je me suis mise à sa place et me suis demandée ce que j'aurais fait ou ressenti. Comme ça doit faire bizarre de découvrir une autre facette de la personne qu'on aime. Je me suis très vite attachée à Hélène, les évènements auxquels elle est confrontée font que l'on ressent beaucoup d'empathie pour elle. L'autrice arrive également à faire cet effet, à rendre proche de son personnage, à la rendre si réelle que j'ai souvent eu l'impression qu'elle existait réellement. Solène Bakowski montre avec brio les relations compliquées dans une famille, leur complexité, les non-dits qui font beaucoup de mal. Des situations que nous connaissons, qui font partie de la vie et qui sont souvent dures à vivre.
J'ai beaucoup aimé l'originalité de la construction de ce roman. Il est, en effet, ancré sur une double temporalité. On est dans le présent avec Hélène, le jour des funérailles, elle remonte parfois elle-même dans ses souvenirs. Et puis, à la fin des chapitres, il y a des sous-parties qui portent le titre du roman, où l'on est avec Julien avant qu'il ne devienne Paul. J'ai trouvé cela plutôt bien fait, cela nous permet de faire connaissance avec cet homme, de connaitre sa vie depuis sa jeunesse et peut-être de comprendre alors ce qu'il l'a poussé à quitter Hélène et la dernière année de sa vie. Cela crée un certain suspense, et rend la lecture très addictive, on a envie de savoir ce qu'il va se passer dans le présent d'Hélène, mais aussi de savoir pourquoi Julien est devenu Paul et pourquoi il a quitté Hélène. Cette construction donne également beaucoup de rythme à la lecture.
Je me suis très vite attachée aux personnages féminins, à ces deux femmes blessées par l'attitude de Paul/Julien. Par contre, là où j'ai eu un peu plus de mal, c'est par rapport à l'écart d'âge entre Rachel, l'autre femme amoureuse, et Paul/Julien. Elle a l'âge d'être sa mère, et j'avoue avoir eu un peu de mal à l'intégrer. Je suis pourtant ouverte sur toutes formes de relation amoureuse, mais je ne me voyais pas à la place de Rachel et draguer un copain de mon fils de 21 ans. Et ce n'est pas parce que c'est une femme, j'ai aussi le même malaise quand il s'agit d'un homme beaucoup plus vieux que sa femme. C'est sûrement moi qui ai un problème avec ça, c'est un avis tout à fait personnel, mais du coup, cela a fait que j'ai ressenti parfois un certain malaise face à ce couple. Cela prouve aussi que l'autrice a réussi à rendre ses personnages tellement vrais que le lecteur s'identifie à eux et qu'il met donc un peu de lui, de ses pensées, de son jugement.
Cela ne m'a pas empêchée du tout d'aimer l'histoire et de m'attacher à tous les personnages. Ce roman m'a vraiment parfois surprise, et m'a fait ressentir des choses que je n'ai pas l'habitude de vivre dans mes lectures. La narration est double, elle est à la troisième personne du singulier dans les chapitres concernant Hélène, et ceux concernant Paul sont à la première personne. Normalement, je suis plus sensible au "je" et arrive à me fondre dans le personnage, à être au plus près de lui et à ressentir ses émotions. Je m'attache moins à une narration à la troisième personne, j'arrive à garder une certaine distance. Et bien ici, c'est l'inverse qui s'est produit. Je me suis beaucoup plus attachée à Hélène qu'à Paul, je me suis sentie beaucoup plus proche d'elle, et n'ai pas toujours compris les choix de Paul. Je me rends alors compte que le choix narratif ne fait pas tout, et que ce que vivent les personnages ont plus d'importance. C'est une chose que je n'avais encore pas ressentie, et je suis plutôt contente d'avoir été un peu perturbée dans mon rite de lectrice.
Je découvre Solène Bakowski avec ce roman, et je suis contente de l'avoir fait. J'ai beaucoup aimé sa plume, la fluidité de son style, sa façon de construire son histoire, en mettant un peu de suspense, les messages qu'elle fait passer, tout un panel de sentiments. C'est une histoire riche et difficilement oubliable. J'ai aimé la façon dont elle dépeint les relations dans un couple, entre les membres d'une famille, les regrets que l'on ressent lorsque l'on perd une personne chère. Ce fut pour moi une lecture intense et pleine d'émotions.
Je vais continuer à découvrir Solène Bakoxki, en lisant ses précédents romans et en guettant son prochain. J'ai déjà repéré celui qui vient de sortir au format poche, "Il faut beaucoup aimer les gens", rien que le titre est toute une histoire, et le résumé est très prometteur. Je ne peux que vous recommander la lecture de ce roman, si vous ne connaissez pas encore cette autrice, n'hésitez pas à le faire.
Il ne me reste plus qu'à remercier Solène Bakowski pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. Et je remercie également Netgalley et les éditions Plon de m'avoir permis de découvrir ce livre et son autrice.
Un livre, c'est comme une rencontre. Il suffit qu'il arrive trop tôt ou trop tard pour qu'on passe à côté, et il faut croire que lui et moi avions rendez-vous.
Qui a le droit de prétendre qui on est ? Ne peut-on conquérir sa place ? N'a-t-on d'autre choix que de rester coincés dans le terreau qui nous a vus naître ?
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Ce que je n'ai pas su | Solène Bakowski | Plon
" Un roman décomplexé et audacieux qui ne ménage pas son lecteur côté émotions pour finalement prendre des positions affirmées sur la société, l'intolérance, la jalousie, la lutte des cla...
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