Moi, Œdipe de Alain Le Ninèze
Publié aux Ateliers Henry Dougier
Résumé :
Apprenant une terrible prophétie qui le voue au parricide et à l’inceste, le jeune prince Œdipe fuit le royaume de Corinthe pour tenter d’échapper à son destin. Ses pas le mènent à Thèbes, ville dévastée par le Sphinx, qui propose une énigme à tous ceux qui croisent sa route. En la résolvant, Œdipe élimine le monstre et est accueilli en héros par les Thébains. Tout semble alors lui sourire. Jusqu’au jour où un doute l’assaille et l’amène à lancer une enquête sur ses origines…
Doit-on absolument tout savoir sur soi-même ? L’homme est-il libre ou bien est-il le jouet du destin ? Peut-on faire le mal en croyant faire le bien ? Autant de questions essentielles devant lesquelles nous place le personnage d’Œdipe qui, arrivé au soir de sa vie, nous raconte ici son aventure dans une autobiographie fictive.
À propos de l’auteur :
Alain Le Ninèze est un écrivain français. Il est l’auteur d’essais ou de fables philosophiques et, depuis 2008, de romans historiques portant sur l’Antiquité et la Renaissance, tous publiés chez Actes Sud : Sator, 2008 (prix Jean d’Heurs du roman historique) ; La Controverse de Bethléem, 2009 ; Agla, 2012 ; Libica (à paraître en mars 2014).
Agrégé de lettres classiques, Alain Le Ninèze a été professeur dans l’enseignement secondaire, puis inspecteur régional des lettres des académies d’Orléans-Tours, Versailles et Paris. Il vit actuellement entre la Bretagne et Paris.
Mon Avis :
Les Ateliers Henry Dougier lancent une nouvelle collection et elle promet déjà un beau succès. Je suis déjà fan de leurs autres collections comme « Le roman d’un chef-d’œuvre » qui retrace l’histoire d’un tableau ou d’une œuvre d’art. Ici, la parole est donnée à des personnages mythiques, des Dieux, des héros. Ils vont raconter leurs histoires au travers de la plume d’écrivains. Les deux premiers ouvrages sortis sont sur Vénus et Œdipe. J’ai choisi de découvrir ce dernier, même si je suis très intriguée par le personnage de Venus.
Alain Le Ninèze donne donc la parole à Œdipe qui se raconte. Je connais ce personnage grâce, surtout, au complexe du même nom, rendu célèbre par Freud. Cette phase de l’enfance où l’enfant est attiré par un de ses parents. Je connaissais donc plus ou moins l’histoire d’Œdipe, je suis contente d’avoir pu le découvrir plus en détail grâce à ce livre.
Œdipe se raconte. Lorsqu’on le rencontre au début du livre, c’est un vieillard qui fuit Thèbes avec sa fille Antigone. Il va croiser le chemin d’un voyageur, Demetrios, à qui il va faire une prophétie qui va s’avérer juste. Il va revenir voir Œdipe le soir même, et celui-ci lui racontera son histoire. Et ce depuis sa naissance qui commence au palais royal de Corinthe où il est le fils unique de Polybe et Mérope. Plus tard, il va fuir ce palais pour échapper à un oracle lui prédisant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Il se rend ainsi à Thèbes, où il va affronter un Sphynx et ainsi devenir le roi de Thèbes en épousant Jocaste. Il aura quatre enfants avec elle, mais malheureusement, le destin va le rattraper et la prophétie aussi. Et il se retrouvera, les yeux crevés, à errer et mendier…
Ce récit est construit comme un livre à suspense. Je me demandais bien comment la prophétie allait se réaliser vu qu’Œdipe avait quitté ses parents. Je n’ai pas du tout pensé à cela. C’est fait pour montrer que ce que le destin mettra sur notre route et devra de toute façon se réaliser, quoiqu’on ait décidé de faire pour essayer de le modifier.
Je me suis très vite attachée à Œdipe. Il est conscient du drame dont il pourrait être l’origine et lutte pour essayer de le contrer le plus possible. L’attachement est renforcé aussi par la narration à la première personne du singulier qui est celle qui doit être lors d’un récit autobiographique. Ce « je » me permet de rentrer encore plus dans la peau et la tête du personnage, de me mettre à sa place et de ressentir toutes les émotions qui le traversent. Et celles-ci sont nombreuses comme on peut se douter.
La lecture est passionnante. Comme je le disais plus haut, le livre est construit comme un roman à suspense. Je savais que la prophétie allait se réaliser mais c’était surtout le comment qui était captivant. Le format du livre est court, il y a en tout 128 pages, comprenant les notes de l’auteur et ses remerciements. Je l’ai donc lu sur un après-midi. Le style de l’auteur rajoute beaucoup de fluidité à la lecture. Il va à l’essentiel tout en détaillant les scènes et leurs décors.
Et puis, bien sûr, cette chronique ne serait pas complète sans parler de la beauté du livre en tant qu’objet. La couverture est magnifique et représente Œdipe face au Sphynx, un tableau de Gustave Moreau. Celui-ci est encore plus détaillé à l’intérieur du livre. Il y a aussi d’autres représentations d’Œdipe avec des œuvres d’autres peintres, Michel-Ange, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Antoni Brodowski entre autres. Ces œuvres sont magnifiques. Et le papier brillant utilisé pour l’impression du livre le rend encore plus beau. J’en ai pris plein les yeux. J’adore quand mes lectures m’enrichissent ainsi. Je ne me souvenais plus bien de l’histoire de ce mythe, et j’ai aussi découvert plein de belles œuvres d’art. Je crois qu’il faut absolument avoir ce livre dans sa bibliothèque, rien que pour sa beauté. Et le petit plus de ce livre, ce sont les rabats qui cachent des détails agrandis de du tableaux.
J’avais déjà lu d’autres livres d’Alain Le Ninèze, notamment celui sur Mona Lisa (Dans les yeux de Mona Lisa) publié également aux ateliers Henry Dougier. Il a aussi écrit sur les peintres Manet et Caravage dans la très belle collection de la même maison d’édition, « Le roman d’un chef-d’œuvre ». J’aime beaucoup sa façon de m'embarquer dans son récit, de me laisser imaginer que j’en fais partie. Il sait aussi parler avec des mots simples, l’histoire pouvant être lue ainsi par tous. Ce qui permet de s’instruire tout en se divertissant. Au vu des références qu’il a noté en fin d’ouvrage, on se rend compte du travail qu’il a dû faire en amont pour amener un texte si précis, malgré que ce soit un mythe.
Je suis vraiment très satisfaite de cette lecture et de la découverte de cette nouvelle collection. Je vais continuer à la découvrir d’ailleurs en lisant celui paru en même temps que celui-ci, Moi, Vénus. En octobre 2022, devrait paraître un sur Ève et un sur Judith. Encore de quoi en apprendre plus sur ces personnages mythiques. C’est d’ores et déjà pour moi une collection très réussie que je vais continuer à suivre. Et un très beau coup de cœur.
Je ne peux, bien entendu, que vous recommander et vous conseiller ce roman, mais aussi cette nouvelle collection et sa maison d’édition. Ce sont toujours des livres à la portée de tous, et on apprend plein de choses très intéressantes.
Il ne me reste plus qu’à remercier Alain Le Ninèze pour ce très bon moment de lecture, riche et intéressant. Et je remercie également les Ateliers Henry Dougier pour leur confiance renouvelée en mon blog.