Un petit carnet rouge de Sofia Lundberg

Publié aux éditions Le Livre de Poche

Résumé :

À 96 ans, Doris habite seule à Stockholm. Elle n’a plus aucune famille  si ce n’est une petite-nièce qui vit aux États-Unis. Son bien le plus  précieux est un carnet d’adresses, qu’elle possède depuis 1928. Ce  calepin rouge contient le souvenir des gens qu’elle a rencontrés au  fil de son existence, et dont elle a rayé les noms à mesure qu’ils ont  quitté ce monde.
  De l’excentrique bourgeoise pour qui elle a travaillé enfant à l’amour  de sa vie rencontré à Paris, de la veuve qui lui a appris l’anglais sur le  bateau l’emmenant à New York aux plus grands couturiers français  qui l’ont vue défiler, de l’artiste suédois devenu son confident à sa  propre soeur, au destin douloureux, l’existence de Doris est une  épopée romantique, tragique et émouvante.

À propos de l'auteure :

Sofia Lundberg est une journaliste et ancienne rédactrice en chef de magazine. Un petit carnet rouge, d’abord autoédité, a connu un tel succès sur Internet qu’il a aussitôt été repéré par un éditeur suédois, avant d’être vendu dans près de trente pays. Sofia Lundberg vit à Stockholm avec son fils.

Mon Avis :

J'ai lu ce livre dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, il fait partie de la sélection de mars. Dès sa réception, j'ai tout de suite été charmée par la couverture rouge reprenant l'effet du carnet, et surtout son résumé m'a conquise dès la première lecture. C'est un premier roman pour Sofia Lundberg qui a, dans un premier temps, été autoédité. Son succès sur internet a fait qu'il a été repéré par un éditeur. Je trouve cette histoire déjà digne d'un roman.

J'ai ainsi fait la connaissance de Doris. C'est une vieille dame de 96 ans. Elle vit seule dans son appartement à Stockholm, elle a pour seule famille, une nièce qui vit aux États-Unis. Elle lui parle souvent par visio grâce à internet et à Skype qui est installé sur son ordinateur. C'est un moyen pour elle de rester en contact et de pouvoir voir sa nièce et ses enfants. Doris écrit aussi, elle raconte son histoire pour sa nièce, pour qu'elle connaisse sa vie et les personnes qu'elle a connues. Elle a toujours à côté d'elle un petit carnet rouge dans lequel sont notées toutes les personnes qu'elle a rencontrées et côtoyées. Tous les noms de ce carnet sont barrés et marqués d'un « Décédé » à côté. Il ne reste plus personne du passé de Doris.

Doris a une histoire chargée et lourde. Elle est séparée très tôt de sa mère à Stockholm car celle-ci n'arrivait pas à s'occuper de son foyer, son père est mort et sa mère reste seule pour s'occuper de ses deux filles. Elle envoie donc son ainée, Doris, dans une maison où elle sera employée de maison. Elle n'est pas habituée au luxe, la propriétaire est sévère. Doris va ainsi être plongée dans un monde inconnu pour elle, où elle va côtoyer de grands artistes. Elle partira avec sa patronne à Paris où elle va découvrir un autre monde, toujours dans l'univers artistique. Elle va devenir mannequin pour des grands noms de la mode, elle va y connaître l'amour, qu'elle va perdre maintes fois, elle va le chercher jusqu'à New York. Elle vivra avec lui de belles heures mais surtout leur histoire sera entâchée de quiproquos et de malentendus qui les empêcheront de vivre pleinement leur amour. Elle retrouvera également sa sœur, qu'elle aidera le plus possible, mais, la guerre fait rage en Europe, son amour y est parti, elle va donc essayer de le retrouver.

Doris va avoir une vie très riche, en événements mais aussi en rencontres. Elle restera toute sa vie amoureuse du seul homme. Elle vivra des épreuves, et se relèvera à chaque fois, plus forte. Sa nièce saura lui rendre tous les sacrifices qu'elle a pu faire. Elle aura envers Doris de très beaux gestes d'amour.

