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Marie-Nel lit

Best Love Rosie de Nuala O'Faolain

19 Avril 2020 , Rédigé par Marie Nel

Best Love Rosie de Nuala O'Faolain

Publié aux éditions Le Livre de Poche

 

 

Résumé :

 

Après avoir vécu et travaillé dans le monde entier, Rosie décide de rentrer à Dublin pour s’occuper de la vieille tante qui l’a élevée. La cohabitation avec Min, dépressive et alcoolique, n’a rien d’exaltant. L’idée vient à Rosie de s’occuper utilement en rédigeant un manuel pour les plus de cinquante ans. Un éditeur américain accepte de la publier… Tandis que la vieille dame, qui a rejoint sa nièce à New York, est galvanisée par sa découverte de l’Amérique et pour rien au monde ne voudrait renouer avec son ancienne vie, Rosie, elle, tombe amoureuse d’une maison de la côte irlandaise, et va, dans une osmose avec la nature enchanteresse et les animaux qu’elle adopte, s’y laisser pousser des racines.
La lucidité de Nuala O’Faolain, sa tendresse pour ses personnages, font merveille une fois de plus dans ce livre où l’on suit les tribulations de ces deux femmes que lie toute la complexité d’un amour maternel qui ne dit pas son nom.

 

 

À propos de l'auteure :

 

Nuala O’Faolain est née à Dublin en 1940. Après des études de littérature et divers métiers, elle est devenue productrice de télévision puis journaliste, à Londres d’abord pour la BBC, puis à Dublin. Elle a révélé en 1996 son talent d’écrivain avec On s’est déjà vu quelque part ?, récit autobiographique qui, à l’origine, devait être une simple préface à l’édition de ses chroniques dans l’Irish Times. Le succès de ce livre et le phénomène d’identification qu’il a suscité auprès de toute une génération de femmes a changé sa vie, qu’elle a alors consacrée à l’écriture. Nuala O’Faolain est décédée en 2008 à Dublin. 

 

 

Mon Avis :

 

J'ai lu et découvert ce livre dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche pour lequel il fait partie des trois romans de la sélection d'avril. C'est une totale découverte pour moi, car je n'avais jamais entendu parler ni de ce roman, ni de son auteure. C'est le dernier roman de Nuala O'Faolain, puisque celle-ci est décédée en 2008. Une histoire qui a donc plus de douze ans, mais qui n'a pas pris une ride et pourrait toujours être d'actualité.

 

Je ne pourrais pas en dire plus que ce que raconte déjà le résumé, il dit l'essentiel, et plus serait spoiler beaucoup trop.

J'ai donc fait la connaissance de Rosie, c'est une femme indépendante, célibataire, la cinquantaine épanouie comme on dit. Elle a vécu essentiellement de vadrouilles et de voyages, découvrant ainsi de nombreux pays. Elle décide enfin de se poser et de retrouver son Irlande natale en retournant vivre chez sa tante Min. Celle-ci l'a élevée dès sa naissance, à la mort de la mère de Rosie, sœur de Min. Celle-ci a alors vécu avec la petite et son père, décédé depuis lui aussi. Rosie retrouve donc sa tante, et décide de se poser et de rester sur Dublin. Elle a alors l'idée d'écrire un roman bien-être dédié aux plus de cinquante ans, dans lequel elle donnerait des pistes de réflexion pour mieux vivre cette transition d'âge. Elle doit se rendre aux États-Unis pour rencontrer un éditeur américain, laissant Min une nouvelle fois à Dublin. Mais quelle ne va pas être sa surprise quand elle va voir Min débarquer elle aussi en Amérique, et surtout ne plus vouloir en repartir...elle qui a toujours été chez elle à attendre sa nièce, va changer de vie littéralement, habiter en colocation avec des inconnus qu'elle va apprendre à apprécier, vivre de petits boulots, souvent payés au noir. Elle qui ne quittait son canapé que pour aller jusqu'à son lit, la voilà partie à mener la vie qu'elle n'a jamais vécu jusque là. Cela déstabilise beaucoup Rosie, qui se voit repartir seule à Dublin, laissant sa tante à sa nouvelle vie et ses nouveaux amis. Là-bas, Rosie va se trouver un nouveau projet qui va accaparer tout son temps et son énergie, restaurer la vieille maison dans laquelle sa mère et sa tante ont grandi...ce que sa tante ne veut d'ailleurs pas. Rosie va ainsi partir sur les pas de ses ancêtres.

