Impact de Olivier Norek
Publié aux éditions Michel Lafon
Résumé :
Face au mal qui se propage
et qui a tué sa fille
Pour les millions de victimes passées
et les millions de victimes à venir
Virgil Solal entre en guerre,
seul, contre des géants.
À propos de l’auteur :
Olivier Norek, né en 1975 à Toulouse, est un écrivain et scénariste français, capitaine 1 la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Policier de formation, ses quatre romans et ses deux scénarios relèvent du thriller social.
Code 93, Territoires, Surtensions, Surface : tous les polars d'Olivier Norek ont une dimension humaine qui va bien au-delà de la traque d'un coupable et d'un suspense adroitement maîtrisé. Mais il arrive aussi que certains grands problèmes de l'humanité l'emportent sur la simple enquête de police et deviennent des fresques sociales bouleversantes. Ce fut le cas pour Entre deux mondes, qui a profondément marqué des centaines de milliers de lecteurs. C'est le cas de ce dernier roman, édition 2020.
Mon Avis :
J'ai découvert Olivier Norek l’année dernière seulement avec son roman Surface qui avait été une très bonne lecture, j'avais beaucoup aimé la façon dont l'auteur m'avait menée par le bout du nez. Je voulais avant toute chose signaler que cet avis, comme tous ceux que j’écris, est honnête, il n'y a aucune condescendance pour l'auteur, aucun fayotage vis-à-vis de lui ou de sa maison d’édition. Pour la simple et bonne raison, que je ne suis pas partenaire avec eux et que ce livre est un achat personnel. Je pense même que l'auteur ou la maison d’édition ne liront jamais cet avis. J'ai lu tout et son contraire au niveau des avis, et parfois les gens ne sont pas tendres. Et c’est bien dommage car tous les goûts sont dans la nature, comme on dit.
J'ai à nouveau bien aimé ce roman. C’est le second que je lis de lui, certains lui reprochent de ne plus avoir la même ligne de conduite que ses premiers romans avec le commandant Coste. Ne les ayant pas lus, je ne peux pas comparer avec eux, mais par rapport à ce que je lis d'autres auteurs. Alors pour moi, ce nouveau Norek est un bon cru.
Le résumé est court, je ne vais donc pas trop en révéler sur l'histoire. Il va être question de terrorisme, et plus particulièrement d'écoterrorisme. Virgil Solal, un ancien militaire, a perdu sa fille à la naissance. Cette mort tragique serait due à la pollution. Virgil va donc rentrer en guerre contre les entreprises qui polluent et qui, pour lui, sont coupables de la mort de sa fille. Son premier enlèvement va concerner le PDG du groupe Total. Le capitaine Nathan Modis, assisté d'une psychologue et profileuse, Diane Meyer doivent mener les discussions avec le ravisseur. Mais celui-ci ne demande pas de rançon, ou plutôt, il demande une nouvelle forme de rançon. Comment vont s'en sortir Diane et Nathan, arriveront ils à arrêter Solal à temps….ça je vous laisse l’énigme à résoudre en lisant le livre.
Je n'ai rien dévoilé, on est toujours au début du roman. On sait tout de suite que c’est Virgil Solal le kidnappeur, pour la simple raison qu'il apparaît non masqué lorsqu’il parle avec la police ou enregistre des vidéos. Les hommes qui travaillent avec lui sont munis de masques de pandas, qui se propagent petit à petit au dehors. Car les messages que fait passer Solal vont toucher énormément de monde à l’extérieur, il retransmettra en public toutes ses conversations avec la police et ses explications. Et il va toucher le peuple, qui se soulèvera en une armée de pandas. Parce que ce que réclame Solal est louable, et que petit à petit, il démontre que ce n'est pas lui le méchant, mais bien celui qui est retenu prisonnier. Cela va devenir aussi un vrai cas de conscience pour les policiers. Solal va ainsi partir en croisade contre les pollueurs, contre ceux qui ne font rien…
Et la croisade de Solal est quelque part celle aussi de Olivier Norek au travers de son écrit. Il pointe du doigt les problèmes écologiques, que l'on connaît tous, la fonte des glaciers, les océans envahis de plastique, le réchauffement de la planète. Tout le monde sait que l'on devrait arrêter de produire, de polluer, chacun d'entre nous essaie de faire de son mieux en triant ses poubelles, en surveillant sa consommation d'eau, en limitant le plastique…bref, plein de petits gestes quotidiens que l'on espère être efficaces. Mais, le seront-ils si les plus grandes entreprises continuent leurs destructions à petit feu, à polluer. C’est vrai que c’est révoltant, et on comprend Virgil, on le soutient. Et c’est assez culotté de la part de l'auteur de rendre le personnage principal attachant et celui que l'on préfère alors qu'il devrait être considéré comme un méchant. On est de son côté, et on a envie de l'aider. Je n'avais pas envie qu'il lui arrive quelque chose, je n'avais pas envie qu'il se fasse arrêter. Même Nathan et Diane sont mitigés…
Et l'histoire prend alors une dimension qui dépasse le simple polar, ce livre devient un plaidoyer pour sauver la planète, si elle est encore sauvable quand on voit les dégâts, on se dit qu'il est vraiment trop tard. Solal explique tout ça, avec des chiffres, des exemples concrets, et à travers lui, c’est bien sûr l'auteur qui parle. Il a jalonné son récit de chapitres intitulés « Les nouvelles du monde », dans lesquels il va relater des faits concrets et réels qui se passent sur la terre, en mer, et partout dans le monde. Il donne en fin de livre toutes les références, elles viennent de journaux, de rapports scientifiques. On comprend alors que là, on n’est plus dans de l'imagination, c’est du concret, ça existe réellement, et là, ça glace le sang. Je suis les infos comme tout le monde, j’écoute souvent des conférences de Aurélien Barreau, un physicien qui tire bien souvent la sonnette d’alarme, que Norek cite d'ailleurs. Je sais que la Terre va mal, mais avec ce roman, je me suis rendue compte que je ne connaissais que la face immergée de l'iceberg. Et franchement, je ressors très négative pour notre planète, même si je sais que l’humain sait s'adapter, l'avenir de certaines personnes ne sera pas tout rose.
