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Marie-Nel lit

Benzos de Noël Boudou

21 Décembre 2019 , Rédigé par Marie Nel

Benzos de Noël Boudou

Publié aux éditions Taurnada

 

 

Résumé :

 

Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec cette sensation de déjà-vu ? Sauriez-vous faire la différence entre le vrai et le faux ? Avez-vous une confiance absolue en vos proches ? Nick semble mener une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses voisins. Pourtant, le jour où des amis de longue date arrivent, son existence tout entière va basculer dans l'étrange et l'impensable. Réalité ? Psychose ? Quelle preuve avez-vous finalement de votre réalité ?

 

 

À propos de l'auteur :

 

Noël Boudou, né à Toulouse en 1974, travaille auprès de personnes âgées et vit aujourd'hui près de Cahors. Depuis l'âge de 16 ans, chanteur dans divers groupes allant du hard-rock au death metal, écrire ses textes de chansons lui donne un jour l'envie de s'essayer à raconter des histoires. Fan de Jim Thompson, Joe R. Lansdale et David Peace, c'est tout naturellement qu'il se tourne vers le roman noir. Son premier livre, « Elijah » (Flamant Noir), remporte le prix du Roman Noir 2017 lors du Festival de Cognac.

 

 

Mon Avis :

 

J'ai eu envie de lire ce roman tout simplement parce qu'il est édité chez Taurnada. Je le dis à chaque fois, mais c'est une maison d'édition qui porte bien son nom, elle crée à chaque fois une mini tornade dans la lecture. Elle est spécialisée dans le thriller et depuis que je la connais, je n'ai jamais été déçue par aucun de ses romans. Ils remplissent tous les codes des bons, voire des très bons thrillers. Sincèrement, si vous cherchez une bonne lecture dans ce genre là, n'hésitez pas à aller piocher dans les parutions de cette maison.

 

Et celui-ci ne déroge pas à cette règle. Il me permet de découvrir en même temps un auteur que je ne connaissais pas encore, et j'en suis ravie, c'est toujours un plaisir. Le titre m'avait intriguée, Benzos, c'était qui ? Un surnom de personnage ? Non, il ne s'agit pas de cela, on comprend vite à quoi cela fait allusion. On fait la connaissance de Nick Power, c'est son véritable nom, il lui vient d'un père américain. Il tire une certaine dérision de cela. Il est marié à Chloé et ils vivent tous les deux dans le Lot. Nick a un gros problème de dépendance à des somnifères qu'il prend depuis son adolescence. Au début, ils devaient l'aider à dormir, mais petit à petit, son corps s'est habitué, il est devenu de plus en plus dépendant, en a pris de plus en plus, même pendant la journée. Ils sont devenus une drogue dont il n'arrive pas à se passer. Avec un ou plusieurs cachets, il se sent tellement mieux... ça mélangé à de l'alcool et un joint de temps en temps, et le schéma est complet pour que Nick puisse faire face à ses journées.

Un jour, Chloé doit s'absenter pour le boulot. Ils doivent recevoir leurs amis, Pierre et Cath, qui viennent passer quelques jours de vacances chez eux. Nick est donc seul pour les recevoir. Il va tout préparer soigneusement, faire le ménage à fond (cette activité l'aide à faire de même dans sa tête), faire les courses. La première journée et soirée se passent bien, à part quelques faits la nuit qu'il pense être des hallucinations. Mais quelle n'est pas sa surprise lorsque le lendemain, au réveil, il se rend compte que ses amis ne sont plus là et qu'il reçoit le même texto que la veille lui annonçant leur arrivée. Et la journée de la veille va se répéter, dans le même ordre, les mêmes phrases, les mêmes gestes. Nick se pose alors des questions, a-t-il halluciné la veille, quel jour est-il vraiment ? Et ces faits bizarres vont s'enchainer pour lui, il va naviguer entre réalité et rêves, entre vérité et mensonge. Ses relations avec son voisinage vont également en prendre un coup, il va avoir des démêlés avec certains, d'autres vont avoir des accidents. Et quand il revit ses derniers moments avec Chloé avant son départ en formation, cette fois, il se perd de plus en plus, et plus il se perd, plus il prend de cachets avec de l'alcool, ce qui, bien évidemment n'arrange rien. Où est la part de vérité, que se passe-t-il, Nick va se le demander pendant un moment...et moi aussi en tant que lectrice, je me suis retrouvée aussi perdue que Nick.

