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Marie-Nel lit

Le Sicilien, Nuits Nantaises 90's par Carl Pineau

23 Juillet 2019 , Rédigé par Marie Nel

Le Sicilien, Nuits Nantaises 90's par Carl Pineau

Publié aux éditions Lajouanie

 

 

Résumé :

 

Nantes, 1995. Une jeune albanaise est assassinée dans des conditions particulièrement sauvages. Dario, gérant de discothèque d’origine sicilienne, fait figure de principal suspect : on a retrouvé le cadavre dans le coffre de sa voiture ! Greg  Brandt, policier madré, est chargé de l’enquête, et dresse une liste bien plus étoffée de coupables potentiels, au premier rang de laquelle on trouve quelques mafieux, fraîchement débarqués d’Europe de l’Est, des notables aux curieuses fréquentations, des truands locaux et quelques hommes de main russes…

Le  Sicilien est le deuxième opus des Nuits  nantaises, une trilogie constituée d’intrigues policières, indépendantes les unes des autres, racontant les décennies 80, 90 et 2000. On y retrouve un personnage récurrent, sacrément attachant, l’inspecteur Greg  Brandt .Découvrez sa première enquête en lisant L’Arménien.

 

 

À propos de l’auteur :

 

Carl  Pineau est né à Nantes, où il a passé une grande partie de sa vie. Passionné par la littérature et désireux de se lancer dans l’écriture, il a suivi les cours de création littéraire de l’université de Laval, à Quebec. Avec son premier roman, L’Arménien, il a reçu, en 2017, le Prix du cercle anonyme de la littérature.

 

Ce grand voyageur partage son temps entre la France et la Thaïlande. Il peaufine actuellement le troisième et dernier opus de sa trilogie Nuits nantaises.
 

 

 

Mon Avis :

 

J'ai découvert Carl Pineau l’année dernière avec L’Arménien qui est le premier volet de sa trilogie des Nuits Nantaises. Il a fait le pari d’écrire trois romans policiers qui ont tous comme point commun de se passer à Nantes. L’originalité réside dans le fait que les romans se passent tous à des époques différentes. L’Arménien se passait dans les années 1980, celui-ci se passe dans les années 1990 et le prochain devrait se passer dans les années 2000. Il est intéressant de se replonger dans l’atmosphère qui régnait alors, c’est ce que j’avais déjà beaucoup apprécié dans le premier roman. Carl Pineau sait fixer son histoire dans le temps, l’étayer avec des faits qui se sont passés à ces moments là, dans la vie de tous les jours et qui ont révolutionné la vie de certains. Tout est fait sans lourdeurs et avec beaucoup de justesse, des petits rappels de ce qu'on entendait comme musique ou des faits sociaux qui ont changé nos vies.

 

Un autre point commun qui relie les romans entre eux est le personnage de Greg Brandt. Cet inspecteur de police est indispensable à toute enquête policière. Ce que j'ai trouvé intéressant dans l’Arménien et qui est pareil ici aussi, c’est que l’inspecteur n'est pas le héros du roman ni celui qui raconte l’histoire. On est en effet ici dans la peau de Dario, un trentenaire barman et gérant d'une discothèque. Et en une nuit, tout va basculer pour lui. La jeune femme rencontrée pendant son travail va être retrouvée au matin sauvagement assassinée dans le coffre de sa voiture. Il ne se souvient bien évidemment de rien, et les ennuis ne vont faire que commencer pour lui. Arrêté comme suspect, il sera vite relâché. Interrogé par l’inspecteur Brandt, celui-ci verra que Dario est franc et dit la vérité et comprendra vite qu'il est au centre de quelque chose de plus compliqué. L’enquête va être difficile, les faits se succédant contre Dario. Le pauvre, il en verra de toutes les couleurs. Et surtout, il va découvrir des choses sur son passé complexe et sur l’héritage lourd de sa famille Sicilienne.