 

Il est marrant de voir les changements de personnalité de ces deux personnages. Rosie, toujours à bourlinguer, veut se poser et retrouver ses racines. Min qui n'a jamais bougé, vouant sa vie à élever Rosie, part à son tour bourlinguer aux États-Unis, vivant de petits boulots et habitant des squats ou en colocation. Comme si elle se réveillait d'un long sommeil et voulait profiter de la vie, avant de ne plus pouvoir. Elle qui n'aimait pas prendre l'avion ou qui ne marchait jamais, va transformer toute sa vie et faire ce qu'elle n'avait jamais voulu faire. Tout cela va déstabiliser Rosie qui ne comprend pas ce changement de vie de sa tante. Surtout qu'elle, cherche plutôt la tranquillité et retrouver ses valeurs d'enfance. Dans la rénovation de sa vieille maison, elle sera aidée d'amis masculins et féminins. Elle a des liens très forts avec chacun d'entre eux, un est son ancien amant, un autre aimerait avoir une relation plus appuyée avec elle. J'ai beaucoup aimé ses amies féminines, pleines de peps.

 

Je me suis très vite mise à la place de Rosie. Déjà, je suis dans la même tranche d'âge qu'elle, même si je suis un peu plus jeune (une année c'est une année quand on vieillit...). Et justement, le fait que le personnage principal ait le même âge que moi m'avait fortement séduite en lisant le résumé. Le deuxième point qui m'avait attirée, c'est le fait qu'elle veuille écrire un roman bien-être. Je me suis dit que j'allais avoir des pensées, des réflexions sur ce passage. J'ai été déçue de ne pas en trouver tant que ça. L'histoire ne s'articule pas prioritairement autour de cela. Le projet même de ce livre va tomber plus ou moins à l'eau avec la rénovation de la vieille maison. C'est plutôt autour de cela que le livre va se centrer au fur et à mesure. Mais par contre, il y a de nombreuses réflexions que se fait Rosie sur elle, sur sa capacité à séduire, sur le fait qu'elle n'a pas eu d'enfants, qu'elle n'est pas mariée, ni casée dans une relation. Je comprends tout à fait qu'arrivée à cet âge où l'on ne peut plus procréer, cela doit être difficile de se dire que l'on ne laissera rien derrière soi. Et c'est là justement que j'ai eu parfois du mal avec Rosie, car je l'ai trouvée plus d'une fois pessimiste sur sa vie, sur ce qu'elle est. Et je dois bien avouer que ça m'a miné le moral par moment. Elle analyse tellement ce qu'elle est et ce qu'elle est devenue, que je l'ai trouvée parfois un peu trop égocentrique. Elle porte un œil négatif sur les femmes vieillissantes, alors qu'au contraire, elle trouve les hommes plus âgés très séduisants, ils vieillissent mieux pour elle. Et là, je ne l'ai pas toujours trouvée très juste dans ses pensées. Ce pessimisme est pesant dans la lecture, mais quelque part, je la comprends aussi, vu son histoire personnelle. Car évidemment, quand un personnage a le même âge que vous, vous ne pouvez que faire la comparaison. Alors, peut-être Rosie m'envierait d'avoir une famille, des enfants et petits-enfants. Mais moi, de la même façon, je l'envie d'avoir vu tellement de pays et fait autant de rencontres. Alors, peut-être, tout simplement, n'est-on jamais content de ce qu'on est et de ce qu'on a vécu. Et je me dis aussi qu'un tel livre doit être compliqué à lire par une personne plus jeune, qu'il doit être difficile de comprendre Rosie et de se mettre à sa place...

