La tartine beurrée au sucre de Frédérick Maurès
Publié en Auto-Édition
Résumé :
Douces ou sucrées, amères ou rances, parfois empoisonnées, nos « madeleines » ont un goût qui se rappelle régulièrement à nous. Il suffit d’un rien, une insignifiance du quotidien ou une vague perception de nos sens, pour que, sans prévenir, elles reviennent peupler notre mémoire, prendre de nouveau vie dans notre actualité et nous rappeler, même partiellement, pourquoi nous sommes devenus ce que nous sommes. Elles peuvent faire sourire ou faire resurgir de mauvais souvenirs, elles ont toutes en commun d’avoir contribué à nous façonner.
À travers une succession de récits et de souvenirs d’enfance, l’auteur nous entraîne dans la douce nostalgie d’un temps qui n’est plus, mais qui lui demeure immanent. Cette "Tartine beurrée au sucre et autres petits Bonheurs de l’Enfance", au goût tantôt acidulé, tantôt suave, se déguste par petits bouts, avec gourmandise, pour nous plonger dans un univers de tendresse qui ressemble étrangement au bonheur.
À propos de l'auteur :
L'auteur est originaire de Bordeaux où il a passé les vingt premières années de sa vie avant de poursuivre des études supérieures de commerce à Paris. Il a toujours été passionné par la littérature en général et par l'écriture en particulier. Bibliographie : Romans . INTUITINE, premier roman (mai 2011), Editions Le Manuscrit, finaliste du Prix du premier Roman en Ligne 2011, organisé par les Editions Le Manuscrit, parrainé par Marc Lévy, sous le patronage du Ministère de la Culture et de la Communication (23 mai 2011) . MADRIGAL, roman (octobre 2012), Editions Assyelle . LE DERNIER SOUFFLE DU MONARQUE, roman (mai 2017), ÉLP Editeur (Québec) . UNE AGATE ROUGE SANG, roman (novembre 2019), ÉLP Editeur & KDP . LA TARTINE BEURRÉE AU SUCRE, et autres petits Bonheurs de l'Enfance, roman (juin 2020), KDP Nouvelles TROMPE-L'OEIL, nouvelles sur le thème de la fausse transparence et de l'ambiguïté des apparences (novembre 2005), Editions Le Manuscrit SANS VOLONTE MANIFESTE, nouvelle (décembre 2011), ouvrage collectif Du Souffle sous la Plume n°6 LA FOURMI EGAREE, nouvelles (octobre 2012), ÉLP Editeur Théâtre DROIT DEDANS SARL, pièce de théâtre en 10 sketches, satire du monde de l'entreprise (mai 2010), Editions De l’Ecrit au Livre LE CRACHAT, sketch (novembre 2017), concours d’écriture théâtrale, Ceux de dix-sept (Alna Editeur)
Mon Avis :
J'ai découvert Frédérick Maurès dans un précédent roman, Une Agate rouge sang où j’avais déjà pu apprécier la plume de l’auteur, la poésie de ses mots et sa grande sensibilité. J’étais donc à la fois très contente et curieuse de découvrir ce nouvel écrit.
Ce n'est pas un roman avec une histoire du début à la fin. Ce n'est pas non plus un recueil de nouvelles. C’est une suite de petites histoires ayant pour fil rouge les souvenirs d'enfance. Il y a ainsi en tout 27 historiettes, où l'auteur commence par un fait se passant dans le présent, cela lui fait se remémorer un souvenir de son enfance, et nous voilà alors propulsés dans le passé. Ces petits récits n'ont pas de suite à proprement parler, on retrouvera dans certaines des personnages qu'on a déjà croisés, mais c’est tout, ça ne se suit pas dans le temps ou dans le sujet.
Généralement, tout se passe dans la région bordelaise, lorsque l'enfant était la plupart du temps chez ses grands-parents. Et l'adulte qu'il est devenu raconte ses souvenirs, qui peuvent être communs à chacun de nous, lorsqu’il était à l’école, ou quand il en sortait avec son copain et qu'ils faisaient des blagues tous deux. Il parle aussi de son chien, des dimanches où la grand-mère préparait à manger et où l’après-midi était consacré aux jeux avec des amis puis avec les oncles et tantes pendant les vacances, que ce soit au scrabble ou au rami, les anecdotes sur les pratiques de jeux font sourire. Des moments tendres où l'enfant était proche de son grand-père et celui-ci lui parlait des étoiles ou lui montrait comment relier un livre. Et puis, des souvenirs gustatifs avec sa grand-mère qui préparait des crêpes toujours de la même façon et qui faisait sauter la dernière au-dessus des meubles de cuisine ou encore les goûters qu'elle préparait constitués de tartine de beurre sucrée au sucre semoule. Tous des gestes simples et à la fois tellement ancrés dans la mémoire du jeune garçon devenu adulte.
