Nos rêves échoués de Carine Joaquim
Publié aux éditions La Manufacture des Livres
Résumé :
À quatorze ans, Clarisse est considérée comme une adolescente difficile. L’étiquette dissimule les angoisses de sa mère, l’indifférence de son père, des difficultés scolaires de moins en moins surmontables. Clarisse hait son quotidien, voudrait fuir loin de tout et de tous, gagner une liberté à la hauteur de ses rêves. Un jour, au lieu d’aller au collège, elle part. Au cours de sa fugue, sa route croise celle de Tony, jeune homme sensible et mystérieux qui la prend sous son aile. Sur les côtes paradisiaques et ensoleillées du Portugal, ils se découvrent, s’apprivoisent et vivent au jour le jour. Mais leurs doux rêves sont fragiles et la réalité menace de les rattraper, bien plus tortueuse et tenace que leur idylle. Jusqu’où devront-ils aller pour fuir un monde qui les condamne ?
Avec ce second roman, Carine Joaquim nous fait vibrer au cours du voyage initiatique de deux jeunes épris de liberté, prêts à tout pour défendre la pureté de leurs émotions, malgré les doutes qui s’immiscent, les corps qui les trahissent. Les rêves échoués est l’intense épopée d’une adolescence à fleur de peau.
À propos de l’autrice :
Née en 1976 à Paris où elle grandit, Carine Joaquim vit aujourd’hui en région parisienne et y enseigne l’histoire-géographie. Si elle écrit depuis toujours, c’est depuis six ans qu’elle s’y consacre avec ardeur.
Mon Avis :
Je connais déjà Carine Joaquim pour avoir lu son précédent roman Nos corps étrangers qui m’avait profondément remuée. J'avais été touchée par sa grande sensibilité, son style fluide, précis, son amour des mots. Ce second roman, que je lis d'elle, me conforte dans ce même sentiment.
Clarisse est une jeune ado de treize ans et demi, c'est une gamine pleine de colère et de rancoeur, une écorchée vive comme il est dit dans le résumé. Elle est éternellement en opposition avec ses professeurs, avec ses parents, c'est encore pire. Il faut dire que sa mère est une femme stressée et dépassée, et son père un homme plus que laxiste qui se fiche complètement de ce que peut faire sa fille. Ils ne s'occupent pas de Clarisse, et petit à petit sont complètement dépassés devant ses paroles et ses agissements. Elle se sent seule. Un jour, après une énième bêtise faite au collège, elle décide de fuguer. Elle part. Au début, elle doit rejoindre un garçon qu'elle a rencontré sur le net...il va s'avérer qu'il n'est pas celui qu'elle croyait...mais dans son malheur, elle va trouver une personne sur qui s'appuyer. Et ensemble, ils vont partir, quitter Paris pour rejoindre le Portugal. Va s'en suivre une fuite infernale, une sensation de liberté folle que Clarisse voudra garder le plus longtemps possible. Mais la vie et ses malheurs sauront la rattraper…
Dans ce roman, Carine Joaquim m’a emmenée voyager au Portugal avec Clarisse. J’ai retrouvé avec plaisir sa façon de décrire les paysages, les villes, les plages, les routes avec les parfums, les goûts, les habitants. Une immersion totale dans ce pays. De même, on retrouve une nouvelle fois le domaine de l’enseignement avec les différents problèmes que l’on connait surtout dans les grandes villes, l’impossibilité pour certains profs de se faire entendre et avoir de l’autorité, la délinquance. C’est un thème qui revient et l'autrice en parle toujours aussi bien.
Il est impossible de ne pas s’attacher à Clarisse. C’est pourtant, au début du roman, une fille ingérable, qu’on ne sait pas comment prendre sans se récolter une réflexion, mais elle reste pour autant fragile sous ses allures de grande dure. Et plus son histoire va passer, et plus on aime cette gamine. J’ai eu envie de la consoler, de la guider, de l’aider à se confier, car on devine vite qu’elle cache un fait qui s’est passé dans son enfance. Et ces sentiments qu’on a envers elle vont en augmentant au fil des pages pour atteindre son paroxysme à la fin. Le personnage avec qui Clarisse fait sa fugue est aussi attachant…
La grande force de Carine Joaquim est la manière tellement réaliste qu’elle met dans ses romans. On découvre au début Clarisse avec un parler d’adolescente difficile, avec des gros mots, des expressions type de ces jeunes en difficultés. Plus Clarisse se sent mieux dans ses baskets, plus elle se détend, et plus son vocabulaire change, s’adoucit pour révéler la véritable belle gamine qu’elle est au fond d’elle. Carine Joaquim a su rendre Clarisse tellement réelle que j’avais presque envie de connaître son adresse pour aller la voir. Son histoire est bouleversante, elle va vivre des moments atroces, difficiles, à se demander comment elle va arriver à garder la santé et à se sortir debout de tout cela. Un très beau geste final lui permettra de continuer à aimer la vie malgré tout. Ça devient rare les romans qui me touchent, mais alors celui-ci...j'étais effondrée, j'ai versé ma larme, je me suis même exprimée à voix haute…j’étais tellement prise dans ce malström d’émotions que je n’arrivais pas à lever mes yeux de ma lecture.
Carine Joaquim m’a touchée en plein cœur plein de fois le temps d’un livre. Après lecture, je comprends la couverture, avec cette personne devant l’océan, comme au Portugal. Le titre prend lui aussi toute sa signification au fil de l’histoire, et surtout après cette phrase « Et alors il ne restera plus de nos rêves que des souvenirs lacérés. »….des rêves échoués…le mot est fort mais si bien trouvé quand on sait ce qu’il va se passer dans la vie de Clarisse…L’auteure nous transmet de très beaux messages d’amour, d’espoir, de liberté avec un grand L, elle nous parle aussi de la délinquance, des déséquilibrés sexuels, de la maltraitance…et tout ceci avec beaucoup de justesse, sans en rajouter de trop.
La lecture se fait avidement, à cause de l’histoire mais aussi par sa construction, avec ces chapitres en italique qui reviennent sur l’enfance de la jeune fille et ses souvenirs…on comprendra plus tard leurs douloureuses significations…
Je ne vais pas oublier de sitôt Clarisse..oh non…mon cœur de maman a saigné me rappelant en même temps mon adolescence…
J’espère avoir pu vous faire passer à travers cette chronique tout ce que j’ai ressenti en lisant ce rêve dévoré. Je ne peux que vous conseiller ce très bon roman. Si vous ne connaissez pas encore Carine Joaquim, n’hésitez pas à la découvrir. J’ai envie de me plonger à nouveau dans l’univers de Carine Joaquim, et hâte de la lire à nouveau.
Il ne me reste plus qu’à remercier Carine Joaquim pour ces très bons moments de lecture tellement intenses.
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La porte se referme et nous voilà tous attablés dans un silence lourd, à nous mater les uns les autres, les lèvres tirées dans un simulacre de sourire pour masquer notre anxiété. Maman tritu...
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