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Marie-Nel lit

Le dernier inventeur de Héloïse Guay de Bellissen

31 Octobre 2020 , Rédigé par Marie Nel

Le dernier inventeur de Héloïse Guay de Bellissen

Publié aux éditions Robert Laffont


Résumé :

« Aujourd’hui, c’est le dernier des quatre copains de Montignac encore en vie. Le dernier inventeur, Simon. Quand je quitte son appartement, sur le palier, il me dit “la grotte elle est là” en me désignant son crâne, “elle est dans ma tête”. Dans l’ascenseur, je prends conscience que je viens de rencontrer une autre grotte. La grotte intérieure d’un petit garçon de quatre-vingt-onze piges qui vient de se rouvrir. Je ne sais toujours pas pourquoi Lascaux m’a emmenée vers une autre cavité, mais au fond c’est cette découverte-là que j’attendais. La vie de Simon Coencas sur une paroi, que j’allais calquer comme l’avaient fait avant moi les préhistoriens avec les dessins de Lascaux. »
Le Dernier Inventeur est une œuvre unique, plongée dans l’Histoire et dans l’âme d’un homme, enquête sur le mystère de l’art préhistorique, réflexion poétique sur l’enfance, la beauté et le mal.

 

À propos de l’auteure :

Héloïse Guay de Bellissen a été libraire avant de se consacrer à l’écriture. Elle publie aujourd’hui son cinquième roman.


Mon Avis :

Je connaissais Héloïse Guay de Bellissen de nom, pour avoir vu son nom passer sur les réseaux et dans les librairies, mais je n'avais encore jamais eu la chance de la lire. Et pourtant ce livre est son cinquième roman, il était temps de réparer cette lacune. Lorsque j’ai vu ce roman proposé a la masse critique de Babelio, je n'ai pas hésité une minute, et ai croisé les doigts pour être sélectionnée. Ce qui fût chose faite et j'en étais très contente. 

Ce qui m'a tout de suite attirée dans ce livre, c’est le sujet de son histoire. Comme le résumé l'indique, il va parler d'un des quatre garçons qui a découvert la grotte de Lascaux en 1940. Héloïse Guay de Bellissen a eu la grande chance de pouvoir rencontrer Simon Coencas, âgé alors de 91 ans. Il fait partie des quatre garçons à avoir découvert cette grotte célèbre. Il est le dernier encore en vie, Georges, Marcel et Jacques sont décédés. Simon va ainsi raconter à Héloïse sa vie à 13 ans, en 1940, comment il a découvert ce trou, donnant sur un souterrain menant à une grotte, comment lui et ses copains ont compris qu'ils avaient devant eux des millénaires d'histoire. Il va également raconter le reste de sa vie. On est en 1940, en pleine seconde guerre mondiale. Simon va connaître le déchirement de la guerre. Des racines juives qu'il ne connaissait pas du tout lui sont trouvées, il va se retrouver au camp de Drancy avec sa famille. Il va connaître l'horreur de cet endroit à quinze ans. Et restera toujours gravé au fond de lui le souvenir de la grotte, de ces dessins préhistoriques.

Comment vous dire à quel point j'ai aimé ce livre. Mes mots ne seront pas assez forts. Je me suis attachée à l’histoire et à Simon dès les premiers mots. Cet homme de 91 ans est touchant, drôle, et a un regard empli de sagesse sur les événements de sa vie. J'ai beaucoup aimé le suivre pendant son enfance. On sent à travers la façon de raconter de l'autrice qu’elle aussi a été très émue. Ses mots sont d’une extrême sensibilité, on ressent à travers eux toute l’admiration  qu’elle a pour cet homme. Elle retranscrit parfaitement les sentiments de Simon, son enfance avec ses copains, leurs aventures, leurs 400 coups de gamins à la campagne. Elle décrit également à la perfection la grotte en elle-même, les dessins, l'ambiance, exactement comme si on y était. J'ai eu la chance, il y a quelques années, de visiter la réplique de la grotte Chauvet en Ardèche et j'ai été particulièrement émue par ces dessins, penser que des hommes ont posé leurs mains, ont mélangé des couleurs, ont laissé des traces, est vraiment très émouvant. Et là, j'ai retrouvé la même émotion dans ce roman avec cette autre grotte. Et pourtant, pour moi ce n’était qu’une réplique, ce n'était pas la vraie…Alors, si en plus, j'avais pu rencontrer ceux ou celui qui a découvert ces lieux, parler avec lui de sa vie, de son ressenti, je crois  que j'aurais été aux anges et très très touchée. Je n'ose donc imaginer ce que l’autrice a bien pu vivre, en tout cas, cela se ressent dans ses mots. 

Il n'y a pas que Simon qui a la parole ici. L'autrice a eu l'excellente idée de faire aussi parler la grotte elle-même. Comme une personne, elle nous livre en quelques phrases son sentiment, ce qu'elle a pu vivre avec les hommes d’avant et ceux de maintenant. Les chapitres alternent ainsi entre Simon et la grotte et j'ai beaucoup aimé. Ceux concernant la grotte font parfois que quelques phrases mais pas besoin de plus pour transmettre ses pensées les plus profondes. Elle m'a beaucoup émue et j'ai trouvé totalement logique de la considérer comme une personne à part entière.