Tous ces souvenirs font se rappeler les nôtres. Étant née à peu près à la même époque que le narrateur, j'en ai quelques-uns en commun avec lui, et ça a remué en moi beaucoup d'images. Moi aussi, j'ai connu les émissions de télé à partir d'une certaine heure seulement, il n'y avait rien avant, les chaines télé n’émettaient qu'à certaines heures de la journée, et on attendait avec impatience ces moments. Comme le narrateur, je me souviens de Zorro, que j'aimais aussi regarder et je n'aimais pas être en retard. J'ai également le même souvenir d'avoir été chercher du lait à la ferme lors de mes vacances, tout comme le narrateur. J'ai les mêmes odeurs que lui dans mes souvenirs olfactifs. Un autre de ses souvenirs qui m'a pas mal remuée aussi et que je revois dans ma tête, c’est la cireuse de parquet. Le narrateur parle de sa grand-mère, moi, c’était ma mère. Tout comme lui, je me souviens de cette machine avec des phares, du bruit sourd de son moteur, de l'odeur de la cire. Et tout comme lui, je prenais les commandes de la machine et la passait sur le parquet, il fallait bien suivre, aller droit, et aller à tous les endroits. Tout ce que l’auteur a détaillé dans ce passage, je l'ai vécu et reconnu, et c’est très réaliste. Et il y a plein d'autres exemples, comme la nuit des étoiles, le fume cigarette, la voiture à pédales. Bref, tout ce qu'il a ainsi relaté à travers ces tranches de vie ont fait renaître en moi des sensations oubliées, et ça m'a fortement émue.
Vous comprendrez donc que je me suis fortement attachée à ce garçon qui raconte son enfance et son adolescence. Il a fait remonter tellement de choses. Et cet attachement est amplifié par le choix narratif de l'auteur, car comme on peut se douter dans ce genre de récit, tout est raconté à la première personne du singulier. Ce « je » permet de se mettre encore plus à la place de cet enfant, et voir à travers ses yeux les scènes de ces souvenirs. Alors cette narration permet à la fois de ressentir au plus près tout ce que perçoit le personnage et de se mettre à sa place et voir nos propres images au travers des yeux de cet autre enfant. Et d'ailleurs, il n'y a pas qu’au narrateur que je me suis attachée, les grands-parents de celui-ci sont également forts touchants, j'aurais beaucoup aimé avoir les mêmes. En tout cas, on rêve tous d’en avoir de tels. On ressent tout l'amour qu'ils portent à leur petit-fils et ça fait du bien.
En plus, le style de Frédérick Maurès est très sensible, il décrit très bien les sentiments de chacun avec beaucoup de poésie dans les mots, dans les descriptions des personnages, des décors ou des situations. Les histoires sont courtes. Il y a 27 histoires en un peu plus de 120 pages, ce qui fait peu de pages par scènes, mais tout est dit, l'auteur arrive en peu de pages à donner le ton, et à décrire toute la situation, et en ajoutant même à la fin une petite phrase résumant le sentiment général apporté par la scène. Le fait que les histoires soient courtes donne beaucoup de rythme à la lecture et a l’avantage que vous arrêter la lecture à tout moment et la reprendre plus tard sans être perdu dans votre lecture. Moi, je les ai toutes lues les unes après les autres. Et j'ai lu en un après-midi ce livre. J'aurais aimé que ma lecture dure un peu plus longtemps, alors en préparant cette chronique, j’ai relu certaines petites histoires et j’ai toujours autant aimé. Ce que j'ai oublié de vous dire également, c’est que je me suis beaucoup amusé, certaines scènes sont drôles, je pense à la course du chien Gipsy ou à la Simca bleue. Tout est présent dans ce livre, et représente tout simplement la vie avec ses joies, ses peines, ses rires, ses larmes, un panel d’émotions que l'on vit tous chacun de notre côté.
J'ai beaucoup aimé ce livre, il m’a fait revivre mes propres souvenirs d'enfance, il a même réveillé certains que j'avais oubliés. Mon seul point négatif serait la couverture que je trouve beaucoup moins attractive. Je trouve cela dommage, car cette couverture cache un très bel écrit et ce serait dommage qu'elle desserve le contenu. Mais ce n'est que mon point de vue, il en faut pour tous les goûts, comme on dit.
Je ne peux vraiment que vous conseiller de lire ce roman, je suis sûre qu’il réveillera en vous certaines images de votre enfance. Bien sûr, si vous êtes né dans des années différentes du narrateur, certaines scènes ne vous diront rien, mais vous retrouverez certains sentiments que vous avez éprouvés. Certains souvenirs sont intemporels et traversent les générations.
Je vais continuer à suivre Frédérick Maurès. Ce second livre que je lis de lui me conforte dans l’idée de le lire à nouveau. Si vous ne connaissez pas cet auteur, n’hésitez pas à le faire.
Je le remercie sincèrement pour ce très bon moment et pour tout ce qu'il m'aura fait vivre pendant cette lecture.
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