Alors oui, comme je l'ai lu dans certains avis sur le net, il y a parfois beaucoup de chiffres à lire, mais ça ne m'a pas dérangée plus que cela, bien au contraire. Ils m'ont permis de mieux me rendre compte, de réaliser l'étendue des dégâts. Et l'auteur romance quand même beaucoup, ce n'est pas non plus un rapport scientifique comme je l'ai lu. Autour de tout cela, il y a des personnages intéressants, Solal, Nathan, Diane. Ce trio est très intéressant par les postes qu'ils occupent, par leurs idées. Il n'y a pas un attachement aux personnages comme il pourrait y en avoir un dans un thriller ou polar, où on tremble pour le héros. Ici, le héros semble si fort que je n’ai pas tremblé pour lui, j'ai beaucoup aimé ces personnages, je les ai appréciés, mais il n'y pas un attachement particulier. Et je pense que c’est l’effet recherché par l'auteur, je ne pense pas qu'il cherchait forcément à ce que l'on s'attache à ses héros. J'avais tellement la tête prise par l'intrigue autour du cas de Virgil et par le combat qu'il mène que je n'avais pas le temps de m'attacher. Par contre, les sentiments ont été là, les émotions sont parfois fortes, surtout quand on prend bien conscience que ce qui est raconté pourrait arriver réellement. Je mets le verbe au conditionnel, mais je pourrais le mettre tout simplement au présent, quand on voit tout ce qu'il s’est déjà passé sur notre planète.
Le livre est séparé en deux parties. La deuxième partie est plus lente que la première car elle concerne la défense de Solal, avec son jugement, le travail de ses avocats. Il y a moins d'action, mais c’est tout autant intéressant de voir comment de tels actes peuvent être défendus, les répercussions qu'ils ont sur les autres êtres. Et bien sûr, Olivier Norek a mené un petit suspense tout le long, car bien sûr, Solal étant dans l’illégalité par son action, on se demande ce qu’il va lui arriver, on espère qu'il s'en sorte vivant, et ça on ne le saura qu'à la toute fin. Pour ça, l'auteur a su mener le lecteur dans une certaine intrigue. Dans ses remerciements, il cite les personnes qui l'ont aidé. On peut critiquer ce livre, ne pas l'aimer, mais on ne peut pas renier toutes les recherches conséquentes en amont qu’il a dues effectuer.
Et donc la lecture s'est faite avec une certaine avidité, tout du moins pendant la première partie où ça bouge beaucoup. La seconde est plus calme mais plus intense psychologiquement. J'ai suivi avec intérêt ce qui arrivait à Solal. On ne peut pas enlever à Olivier Norek ce talent qu'il a d'embarquer le lecteur et le mener là où il veut. C’est une lecture intense dans les faits qu'elle propose et soulève, c’est un livre dont j'ai envie de parler pour tout ce qu'il traite, pour tous ces cas qui sont déroutants. À un moment, il fait dire à son personnage, « l’écologie, sans révolution, c’est du jardinage » et c’est tellement ça ! Tout le monde traite tellement de l’écologie par-dessus la jambe, se disant que ça pourra encore être fait demain, mais non, on n'a plus le temps, on doit agir maintenant, et malheureusement, dans ce monde, c’est souvent lorsque le peuple se soulève ou révolutionne qu'il est écouté ou que quelque chose se fait. Alors, ce livre peut être un début, pour aider à prendre conscience.
Ne vous attendez donc pas avec ce livre à avoir un polar comme cet auteur à dû en faire à ses débuts. Il traite de sujet de société important, comme il l'a déjà fait avec Entre deux mondes où il parlait des migrants de Calais. J’aime quand des auteurs osent dire et utilisent l’écriture pour dire, pour dénoncer. Si le sujet de la pollution vous intéresse, vous interpelle, lisez ce livre, vous apprendrez plein de choses, remuantes, glaçantes, mais tellement nécessaires. L'intrigue n'est pas là où on pense qu'elle est, et c’est finement joué de la part d'Olivier Norek. Une chose est sûre, ce roman ne peut laisser indifférent, on aime ou on n’aime pas, mais il reste dans les mémoires. Je serai là pour le prochain, et je suis déjà curieuse de savoir de quoi il va être question cette fois-ci. Et je vais essayer de rattraper mon retard et lire ses précédents romans, avec le commandant Coste, pour découvrir ses nombreuses facettes d'écrivain.
Comme je le disais au début, Olivier Norek ne lira jamais cet avis, mais je lui adresse tout de même mes remerciements.