 

L'attachement à Rosie et aux autres personnages se fait facilement. Il est renforcé par le choix narratif de l'auteure, puisqu'elle emploie le « je » pour raconter. Ce « je » permet de se mettre entièrement dans la peau et la tête de la protagoniste, de ressentir au plus près ce qu'elle vit, de rentrer dans sa tête. J'aime beaucoup ce procédé qui me permet de me sentir très proche du héros, et en l’occurrence, ici, je me suis sentie tellement proche que je me suis comparée à elle. Peut-être ferai-je comme sa tante Min, qui a attendu ses soixante-dix ans pour faire ce qu'elle n'avait jamais pu faire. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la comparaison entre la vie de ces deux femmes, les non-dits entre elles, leur attachement l'une envers l'autre et les inquiétudes que chacune a vis-à-vis de l'autre. Leur relation est intense, et Rosie va découvrir des choses sur sa tante qui vont amplifier cette intensité. Avec ce duo, il ne faut pas oublier de parler des ami(e)s de Rosie, qui ont une place importante dans sa vie et son histoire. J'ai aimé la petite dose d'humour que certains apportent et allègent ainsi le récit et dédramatisent les événements. Et avec la morosité parfois lourde de Rosie, la légèreté de certains de ces amis fait du bien dans la lecture.

 

Bien sûr, le tout est porté par un très bon style. Je découvre la plume de Nuala O'Faolain et je suis subjuguée, elle m'a portée tout au long de ma lecture et l'a rendue très émouvante. Elle retranscrit très bien les émotions, les joies, les peines. Elle fait passer de très beaux messages au travers de ces deux femmes, sur l'amour, l'amitié, l'acceptation de soi, le vieillissement. Et tout cela dans de beaux décors irlandais qui sont très bien dépeints sans jamais alourdir le récit, j'ai très bien réussi à m'imaginer la presqu'île où elle a sa vieille maison, avec l'océan et les vagues. Ce fut un très beau voyage, et comme l'Irlande est un pays que j'aimerais beaucoup visiter, je me suis régalée à ce niveau-là.

 

Je ne connaissais pas encore cette auteure. En parcourant sa bibliographie, j'ai vu d'autres de ses romans qui pourraient m'intéresser, et je pense que je la lirai à nouveau dans une autre histoire, je pense notamment à L'histoire de Chicago May, elle me semble fort intéressante.

Malgré ce pessimisme ambiant, j'ai trouvé la fin beaucoup plus positive, Rosie a enfin travaillé sur elle-même et est prête à vivre une nouvelle vie. Je suis contente de cette fin, j'avais tellement peur que tout soit trop noir.

La lecture s'est faite rapidement, je ne pensais pas que je serai autant accaparée par la vie de ces femmes. Je n'ai pas vu la deuxième moitié défiler par rapport à la première. Malgré le côté un peu énervant parfois de Rosie, son histoire m'a beaucoup intéressée et je l'ai lue facilement et avec une certaine avidité.

 

Pour conclure, ce livre n'est pas entièrement un coup de cœur, mais ceci est tout à fait personnel. Peut-être ne l'ai-je pas lu non plus à un bon moment, où mon moral à moi n'était pas au beau fixe, et j'ai donc ainsi ressenti encore plus la morosité de Rosie. Mais au moins, on ne peut pas dire que l'auteure ne sait pas retranscrire les sentiments...

C'est une très belle découverte pour moi. Le choix entre les trois romans pour la sélection d'avril du prix va vraiment être très difficile, ils ont tous de grande qualité...

 

Je remercie d'ailleurs une nouvelle fois Le Livre de Poche et le Prix des Lecteurs de m'avoir permis de faire cette belle découverte. Comme je le dis à chaque fois, sans ce prix, je serais passée à côté de ce livre.

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