Le pont d'argile de Marcus Zusak
Publié aux éditions Le livre de poche
Résumé :
Chez les Dunbar, on vit dans un grand bazar : sans parents, sans règles et entouré d’animaux. Cinq frères partagent un quotidien qui n’est que fourberies, défis en tout genre et coups de cœur.
Mais aujourd’hui, le père qui les a abandonnés revient avec une demande étrange : lequel de ses garçons acceptera de construire un pont avec lui ? Tous s’indignent violemment, sauf Clay, le fils du milieu, le plus fragile. Mais pourquoi accepter cette main tendue d’un père qui est parti ?
Dans la veine de Et au milieu coule une rivière et de Légendes d’automne, un grand roman sur le lien qui unit père et fils ; et une superbe histoire d’amour qui met à l’honneur le cœur brisé des hommes. Une saga familiale bouleversante de justesse et de poésie.
À propos de l’auteur :
Marcus Zusak est un auteur australien. Son roman La Voleuse de livres, immense succès international traduit dans 40 pays et adapté par Hollywood, est le seul livre à être reste une décennie entière sur la liste des meilleures ventes du New York Times.
Mon Avis :
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, il fait partie de la sélection de mai dans la catégorie littérature. Pour expliquer en quelques mots comment fonctionne ce prix, nous sommes cent trente jurés dans chaque catégorie qui, chaque mois, de février à août, allons lire une sélection de trois romans, en choisir un, et à la fin des sept mois, nous devrons choisir le gagnant du Prix parmi les sept romans que nous aurons sélectionnés. C’est une belle aventure que j'ai déjà eu l’occasion de vivre, elle m'a permis de faire de très belles découvertes de romans et d'auteurs que je ne connaissais pas toujours.
C’est le cas ici avec ce roman. Je ne connaissais pas Marcus Zusak, j’ai juste déjà entendu parler de son autre roman La voleuse de livres. Mais je n'avais jamais vu ce livre même lors de sa sortie en grand format. C’est donc avec une grande curiosité que j'ai commencé ce roman. C’est un beau pavé de 740 pages, j'ai toujours peur avec un nombre important de pages, de l'ennui, des longueurs. Mais ça ne l'a pas fait ici. C’est une assez bonne surprise.
Je ne vais pas trop revenir sur l’histoire, qui est assez complexe. On va suivre une famille, les Dunbar. Une famille avec cinq fils. C’est l'un d'eux, l’aîné, Matthew, qui va raconter l’histoire de sa famille. Le père, Michael, surnommé « l'Assassin », revient à la maison familiale, il a quitté le domicile il y a déjà bien longtemps, laissant ses fils seuls, se débrouiller. Il revient car il a besoin d'aide pour construire un pont au-dessus d'une rivière, là où il habite actuellement. Aucun des frères Dunbar ne veut y aller, sauf Clay, le garçon du milieu de la fratrie. Cette main que le père tend, suffira-t-elle à renouer les liens entre le père et les fils. On sent entre eux beaucoup de non-dits. Et en tant que lecteur, on voudrait bien savoir pourquoi il est surnommé l'Assassin.
On va ainsi suivre cette famille pendant plus de sept cents pages. Clay va partir avec son père. On va être dans le présent mais aussi dans le passé. Matthew, qui est le narrateur, va ainsi raconter l’histoire de cette famille, les origines de leurs parents, la rencontre de leur père et leur mère, Pénélope. Quand on comprend que celle-ci est morte, on se demande si ce n'est pas le père qui l'a tuée, vu son surnom. C’est une information que l'on saura plus tard.
Les frères Dunbar sont très soudés entre eux, ils font les quatre cents coups, aiment se défier dans des courses et des jeux de leur âge. Clay est un garçon rêveur, qui passe des heures sur le toit de la maison. En plus des frères, il y a aussi les animaux qui tiennent une grande place. On y trouve ainsi un chien, un chat, un poisson rouge, un pigeon et un mulet. Chaque animal a une place importante au sein de la famille.