 

Et cette sensation de ne plus savoir ce qu'il se passe fait que la lecture se fait de plus en plus vite, j'avais même l'impression que mes yeux n'allaient pas assez vite pour lire tellement je voulais savoir et avoir les réponses à mes interrogations. En plus, la narration se fait à la première personne du singulier, ce « je » nous fait rentrer dans la tête de Nick, on sait tout ce qu'il pense, on ressent la moindre de ses sensations, le moindre sentiment, j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver dans la peau de Nick, à vivre son mal-être, ses élans de vitalité, à me questionner sur ce qui pouvait être vrai ou pas.. J'aime beaucoup ce procédé, il crée une telle intimité avec le personnage principal qu'on ne peut qu'être touché par ce qu'il vit, on a peur pour lui, on le voit faire des actions et on se demande alors dans quelle situation il s'est encore mis et comment il va s'en sortir. Je me suis donc attachée fortement à lui, il va avoir des révélations sur son passé, sur le pourquoi de sa prise de médicaments, et ça va le dévaster encore un peu plus. J'ai eu beaucoup d'affection pour ce personnage, j'avais envie de rentrer dans le livre et d'aller le réconforter, lui dire que tout allait bien se passer. Je l'ai plutôt regarder descendre la pente, sans pouvoir faire quoique ce soit, et c'est assez dur à vivre en tant que lecteur, on assiste à la descente aux enfers du personnage et on se demande alors jusqu'où a pu aller l'auteur.

 

Et il est allé loin, jusqu'au bout du bout. On a un commencement de réponse vers le milieu de l'histoire, on aperçoit un début d'explication, on en est à se dire « et si ? » mais on est encore loin de s'imaginer de là où va nous emmener l'auteur. Ce que j'ai trouvé de très bien, c'est qu'il n'en a pas fait des tonnes non plus, vu le sujet, il aurait pu faire encore plus dans le pathos et ça aurait pu partir à la dérive complète. Mais non, il a su rester sobre dans les événements et très réaliste, ce qui fait qu'on se prend au jeu et qu'on pense que Nick et les autres ont très bien pu exister. Et je ne m'imaginais pas du tout de la fin vers laquelle l'auteur allait m'amener. J'ai été plus que surprise, j'espérais très fort que la situation se redresse, mais non, l'auteur est allé jusqu'au bout et n'a pas épargné ses personnages. Quand j'ai tout compris, j'en suis restée un moment sur les fesses. Tout ce cheminement partait d'un bon sentiment, tout était bien réglé, mais tout ne se passe pas toujours comme on l'avait pensé au départ, et l'imprévu peut toujours faire tout capoter.

 

Je me suis attachée à Nick, comme je le disais avant, mais aussi aux personnages secondaires. On vit tout le long du roman dans une sorte de huis clos entre Nick, sa femme et son couple d'amis. De temps en temps, un voisin ou un médecin vient se rajouter au quatuor, mais tout est basé sur ces quatre personnages et c'est plutôt bien fait.

L'histoire est bien construite, l'angoisse monte crescendo, j'ai eu de plus en plus peur au fur et à mesure de ma lecture. L'ambiance est angoissante, étouffante, j'avais bien souvent envie de ralentir ma lecture pour souffler un peu, reprendre un bol d'air pur, mais je n'y arrivais pas, tellement j'étais prise dedans. Et surtout, j'avais tellement envie de savoir qu'il était hors de question de lâcher le livre avant la fin, juste ce qu'il faut pour les obligations...J'ai apprécié le style de l'auteur qui fait monter l'angoisse et le rythme de la lecture avec des phrases plus courtes, se répétant, parfois ne contenant qu'un seul mot, surtout quand Nick ne va pas bien, quand il fait des cauchemars ou tombe sous l'effet des somnifères.

 

Et à travers tout ça, Noël Boudou fait passer des messages importants sur l'accoutumance à ces médicaments. Il explique en préambule qu'il a été lui même dépendant de cela et à quel point il a eu du mal à s'en sortir au bout de vingt-cinq ans. J'ai connu également les effets des somnifères, pas aussi graves qu'ici, mais le moindre petit médicament est très difficile à se déshabituer. Il a ainsi pu reporter sa propre expérience sur son personnage principal, c'est pas étonnant qu'il soit aussi crédible.

Le tout agrémenté de touches musicales avec des références chères à l'auteur qui m'ont donné plus d'une fois un air à fredonner et l'envie de réécouter certains morceaux.

Pour terminer, je rajouterai juste que la couverture colle parfaitement à l'histoire et représente bien dans quel état d'esprit se trouve Nick et quelles souffrances il traverse.

 

Je pense que vous l'aurez compris, vu la taille de cet avis, j'ai adoré cette lecture, je pourrais encore vous en parler tellement il y a à dire et tellement ce livre est incroyablement stressant. J'ai passé un moment de lecture digne d'un grand thriller, angoissant à souhait et sombre au possible. Ma découverte de Noël Boudou est une réussite, je vais d'ailleurs suivre de près cet auteur et essayer de me procurer son précédent roman Elijah, qui, à la lecture du résumé, promet un nouveau moment de lecture intense.

 

Si vous aimez le thriller, noir, angoissant, prenant, n'hésitez pas et découvrez Benzos et Noël Boudou, je suis sûre que vous ne serez pas déçus ! Pour ma part, je remercie sincèrement Noël Boudou pour ce moment de lecture très fort et remercie également Joël des éditions Taurnada pour ce service presse de qualité et cette belle découverte.

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