Je voulais d’ailleurs vous partager un extrait de ce roman en rapport avec ce que je viens de vous dire : 


« Lorsqu’on regarde une gravure ou une peinture rupestre, on est en train de regarder quelque chose que l'on n'aurait jamais dû voir, le temps aurait dû l'effacer. On se sent précieux, choisi, car cette chose parfaitement belle, inimaginable, se déploie sous nos yeux. La main d'un Magdalénien, il y a des millénaires, était là, à notre place, et a laissé cette empreinte, qui n'est autre qu’un secret dévoilé.  Nous sommes comme honorés d’être son spectateur privilégié... 
[…] En pénétrant dans un monument construit par l'homme pour glorifier une religion, on est déjà dans un état attendu, on sait qu'à l’intérieur tout est conçu pour être grandiose et pousser au recueillement. Mais la grandeur absolue de l'art pariétal, c’est qu’il profite de la beauté de la roche pour s'y loger. La nature et l'homme dans un même but : la création. Et c’est cette fusion qui est intense. »

C’est un extrait un peu long, mais je voulais vous faire ressentir toute l’émotion des mots de l'autrice quand elle parle de la grotte. Je n'aurais pas pu faire mieux qu'elle, j'ai eu exactement la même sensation lorsque j'ai visité la grotte Chauvet.

Plus je lisais ce livre, et plus j'enviais Héloïse Guay de Bellissen d'avoir pu rencontrer un homme comme Simon. C’est une double rencontre, celle d’un homme qui a découvert un site mondialement connu et celle d'un homme qui a connu les camps nazis et la perte de sa famille. C’est un homme très enrichissant à connaitre. Il est malheureusement décédé en février de cette année, il laisse derrière lui de belles traces et un souvenir impérissable. À deux ans près, ce roman n'aurait pas été possible et cela aurait été vraiment tellement dommage. 

Je suis ravie et enchantée d'avoir découvert Héloïse Guay de Bellissen. Elle a un style et une façon de raconter tellement prenante, tout en étant facile d'accès, dans un langage simple, comme si elle nous racontait son histoire de vive voix. Elle décrit avec précision les différentes scènes rupestres, elle m'a alors donné envie d’aller voir sur internet à quoi cela ressemblait, à chercher également des photos de Simon et de ses trois amis. D'ailleurs, sur toutes les photos de lui que j’ai pu voir, une chose m'a frappée, il a toujours le sourire, un sourire naturel, pas forcé pour ce moment de pose, un sourire bienveillant, d'une extrême douceur. Ah, que j'aurais aimé le rencontrer, et quelque part, c’est ce que j'ai pu faire grâce à ce roman. 

J'avais lu des avis sur ce livre, et j'ai eu peur en les lisant de lire un énième roman sur les camps nazis. C’est ce que les lecteurs retenaient le plus apparemment. J'avais donc une certaine appréhension en commençant ma lecture que la vie de Simon pendant la guerre prenne le pas sur celle avec la grotte. Et j'ai été agréablement surprise de voir que tout était bien proportionné, oui, Simon parle de sa vie dans le camp de Drancy, mais ça n’empiète pas sur sa vie antérieure de gamin et sa découverte avec ses copains. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Bien sûr, qu'il est normal qu’il parle de sa capture par la police française, de son départ pour Drancy et de sa vie là-bas, de la perte d'une partie de sa famille et de sa douleur ressentie. Mais la grotte reste toujours présente, en décor de fond, comme il dit, la grotte est dans sa tête. 

La lecture s'est faite avec beaucoup d’intérêt et de passion. Je n'avais pas envie de quitter Simon, j'avais envie qu'il continue de me raconter sa vie, ses pensées. Je le quitte à la fois avec regret et tristesse et à la fois très heureuse de l'avoir rencontré et d'avoir pu vivre un peu à ses côtés le temps d'une lecture. Je suis également très contente d'avoir découvert Héloïse Guay de Bellissen, je suis allée voir ses autres romans, lu les résumés, et j'en ai noté certains dans ma liste de futurs achats. Je compte bien continuer à la suivre tellement je suis conquise par son talent d’écrivaine. En plus, c’est une personne fort sympathique et très accessible, j'ai pu lui parler sur Instagram de mon ressenti de lecture, elle m'a raconté avoir pu rencontrer les enfants et petits-enfants de Simon, depuis la sortie de ce livre, et qu’ils étaient fiers et heureux. Comme je les comprends et quelle plus belle récompense l'autrice pouvait avoir. C’est amplement mérité.

Je ne peux que vous conseiller ce livre très enrichissant et très intéressant. Une formidable aventure d'un garçon comme tout le monde qui fera une découverte incroyable et hors du temps. C’est un très beau coup de cœur pour moi et je suis contente d'avoir ce livre en format papier pour l'avoir dans ma bibliothèque et pouvoir le feuilleter à nouveau. 

Un grand merci à Héloïse Guay de Bellissen pour cette formidable aventure qu'elle m'a fait vivre à travers son livre et merci également à Babelio et aux éditions Robert Laffont de m'avoir permis de faire cette belle découverte.
 

Les primitifs sont ceux qui tuent des milliers de personnes et qui cherchent un moyen encore plus inhumain de continuer à le faire.

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