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Marie-Nel lit

La librairie de la place aux herbes de Éric de Kermel

14 Septembre 2022 , Rédigé par Marie Nel

La librairie de la place aux herbes de Éric de Kermel

Publié aux éditions Eyrolles

 

 

Résumé :

 

La librairie de la place aux herbes à Uzès est à vendre ! Nathalie saisit l'occasion de changer de vie pour réaliser son rêve. Devenue passeuse de livres, elle se fait tour à tour confidente, guide, médiatrice... De Cloé, la jeune fille qui prend son envol, à Bastien, parti à la recherche de son père, en passant par Tarik, le soldat rescapé que la guerre a meurtri, et tant d'autres encore, tous vont trouver des réponses à leurs questions.

 

 

À propos de l'auteur :

 

Eric de Kermel est journaliste et éditeur de magazines de nature. Il a vécu sa jeunesse entre le Maroc et l'Amérique du Sud avant de rejoindre la France. Son port d'attache est désormais dans un coin de garrigue, du côté d'Uzès. Père de quatre enfants, il met ses mots au service d'un engagement écologiste et humaniste. Il est l'auteur du roman Mon cœur contre la Terre, publié aux éditions Eyrolles.

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Mon Avis :

 

Je suis tout de suite tombée sous le charme de ce livre rien que pour le titre. En accro du livre, je craque devant ceux qui ont un titre comportant le mot bibliothèque ou librairie. Je me dis alors que forcément, il va être question de livres ou de lecture, et j'aime cette atmosphère livresque.​ Je ne connaissais pas Éric de Kermel, j'avais donc très envie de découvrir cet auteur. Et en plus, c'est publié chez une maison d'édition avec une ligne éditoriale qui me plaît, avec des histoires qui font réfléchir et qui sont bien souvent touchantes.

 

Et ce roman ne va pas faire exception à tout cela. J'ai beaucoup aimé cette histoire, et je suis même triste d'avoir quitté les personnages et l'ambiance.

Tout se passe à Uzès, une petite commune du Gard, proche du Pont du Gard. Je suis allée voir des photos sur le net, pour mieux m'imprégner des lieux. La place aux herbes existe vraiment et il y a une librairie. Là, j'y ai fait la connaissance de Nathalie, la quarantaine, mariée à Nathan, elle est professeur dans un lycée à Paris. Le couple va à Uzès en vacances. Lorsqu'un jour, en allant au marché sur la place aux herbes, Nathalie voit le panneau À vendre sur la porte de la librairie, elle n'hésite pas longtemps. Envie d'une autre vie, plus calme, et surtout proche de sa passion pour les livres. Nathan est architecte et peut travailler de partout. Nathalie ouvre donc sa librairie. Elle aime les livres depuis toute petite, elle aime les mots, ce qu'ils peuvent faire passer comme messages. Elle va être bien plus qu'une simple libraire. Elle parle avec ses clients, apprend à les connaître, va les écouter parler d'eux et de leur vie. Elle va les conseiller​​, et les guider vers les romans qui correspondent à leur vie du moment. 

 

Nous allons voir en tant que lecteurs, défiler toutes sortes de clients dans sa librairie. Cloé, tout d'abord, une jeune fille qui a besoin de s'émanciper et sortir des goûts imposés par sa mère. Il y a ensuite Jacques, un marcheur sur le chemin de Compostelle, Philippe, un voyageur et aventurier, Leïla, une éleveuse de chèvres qui vient vendre ses fromages au marché, Bastien qui trouble Nathalie et envoie des livres toujours à la même adresse, Tarik, un soldat français de la Légion étrangère à qui Nathalie fera la lecture, Soeur Veronika dont la rencontre va tomber à point nommé pour Nathalie, Arthur, le jeune facteur d'Uzès qui va trouver sa véritable voie grâce à la libraire, Solange, une amoureuse des plantes qui va se libérer et enfin Phileas, un homme mystérieux qui va en apprendre beaucoup à Nathalie sur Uzès et son histoire. 

Toutes ces personnes que. Nathalie va croiser vont changer grâce aux livres, ils vont analyser leur situation, la changer s'il faut. Et ils vont également tellement apporter à Nathalie, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée avec Nathan, avec sa fille Élise, dont les rapports sont parfois un peu tendus. Nathalie va se transformer au contact de ses clients, elle va grandir, elle va puiser en eux une grande sagesse et une autre vision de la vie. Nathalie conseille des lectures adaptées au futur lecteur et à ce qu'il vit au moment où il vient. J'ai beaucoup aimé cela, je me suis retrouvée dans certains lecteurs, dans certaines réactions de Nathalie. J'ai moi-même noté certains livres conseillés afin de les lire. 

 

Être libraire est un rêve que j'aurais aimé réaliser. En amoureuse des livres, qui n'a pas rêvé d'avoir sa librairie, de déambuler parmi les rayons, de parler avec les lecteurs. J'aimerais beaucoup avoir une libraire comme Nathalie. Je crois que je m'en ferai vite une amie. En tout cas, je me suis très vite attachée à elle, dès le début du livre. Son histoire, ses doutes, ses failles ont fait écho en moi, et j'avais parfois l'impression de me retrouver en elle, dans ses réactions. Elle apporte tellement aux personnes qu'elle croise, elle est lumineuse, solaire. C'est une personne que j'aurais aimé avoir dans ma vie. Je suis admirative devant la façon toute simple et naturelle qu'a eu l'auteur de se glisser dans la peau d'une narratrice. J'ai eu la sensation que c'était une femme qui écrivait tellement il a réussi à retranscrire la sensibilité féminine et tout ce qui va avec.

