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Marie-Nel lit

Les possibles de Virginie Grimaldi

28 Juin 2021 , Rédigé par Marie Nel

Les possibles de Virginie Grimaldi

Publié aux éditions Fayard

 

 

Résumé :

 

Juliane n’aime pas les surprises. Quand son père fantasque vient s’installer chez elle, à la suite de l’incendie de sa maison, son quotidien parfaitement huilé  connaît quelques turbulences.
Jean dépense sa retraite au téléachat, écoute  du hard rock à fond, tapisse les murs de posters d'Indiens, égare ses affaires, cherche son chemin.
Juliane veut croire que l’originalité de son père s’est épanouie avec l’âge, mais elle doit se rendre à l’évidence  : il déraille.
Face aux lendemains qui s'évaporent, elle va apprendre à découvrir l'homme sous le costume de père, ses valeurs, ses failles, et surtout ses rêves.
Tant que la partie n'est pas finie, il est encore l'heure de tous les possibles.

 

 

À propos de l'autrice :

 

Virginie Grimaldi est née en 1977 à Bordeaux où elle vit toujours. Traduits dans plus de vingt langues, ses romans sont portés par des personnages attachants et une plume poétique et sensible. Ses histoires, drôles et émouvantes, font écho à la vie de chacun. Elle est la romancière française la plus lue de France en 2019 et 2020 (Palmarès  Le Figaro  : GFK)

 

 

Mon Avis :

 

Qui ne connaît pas Virginie Grimaldi ? Même si on ne l'a jamais lue, on a de toute façon entendu parler d'elle, elle est quand même la romancière la plus lue en France ces deux dernières années. Je la connais donc, je n'ai pas lu tous ses romans, mais je sais qu'à chaque fois que je vais en ouvrir un, je vais être submergée d’émotions. Bien sûr, c’est l'effet que ce genre de romans fait sur moi, ça ne marche pas pour tout le monde, chacun ses goûts, comme on dit.

 

Les émotions ont encore été au rendez-vous avec cette histoire. J'ai été partagée tout le long de ma lecture entre les rires et les larmes. C’est très contradictoire comme sensation, et c’est la force de ce roman.

J’ai ainsi fait la connaissance de Juliane, une femme mariée à Gaëtan et mère d'un garçon, Charlie. Celui-ci est dysphasique, et souffre déjà du regard des autres. Juliane est jeune femme heureuse, qui prend soin de sa famille. Tout va être bouleversé le jour où elle va accueillir son père chez elle. La maison de celui-ci a pris feu, il est sans logement. Jean est séparé de la mère de Juliane et vit seul. Cette installation chez elle devait être temporaire jusqu’à ce que Juliane se rende compte que le comportement de son père n'est pas normal, il cherche des affaires qu'il a égarées, surtout sa carte vitale, il a des propos parfois étranges. Mais au début, Juliane ne pense pas au pire. Jean a toujours été un personnage hors du commun, un peu excentrique, il est passionné par les Indiens, mettant des postes partout dans sa chambre, il veut installer un tipi, il se déguise, il est resté un grand enfant dans sa tête. Mais les jours passent, et l’état de son père ne se stabilise pas, et Juliane décide donc de lui faire passer des examens.

 

Je n'en dirai pas plus, c’est amplement suffisant. J'ai aimé ces personnages. Je me suis très vite attachée à Juliane, à sa famille et à Jean bien sûr. Ils sont tous très attachants et hyper émouvants. L’attitude désinvolte de Jean fera comprendre bien des choses à Juliane, et lui fera surtout voir la maladie de son fils différemment, elle arrivera à accepter les différences et à en faire une force.

Je crois qu'il est impossible de ne rien ressentir face à Jean. Son excentricité et ses troubles provoquent des situations tellement cocasses que l'on ne peut s’empêcher d'en sourire ou d'en rire, et cela même en sachant que c’est dû à quelque chose de grave et triste. Je me souviendrai un moment encore de la scène où il met des CD dans le cerisier pour empêcher les merles de venir ou de ses chamailleries avec le voisin, Mr Colin, que Jean appellera toujours Mr Cabillaud. Je n'oublierai pas non plus les petits papiers qu'il peut mettre aux rétroviseurs des gens qui l’énervent. Bref, je garde en-tête plein d'anecdotes qui m'ont fait si souvent sourire.

 

Virginie Grimaldi explore bien toutes les facettes des rapports entre père et fille, mais aussi celles de la maladie, de la dégénérescence. Face à la maladie, on a tous plusieurs seuils, ça commence par le déni, on n’accepte jamais la maladie chez les gens qu'on aime, surtout chez nos parents. Pour nous, leurs enfants, nos parents sont et seront toujours les plus forts, sans défaillance, toujours prêts à nous aider. Et quand les rôles s'inversent, que ce sont nous qui devons les aider, les protéger, les secourir, les rapports changent. Après le déni, il y a la phase d'acceptation, où on est plus conciliants, on a toujours envie de se battre, d'ailleurs  accepte-t-on un jour de voir diminuer et partir nos parents.