Matthew va ainsi raconter l’histoire de sa famille. Au moment où il le fait, il est adulte, il écrit sur une vieille machine à écrire qui aura toute son importance. Suivre cette famille a tout d'abord été fort déroutant. La première partie m'a un peu perdue, je ne comprenais pas trop comment fonctionnait cette famille, pourquoi le père a un tel surnom, qui a-t-il tué. Je me suis posée une tonne de questions à ce moment là, il a fallu que je m’accroche à ma lecture. Et tout devient bien plus intéressant et fluide quand au bout de 90 pages, la mère, Pénélope, entre en scène. Tout devient alors plus intéressant. Matthew nous raconte la rencontre entre son père et sa mère, le début de leur vie à deux, l’arrivée des premiers enfants. On apprend ainsi que son père avait été marié une première fois, qu’il aime peindre. Entre lui et Pénélope, c’est une belle histoire d'amour. Et je me suis souvent demandé ce qui avait bien pu arriver pour qu’il s’appelle l’assassin…je ne vous dirai pas pourquoi, je vous laisse le découvrir par vous-même. J'ai été agréablement surprise de voir qu'il y avait de beaux sentiments tout de même, j'avais peur de tomber dans une histoire bien plus glauque que cela.
Je me suis attachée assez facilement à cette fratrie. Il faut dire aussi que le choix narratif de l'auteur s'y prête aussi. Comme Matthew est le narrateur, c’est lui qui parle, donc c’est la première personne du singulier qui est employée ici. Et j'aime beaucoup ce style narratif, il me permet de mieux rentrer dans la peau du personnage, de me mettre à sa place, de ressentir la moindre de ses émotions. Et être dans la tête de Matthew Dunbar est une expérience étonnante. Et à travers lui, je me suis attachée à ses frères, à Clay, j'ai ressenti son attachement à sa mère, et toutes les émotions qui le traversent quand il parle de ses parents.
J'ai bien fait de m'accrocher aux cent premières pages, car j'ai finalement bien aimé cette lecture. En plus de suivre l'histoire des parents, avec des événements pas toujours très heureux, on suit également leurs vies de jeunes adultes, où des tragédies vont aussi avoir lieu et on se dit que père et fils connaîtront finalement les mêmes douleurs. J'aimerais tellement vous en parler, vous raconter, mais ce serait dommage de tout gâcher. Ceux qui ont lu le livre comprendront.
Et donc, finalement, j'ai lu ce roman facilement. Je me suis laissée porter par la vie de cette famille. J'ai alterné entre des phases de lecture intense et addictive et des phases plus lentes, plus dans la réflexion. Le roman est divisé en huit parties, qui ont une suite logique. J'ai beaucoup aimé la signification du titre, Clay veut dire argile en anglais, et c’est lui qui construira ce pont avec son père, le pont de Clay, le pont d'argile…Une construction pour reconstruire une famille détruite par un drame, c’est une belle signification. Plein de belles valeurs ou des sujets historiques sont aussi abordés, rendant ainsi l'histoire plus concrète. J'ai eu un peu de mal au début à situer l'histoire, et j'ai fini par comprendre, avec les descriptions faites, que l'on se trouvait en Australie.
Il ne faut surtout pas que le nombre de pages vous rebute. Et vous accrocher pendant les 100 premières pages, car après, ça vaut vraiment le coup. En fait, on comprend ces 100 pages vers la fin du livre, on voit pourquoi il se passe cela. D'ailleurs, ce roman m'a fait l'effet d'un immense puzzle dont les pièces s'assemblent petit à petit. Un événement se passe, on se demande ce qu'il vient faire là, et on en comprend la raison des pages plus loin. Et le tout donne un très beau roman sur une histoire familiale, sur un noyau parental et filial. Je les ai tous quittés à regret et en même temps très contente d’avoir fait leurs connaissances.
Je ne connaissais pas du tout l'auteur, et je suis très contente de le connaitre enfin. La lecture de ce roman m'a donné envie de lire son précédent roman, La voleuse de livres, qui a apparemment eu beaucoup de succès. En tout cas, une chose est sûre, je vais continuer à suivre cet auteur.
Si vous ne le connaissez pas non plus, n’hésitez pas à le faire. C’est un auteur qu'il faut lire. Je ne pensais pas dire cela au début, mais j'ai aimé cette relecture qui reste en-tête, qui, je pense, va être difficile à oublier. C’est à nouveau grâce au Prix des Lecteurs que j’ai pu faire cette découverte, et qui me fait à nouveau dire que participer à ce prix est très enrichissant, n’hésitez pas à postuler pour la prochaine session, c’est une formidable aventure !
Même si Marcus Zusak ne lit jamais cette chronique, je le remercie pour tout ce qu'il m'a fait vivre le temps d’une lecture. Et un grand merci également aux éditions Le livre de poche et le Prix des lecteurs pour cette découverte.
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Chez les Dunbar, on vit dans un grand bazar : sans parents, sans règles et entouré d'animaux. Cinq frères partagent un quotidien qui n'est que fourberies, défis en tout genre et coups de cœur....
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