Ce que je sais d'elle de Béatrice Hammer
Publié aux éditions d'Avallon
Résumé :
Une femme a disparu. Elle laisse derrière elle un mari, deux enfants, des collègues, des voisins, des amis... Que faire, que penser lorsque, du jour au lendemain, la personne que vous croyiez connaître vous abandonne ? A-t-elle refait sa vie ailleurs ? Est-elle morte ? Chacun répond à sa manière à ces multiples interrogations, et c’est ainsi que s’ébauche un magnifique portrait de femme, tout en nuances et en subtilité.
À propos de l’auteure :
Béatrice Hammer est romancière, scénariste et réalisatrice. Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, qui lui ont valu régulièrement des prix de lecteurs, notamment le prix Goya, le prix Tatoulu et le prix Livre mon ami.
Une baignoire de sang, son premier polar, est sorti en 2020 aux éditions Alter Real.
Cannibale blues, son plus grand succès, republié en 2020 aux éditions d’Avallon, a été la sélection "Attention Talent des libraires de la FNAC.
Mon Avis :
Je connais déjà Béatrice Hammer pour avoir lu son précédent roman publié également aux éditions d'Avallon, Cannibale blues. La découverte de cette auteur avait été très bonne, ce roman avait été une belle découverte, c’est pourquoi je n'ai pas résisté une seconde pour lire ce deuxième livre. J'ai aimé la singularité du résumé, et maintenant que j'ai fini ma lecture, je peux déjà vous dire que j’ai beaucoup aimé cette histoire à la construction originale.
Le livre est assez court, un peu plus de cent pages, je ne vais donc pas beaucoup revenir sur le fond de l’histoire, je ne voudrais pas vous gâcher l'effet de surprise que l'auteure a produit et qui a fait son effet sur moi. Tout ce qu’il faut savoir est dit dans le résumé. Une femme a disparu, laissant derrière elle son mari et deux enfants, elle est professeur de maths, et tout le monde s'interroge sur ce qui lui est arrivé. Est-elle partie de son propre chef, a-t-elle été kidnappée est-elle morte, chacun y va de son interprétation. Un homme, un enquêteur sans doute, mène justement l’enquête et interroge les personnes qui l'ont connue, ses collègues, ses voisins, la concierge, ses amis, les commerçants de son quartier, ses enfants, son frère, son mari. Chacun va donner sa version, ce qu’il pense de cette disparition. À travers toutes ces personnes, on découvre au fur et à mesure la personne, certains ont vu des scènes qui sortent de l'ordinaire et qui interrogent. On arrive ainsi à brosser un portrait et à savoir ce qu'elle pensait.
La grande originalité de ce roman est son écriture. À aucun moment un prénom n’est donné, aucun des personnages n'a de nom. Le personnage principal, la femme disparue, sera toujours désigné avec le pronom « elle ». On ne sait pas non plus qui mène l’enquête, quel nom porte l'inspecteur. On sait à qui il s’adresse parce qu'on reconnaît les personnes à leur fonction, mais pareil, ils n'ont aucun nom. J’ai trouvé cela perturbant au début, dans le bon sens, je sortais de ce que je peux lire d'habitude et je me suis fait agréablement surprise. À chaque chapitre, c’est un nouveau personnage qui parle, comme si on assistait aux interrogatoires. On ne sait jamais ce que fait l'inspecteur, ce qu'il pense et comment il compte résoudre l’enquête. Tout le livre n'est qu’une suite de témoignages.
Et cette construction ne m'a pas empêchée de m’attacher à cette personne disparue. On la découvre petit à petit, on a envie que rien ne lui soit arrivé de grave. Et c’est avec beaucoup de subtilité que l'on va deviner les raisons de cette disparition, il faut lire entre les lignes pour comprendre ce qui a poussé « elle » à disparaître.
La narration est à la première personne du singulier, ce « je » représente beaucoup de personnes, 29 au total, comme le nombre de chapitres. Un autre choix narratif n'aurait pas été judicieux, étant donné que ce sont des témoignages. Certains sont plus touchants que d’autres, on sent dans certaines personnes beaucoup d'empathie, d'autres s’en moquent complètement, et d'autres encore sont plus dans une sorte de colère contenue ou méprisants. On retrouve bien dans chacun d'eux une partie de nous, de ce que l'on pourrait penser dans les mêmes circonstances, comment réagirait-on dans le même cas, difficile à dire. Ce roman est une sorte de kaléidoscope de notre société.
J’ai beaucoup aimé ce roman, et ce surtout à cause de sa construction et aussi des messages qu'il délivre sur nos personnalités. Il s’est lu rapidement, parce qu'il n’est pas très long mais aussi grâce au rythme donné par des chapitres courts, et l’envie de savoir ce qui a bien pu arriver à cette femme. La fin est jolie, elle n'est pas celle à laquelle je m’attendais. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, je ne sais pas trop à quoi je m'attendais. J'ai été très touchée par « Elle », je me suis reconnue en elle à certains moments, et on ne peut pas faire autrement que se poser la question de savoir si on aurait fait pareil…
Avec ce roman, Béatrice Hammer nous montre la façon dont les autres nous voient, qui est bien souvent l’inverse de ce que l'on voudrait renvoyer. Elle parle avec beaucoup de justesse et de tact des relations humaines. C’est le second roman que je lis d’elle et je suis vraiment touchée par son style, sa façon de conter une histoire. C’est une auteure que je vais continuer à suivre, car elle sait se renouveler, et donner ainsi une histoire différente à chaque fois, tout en gardant sa sensibilité et sa délicatesse. Je la lirai à nouveau avec plaisir. J'ai d'ailleurs dans ma liseuse son premier roman, Une baignoire de sang, que je vais vite lire et ainsi découvrir une autre facette de l'auteure.
Je vous conseille vivement ce roman, il faut le découvrir, pour son originalité d’écriture et de narration. Béatrice Hammer sait faire passer les émotions, j'ai tout bien ressenti. Et j'ai beaucoup apprécié le résultat final, avec la cause du départ de la personne. Rien n’est exactement précisé, il faut lire entre les lignes, et j’ai trouvé cela fort délicat aussi. N'hésitez surtout pas à découvrir cette auteure et ce roman en particulier.
Je remercie chaleureusement Béatrice Hammer pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant cette lecture et la félicite pour l’originalité de ce récit. Un grand merci également aux éditions d'Avallon pour leur confiance renouvelée à chaque nouvelle parution.