 

L’histoire de Juliane et Jean ne peut que ramener à nos propres vécus. J'ai beaucoup pensé à mon papa en lisant ce livre, même si il ne ressemble pas du tout à Jean, même s'il n'est pas parti de la même façon, il n'est pas possible de faire autrement que de mettre un peu de nous. Cela fait 15 ans que mon père est décédé et je continue à penser à lui chaque jour, j'ai accepté son absence mais je ne m'y fais toujours pas. Combien de fois je me demande ce qu’il aurait pensé ou dit, c’est parfois compliqué aussi de voir dans mes enfants des ressemblances avec lui, je suis heureuse de le voir à travers eux et en même temps triste que lui ne les voit pas…

 

Bon je m’égare, mais cette histoire m'a tellement ramenée de souvenirs en-tête, et pour en avoir discuté avec d'autres lectrices, cela a fait le même effet sur elles. Ce que l'autrice veut aussi faire passer comme message, c’est qu'il faut profiter des gens qu'on aime tant qu’ils sont encore là, et que tous les possibles sont encore faisables quand ils sont près de nous. Les messages et les valeurs sont nombreux, et l'autrice en parle avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. On n'est jamais dans le voyeurisme, il règne toujours beaucoup de pudeur dans les démonstrations de sentiments, positifs comme négatifs. La fin est magnifique, pourtant je l'ai redoutée, car je la sais inéluctable, mais elle est belle, porteuse d’espoir. Quand on a fini de lire son livre, on tire plusieurs conclusions. Qu'il faut profiter des gens qu’on aime tant qu'ils sont là, que tout est toujours possible, et qu'il faut réaliser ses rêves le plus possible pour ne pas vivre avec des regrets. C’est une histoire qui fait réfléchir et remet certaines pensées à leurs places.

 

J'ai beaucoup aimé cette histoire, que j’ai lue à la fois rapidement et à la fois en voulant freiner. La construction fait que l’on lit très vite. Les chapitres sont très courts, 2 ou 3 pages, chacun d'eux représente une sorte de saynète où il se passe à chaque fois un petit événement, une petite péripétie. Chacun lié les uns aux autres forment alors un tout où l'on voit l’état de santé du père diminuer. Le livre est divisé en six parties, représentant à chaque fois un état d’esprit face à la maladie, le déni, la colère, l'acceptation, la dépression, etc…les chapitres sont rythmés par des titres de musique, de chansons qui donnent l’ambiance du moment. J'aime beaucoup quand il y a des références musicales dans les romans.

 

L’attachement à Juliane est renforcé par le choix narratif de l’autrice qui est celui auquel je suis le plus sensible et celui qui, pour moi, permet de se rapprocher le plus du personnage. Elle a utilisé en effet la première personne du singulier pour raconter, ce « je » permet de se mettre complètement à la place de Juliane, de rentrer dans sa tête, de ressentir chacune des émotions qui la traversent. Et elles sont nombreuses, comme je vous l'ai déjà dit. Cela renforce vraiment toutes les sensations et les met à fleur de peau.

En plus le style d'écriture est évidemment très bon, très fluide, je me suis retrouvée emportée dès les premières pages, dès les premiers mots, pour ne me laisser qu’à la fin. J'ai lu ce livre sur plusieurs jours car je participais à une lecture commune, tous les jours, j'avais hâte de retrouver mon livre, les personnages, l'ambiance. Et j’étais triste à chaque fois de les quitter.

 

J'ai lu ce livre en numérique, mais je pense que je me l’achèterai très sûrement  afin de l'avoir dans ma bibliothèque et ainsi pouvoir le relire quand j'ai envie de retrouver un peu de douceur. Ce livre m'a plu du premier au dernier mot. Même les remerciements sont touchants et émouvants, l’autrice y parle de son propre père, de ses amis, et c’est très touchant.

 

Je ne peux que vous conseiller ce roman. Si vous connaissez Virginie Grimaldi, vous aimerez cette histoire où on retrouve toute sa sensibilité et son humour. Et si vous ne la connaissez pas, c’est peut-être le moment de le faire, afin de vous faire une idée. Ce livre est comme un partage, celui de Virginie Grimaldi, un partage d'amour, d’émotions et d'humour. Il y a certainement une part d'elle dedans, en tout cas, elle a bien fait de réaliser son rêve, car depuis, elle nous régale avec de très belles histoires. De mon côté, je vais continuer à la suivre, je vais lire des anciens romans et rester à l’affût du prochain.

 

Je tiens à lui adresser tous mes remerciements pour tout ce qu'elle m’a fait vivre le temps d'une lecture, pour tout ce qu'elle a ravivé comme souvenirs et pour toutes les émotions qu'elle a partagées. Et un grand merci également aux éditions Fayard et à  NetGalley qui m'ont permis de lire ce livre.

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