J'ai beaucoup aimé suivre cette femme de son enfance jusqu'à sa vieillesse. Elle a eu une vie très riche, comme il est possible qu'elle soit. Les aléas de la vie vont faire dévier bien souvent son chemin. Je me suis très vite attachée à elle et j'ai vécu des moments intenses avec ou grâce à elle. Au travers de sa vie, l'auteure nous parle de sujets importants, de l'abandon, de la perte d'un être aimé, de la guerre, de la place de la femme dans la société de ces années là. Mais elle parle aussi de la vieillesse, de la prise en charge des personnes âgées, et des difficultés qu'elles ont à vivre leur maladie lorsqu'elles sont complètement isolées et seules. La vie de Doris, que ce soit son passé ou son présent, est très touchante et émouvante.

L'attachement à Doris se fait également grâce au choix narratif de l'auteure. J'ai d'ailleurs trouvé très original que celui-ci change selon le support de récit de Doris. Lorsque c'est le présent de Doris, qu'elle s'adresse à sa nièce, la narration se fait à la troisième personne. Par contre, lorsque cela concerne son récit du passé avec les noms de son petit carnet, la narration se fait à la première personne. Cette double narration m'a ainsi permis de vivre à la fois intimement avec la narratrice et à tenir une certaine distance dans son présent. Bien sûr, ce « je » est une façon de raconter que j'aime beaucoup car il me permet d'être au plus près du personnage principal et de ressentir le mieux possible tous les sentiments qui la traverse. Du fait de l'attachement ressenti avec ces chapitres, je me suis sentie également très proche de Doris dans son présent aux côtés de sa nièce.

Pour un premier roman, je trouve que c'est une réussite. J'ai lu certains avis qui disaient que la vie de Doris était remplie de clichés. Oui, peut-être, c'est vrai qu'il lui arrive beaucoup de choses, mais franchement, ce n'est pas le premier roman que je lis où il arrive plein de péripéties au personnage principal. Et ce que certains appelleront des clichés, pour moi, je trouve que c'est l'occasion de parler de sujets de société importants au travers d'un personnage. On peut faire vivre tellement de péripéties à ces héros de papier, on peut ainsi faire passer au travers d'eux tellement de faits de société qu'il ne faut pas oublier. Je trouve tellement important de parler de sujets importants afin de pousser le lecteur à la réflexion, ou tout simplement à ne pas oublier les faits graves de notre Histoire.

L'auteure fait très bien passer toutes les émotions à travers son écriture. Je n'ai pu m'empêcher de ressentir un certain pincement au cœur une fois arrivée à la fin. Pareil, certains diront qu'elle fait vraiment trop « cliché », mais moi, je trouve plaisant et émouvant de penser que cela aurait pu se passer ainsi. Parfois, il faut arrêter de chercher dans les romans de la véracité ou de se demander si cela aurait pu se passer ainsi ou non. Il faut vivre le moment de lecture comme l'auteure veut nous l'offrir et s'imaginer avec elle que tout s'est ainsi passé comme cela. Du moment qu'il n'y a pas d'incohérence ou de faits trop bizarres, c'est une fin tout aussi valable que d'autres. En tout cas, j'aime à penser que Doris ait vraiment vécu cela.

J'ai beaucoup aimé cette lecture et l'histoire de Doris va, je pense, me rester marquée un moment. Je ne vais pas l'oublier de sitôt. Ma lecture s'est faite avec plaisir, le rythme est bon, avec des chapitres courts et variés. J'ai juste eu un peu de mal au début, à savoir si j'étais dans le présent ou le passé de Doris. Les chapitres au passé sont tout le temps titrés par un nom d'une connaissance à Doris, comme c'est le cas dans son carnet, et je n'y avais pas fait attention.

Ce roman est donc une très belle découverte. Il me reste à lire un roman avant de choisir mon livre du mois, je sens déjà que le choix va être difficile, mais c'est le jeu. Je suis très contente d'avoir lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs. J'avais vu passer ce titre lors de sa sortie en version brochée, et je suis contente de l'avoir lu maintenant dans sa version poche et surtout de l'avoir dans ma bibliothèque, je prendrai plaisir à le relire ou à le prêter à une personne chère.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture si vous voulez vivre un moment riche et émouvant de la vie d'une femme du XXème siècle.

Un grand merci à Sofia Lundberg pour cette lecture, je pense qu'elle ne lira jamais cette chronique, mais ce n'est pas grave. Et un grand merci au Livre de Poche également de m'avoir permis de faire cette découverte.

Un petit carnet rouge

À quatre-vingt-seize ans, Doris vit seule à Stockholm. Elle n'a plus aucune famille si ce n'est une petite-nièce aux États-Unis. Son bien le plus précieux est un carnet qu'elle possède depuis...

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