Comme dans le premier roman, j'ai aimé la façon de faire de l'auteur de mettre en secondaire le personnage de l’inspecteur. On le voit à travers le regard du suspect et je trouve ça encore plus fort. Je me suis vite attachée à Dario, et j’étais persuadée de son innocence, prête à le défendre, et pourtant rien n'indique s'il est coupable ou pas. Le fait aussi que Carl Pineau ait utilisé la première personne du singulier pour faire parler Dario permet d’être aussi au plus près du personnage et de ressentir la moindre de ses émotions. Et niveau émotions, je peux vous dire qu'on va être servis ! Carl Pineau n’hésite pas à faire souffrir ses personnages, à les faire mourir dans des conditions atroces, il faut être bien accroché pour lire certaines scènes. Et plus je côtoie Greg Brandt et plus je l’apprécie. Il reste en second plan, analyse tout ce qu'il se passe, fouille dans le passé de chacun, donne des infos, creuse des indices. Il se comporte presque comme un père, c’est une personne en tout cas très compréhensive. Avec son pardessus et son chapeau, il me fait penser à Maigret. C’est une personne charismatique et emblématique qui marquera cette trilogie. Je prendrai beaucoup de plaisir à le retrouver.

 

Et ces personnages évoluent au milieu des années 1990, avec tout ce qui a pu marquer cette époque, la fin de l'amour débridé avec le SIDA qui marque les esprits et qui fait des ravages. À ce moment là, on en meurt encore beaucoup, la trithérapie n’existait pas. On payait encore en francs, les politiques commençaient à parler de l'euro et du changement de monnaie mais ça paraissait encore bien loin, on fumait encore dans les espaces publics, on avait des radios-cassette dans les voitures, pas de réseaux sociaux ou d'internet, les téléphones portables n’étaient pas encore pour tout le monde…tout un monde qui semble si loin maintenant et qui pourtant n'a que 24 ans. J’étais jeune dans ces années là, et me remémorer tout cela fait bizarre et semble totalement révolu. Et surtout, 9n approchait de l'an 2000 avec tout l'espoir que ce changement de millénaire mettait en nous…Bien sûr, tout cela est ajouté à l'histoire avec beaucoup de légèreté, ce sont des petits indices ou des petites piqûres de rappel au sein de l’action, des détails qui posent et renforcent bien l'ambiance générale. Et la mention spéciale faite à Thierry Roland m'a fait sourire…

 

Le tout mis en valeur par la plume toujours efficace de Carl Pineau qui mêle les pistes et sèment les indices qui font que l'on doute de tout et de tous. Et pourtant la construction du roman pourrait faire peur quand on le feuillette avant la lecture, on se rend compte qu'il n'y a pas de chapitres, juste des coupures avec des petits traits. Mais à la lecture, ça ne se ressent pas du tout, l'histoire est tellement prenante et palpitante que j'ai complètement oublié ce petit détail. La lecture est tellement intense qu'on en oublie tout le reste. Les difficultés s’accumulent sans qu'elles puissent paraître extravagantes, bien au contraire, tout pourrait être bien réel, et ça fait froid dans le dos.. mon esprit un peu tortueux et à chercher toujours la petite bête dans les polars à fait que les doutes que j'avais sur une personne qui apparaît de temps en temps se sont trouvés avérés, mais cela n'a rien ôté au sensationnel des révélations finales, je ne m’attendais tout de même pas à autant de…cruauté…

 

Je n’ai maintenant qu'une hâte, c’est de retrouver Greg Brandt dans le troisième opus qui devrait s'appeler Le Nantais. Tout un programme rien qu'au titre. Peut-être en apprendrons nous encore un peu plus sur l’inspecteur, il se dévoile petit à petit mais reste toujours un peu mystérieux. Ce sera un réel plaisir de le retrouver.

J'ai encore été trop bavarde….mais j'ai tellement aimé ce roman ! Je pense même un peu plus que le premier, il m'a encore plus touchée au niveau sentiments. J'ai lu ce roman rapidement, non pas parce qu’il est rapide à lire, mais surtout parce qu'il est très prenant et que j'ai eu envie de savoir le fin mot, je n'ai réussi à m'endormir qu'une fois la dernière page tournée.

C’est un roman que je vous recommande vivement. Et vous pouvez le lire même si vous n'avez pas lu L’Arménien, ça ne gêne en rien à la compréhension, ce sont deux histoires distinctes. En tout cas, Carl Pineau me conforte dans l’idée de continuer à le suivre, c’est un auteur de talent qui avait d'ailleurs remporté le Prix des Auteurs Inconnus 2017.

Je suis très satisfaite de ce roman que j'avais gagné lors d'un concours organisé par le blog Julitlesmots https://julitlesmots.com/ que je remercie une nouvelle fois. Merci également aux éditions Lajouanie de m'avoir ainsi permis de lire ce roman au format papier grâce à ce concours, format que je préfère au numérique, un petit reste des années 90 pour moi aussi…

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