L'attachement est renforcé par l'utilisation de la première personne du singulier comme choix narratif. J'aime beaucoup l'emploi de ce "je" qui me permet d'encore plus rentrer dans la peau du personnag, de rentrer dans sa tête, et de ressentir la moindre de ses émotions. J'ai vécu en tant que Nathalie le temps d'un roman et j'ai adoré. Les émotions et les différents sentiments sont très bien retranscrits par l'auteur, je suis passée par différents états, j'ai souri, ri, été émue, très émue. J'ai vécu un maelstrom d'émotions pendant toute ma lecture. 

 

J'ai pris également beaucoup de plaisir à découvrir la plume de Éric de Kermel. Un style d'une très belle fluidité, il sait emmener le lecteur dans son histoire dès le début, il décrit très bien les lieux, j'ai vu Uzès au travers de ses mots et j'ai trouvé cela très joli. Et tout cela sans alourdir le texte, tout se lit très facilement. J'ai ralenti exprès ma lecture pour rester plus longtemps avec les personnages, avec Nathalie et sa librairie. Eric de Kermel fait passer de belles valeurs sur la vie, la confiance en soi, sur l'amour de soi et des autres, le partage. Il n'y a pas de chapitres, chaque partie concerne un personnage rencontré à la librairie. Le livre objet est très beau. Il est illustré par Camille Penchinat à chaque fin et début de chapitre. Ses dessins représentent parfaitement le personnage et les faits. Et à noter également une très belle préface signée Erik Orsenna. Ce qu'il dit est très beau. Tout comme Éric de Kermel, plein de poésie, et des phrases qui font réfléchir. Vous savez le genre de mots que vous avez besoin de relire plusieurs fois pour les déguster, pour les prendre pour soi, et qui nous poussent à réfléchir alors sur notre propre situation. Je vous ai relevé et noté ci-dessous les phrases qui m'ont le plus marquée. Il y en a plein d'autres, mais je n'allais pas recopier le livre ! À vous de les découvrir en lisant ce roman. 

 

Je pense que vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman, que je vous conseille vivement, que je prêterai autour de moi, j'aimerais que tout le monde connaisse la librairie de la place aux herbes. Allez vous aussi à la rencontre de Nathalie, je suis sûre que vous ne serez pas deçus. De mon côté, je vais suivre Éric de Kermel de près, je le lirai à nouveau avec grand plaisir. 

 

Il ne me reste plus qu'à remercier Éric de Kermel pour tout ce qu'il m'a fait vivre pendant la lecture de son roman. Et je remercie également les éditions Eyrolles et son club de lecture pour la belle découverte. 

Les livres ne sont pas jaloux. Ils s'effacent pour laisser leur place à un nouvel amant et savent rester immobiles et patients durant des siècles avant d'être réhabilités par le bras d'un enfant tendu vers un rayonnage.

Prendre le temps de lire n'est pas seulement tourner page après page, mais prendre le temps des mots. Le temps de s'arrêter, de mâcher les mots comme l'herbe folle que l'on ramasse en balade et que l'on porte à sa bouche. Accepter de les déposer, comme on laisse reposer une pâte à crêpes, et de les reprendre ensuite.

Souvent, les livres que l'on lit intégralement mais que nous n'aimons pas sont ceux qui nous renvoient à nos propres trous noirs.
Lorsque nous croisons la trajectoire d'un livre, c'est que nous avons rendez-vous. Qu'il était temps que la rencontre ait lieu. Quand nous parlons d'un livre, ce n'est pas seulement de ce que nous avons lu que nous parlons mais de nous-mêmes.

Les mots des livres sont comme des vagues nées à l'autre bout du monde qui rejoignent nos vies en se fracassant sur nos falaises ou en glissant avec douceur sur une plage de sable fin. Ce n'est pas en refermant un livre qui nous dérange que nous faisons disparaître les falaises.

Peut-être que les libraires sont finalement un peu des voyeurs. Les livres sont la glace sans tain par laquelle ils peuvent découvrir leurs congénères.

Il est fort le lien qui se crée entre deux lecteurs, réunis par l'émotion d'un même livre. Le livre est alors le médiateur qui permet de comprendre l'autre et d'être soi-même mieux connu, déshabillé par des mots lus en commun.

J'essaye de leur faire comprendre que l'on peut être heureux dans sa propre vie, bâtir des projets et s'épanouir avec ceux que l'on aime, sans pour autant culpabiliser pour ceux qui vivent plus difficilement. Le bonheur des uns n'aggrave pas la situation de ceux qui souffrent. Je crois cependant qu'il est important de vivre en ayant conscience de la chance de nos joies, des multiples possibles ouverts devant nous, quand d'autres n'ont qu'un seul chemin à emprunter, parfois pieds nus, et avec une espérance de vie très limitée sous la pression des maladies, des famines ou des guerres qui sont le quotidien du pays où ils vivent.

Une femme doit d'abord être capable de générer du bonheur pour elle-même si elle ne veut pas se trouver dans une dépendance affective avec son compagnon.

Comme il est intime le rapport entre un lecteur et un livre ! Le temps de sa lecture, chacun est totalement libre de faire vibrer les mots parcourus et de laisser son imagination vagabonder. Libre de s'arrêter sur un mot, de traîner sur une phrase, voire de s'y endormir. Certains mots ont la douceur d'un oreiller en plumes, d'autres ont la rusticité de la terre. Les livres peuvent faire disparaitre les barreaux des prisons. Au sens propre comme au figuré.

Même si la relation avec des amis d'enfance est riche du partage d'une longue histoire commune, les amitiés tardives ne sont pas encombrées du passé et se développent en permettant à chacun de donner à voir ce qu'il est vraiment dans la plénitude d'un âge et avec l'expérience d'un parcours qui a pu connaître des passages délicats désormais relégués au rang de l'histoire ancienne.

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