Ceci n'est pas un fait divers de Philippe Besson

Publié aux éditions Julliard

​​​​​​Résumé :

​​​​​​​Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. » 
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

À propos de l'auteur :

Philippe Besson est un écrivain, dramaturge et scénariste français, anciennement homme d'affaires. Il a été également critique littéraire. Depuis Son frère, publié en 2001 et adapté dans la foulée par le réalisateur Patrice Chéreau, Philippe Besson, auteur entre autres de L’Arrière-saison et de La trahison de Thomas Spencer, est devenu un des auteurs incontournables de sa génération. Il a par ailleurs écrit le scénario de Mourir d’aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise rencontre (2010) avec Jeanne Moreau et du Livre de Paul, le prochain film de Laure Duthilleul. Depuis la rentrée 2010, il anime l’émission Paris Dernière sur la chaîne câblée Paris Première. En janvier 2010, il a publié Retour parmi les hommes, la suite de son premier roman, En l'absence des hommes.

Mon Avis :

J'ai découvert Philippe Besson en fin d'année dernière avec son roman "Le dernier enfant" que j'avais beaucoup aimé. J'avais pu apprécier la plume sensible, et la profonde humanité de l'auteur. J'ai donc naturellement eu très envie de le lire à nouveau, le choix est grand dans sa bibliographie, mais quoi de mieux que de lire le dernier paru. J'étais en plus très touchée par le sujet et j'avais envie de voir comment l'auteur le traitait. Ce sujet, c'est le féminicide, un sujet très grave, très douloureux, dont il faut absolument parler. Et l'auteur le fait ici avec une extrême bienveillance.

L'histoire commence très fort. Dès la fin du prologue, la phrase est lâchée "papa vient de tuer maman". Celle qui dit cela, c'est la fille de 13 ans, elle est au téléphone avec son grand frère de 19 ans. Le jeune homme prend cela comme un coup de poing, le choc est immense, on se doute bien. Il accuse le coup, il se met surtout à la place de sa petite soeur qui a assisté à la scène. Il abandonne tout, et se dépêche de rejoindre sa soeur. Il faut s'occuper de tout, comme pour un décès, sauf que celui-ci est cruel. Le jeune homme va ainsi remonter le temps, sonder leur histoire familiale pour voir où cela a pu flancher, il culpabilise aussi, se reproche de ne pas avoir été là, il est dans une école de danse, sa passion, il va tout laisser tomber. Et puis, il y a cette petite soeur, traumatisée, qui a du mal à parler. Il leur reste un grand-père qui va les aider. Le grand frère raconte, il devient le narrateur, et parle de sa famille, de ses parents, leur rencontre, tout ce qui a fait leur vie jusque là, les failles, les disputes, ces éléments précurseurs qui auraient pu donner des informations sur ce que vivait la mère. Et aussi et surtout, il parle de leur présent, complètement bouleversé, modifié, avec ce père qui doit être jugé, la maison où ils ne peuvent plus aller car c'est une scène de crime. Tous les détails sont abordés. 

Et sous la plume de Philippe Besson, cela prend une tournure encore plus puissante. Il fait l'autopsie de cette famille en même temps que celle de la mère, tuée à dix-sept coups de couteau, cela montre la férocité du père. Cette histoire est tirée de faits réels, ce qui rajoute une dose d'horreur en plus, parce qu'elle est vraie. C'est affreux de savoir que des femmes meurent sous les coups de leurs compagnons. L'auteur fait une analyse aussi bien du passé que du présent des protagonistes. Il démontre avec brio qu'un féminicide n'est pas un fait divers, d'où le titre qui a tout son sens.

C'est magnifiquement bien écrit, comme je l'ai dit plus haut, j'ai retrouvé la même humanité, bienveillance. Jamais il ne fait dans le dramatique, il relate les faits sans en rajouter de trop, et j'apprécie beaucoup ce point. L'histoire est déjà très dure et éprouvante, pas la peine en plus d'en faire plus. Bien sûr, on s'attache énormément aux deux enfants et on ne supporte pas le père. L'auteur a choisi une narration à la première personne, le lecteur se retrouve ainsi à la place du grand frère. J'avoue que c'est encore plus marquant, j'ai eu l'impression d'être à sa place, de tout ressentir, j'ai été percutée par une multitude de réactions et de sentiments. Il règne tout de même à la fin, un certain espoir. 

C'est une histoire marquante, je pense que tout le monde sera touchée par ces deux enfants et par ce meurtre. Un féminicide ne devrait pas être un fait divers, et pourtant ça l'ait, sauf pour ceux qui sont touchés. Certains ne voudront pas lire ce roman à cause du sujet, moi je pense qu'il faut lire de tels livres. Pas par voyeurisme, non, pas du tout, mais pour se rendre compte et être conscient de ce qui se passe, et pourquoi pas, aider une personne, savoir trouver les mots, même si on ne fait que l'écouter, c'est déjà tellement. Vraiment, il faut lire des histoires comme celle de ce roman. Je ne peux que vous conseiller cette lecture. Ce livre se lit facilement, et rapidement, avec des chapitres courts qui rythment bien, et surtout une envie de savoir ce qui va arriver aux enfants. 

J'ai retrouvé avec grand plaisir Philippe Besson, ce livre m'a convaincue de mon avis sur son écriture, et je pense que je vais maintenant lire ses précédents romans. Le précédent, "Paris-Briançon" vient de sortir chez Pocket, il va vite rejoindre ma pile de livres à lire. Je vous recommande aussi cet auteur si vous aimez lire des livres contemporains et vrais. 

Il ne me reste plus qu'à remercier Philippe Besson pour ce moment de lecture intense.

Ceci n'est pas un fait divers | Philippe Besson | Julliard

Lui, c'est le grand frère, 19 ans. Un soir, sa petite soeur, 13 ans, l'appelle. Au bout du fil, rien, juste le souffle saccadé de la petite puis enfin les mots claquent "Papa vient de tuer maman"...

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