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Pour te voir cinq minutes encore de Aurélie Le Floch

9 Avril 2019 , Rédigé par Marie Nel Publié dans #autobiographie

Pour te voir cinq minutes encore de Aurélie Le Floch

Publié aux Éditions les Ateliers Henry Dougier

 

 

Résumé :

 

Témoignage d'une enfance confrontée au sida
" Le 31 janvier 1994, mon père est mort du sida. J'avais quinze ans, lui trente-six. Durant sa courte vie, il a aimé des femmes et des hommes, puis ce mal sournois l'a emporté très vite... "

À travers ses yeux d'enfant puis d'adolescente, Aurélie Le Floch raconte une jeunesse, sa jeunesse, et cette relation père-fille à la fois sensible et pudique. Elle se remémore tout en flashback la joie des vacances près de la Baule avec " les amis de la plage ", les séparations douloureuses, les premiers signes de fatigue de son père, l'impossibilité d'en parler.
Elle se souvient surtout de cet homme, un personnage libre et solaire, souvent absent et pourtant si présent.

 

À propos de l'auteure :

 

Aurélie Le Floch, journaliste, vit et travaille à Paris. Pour te voir cinq minutes encore, son premier livre, est un récit autobiographique.

 

Mon Avis :

 

« Une vie, une voix » est une nouvelle collection des Ateliers Henry Dougier. Ce sont des vies ordinaires, des voix, des récits de vie réels. Je trouve ce concept original et bien pensé. Ce ne sont pas de longs romans, celui-ci, par exemple, fait un peu plus de soixante-dix pages. Mais ce sont soixante-dix pages de lecture intense et émouvante. On ressent autant que dans un roman plus épais. Un témoignage est toujours intimiste, émotionnellement fort, un recueil de confidences d'une personne que l'on apprend à connaître le temps d'un récit.

 

Aurélie Le Floch nous parle de son père. Elle l'a perdu très jeune, puisqu'il est mort alors qu'elle n'avait que quinze ans. Ses parents ont divorcé alors qu'elle était fort jeune, sa mère ayant découvert que son père avait un amoureux secret. C'est sa mère aussi qui aura la garde de la petite fille, celle-ci ne voyant son père qu'aux vacances. C'est très difficile à vivre pour elle, comme pour tout enfant de divorces, elle est particulièrement attachée à son père. Il est l'opposé de sa mère, solaire, lumineux, enjoué, la vie n'est pas triste avec lui. Elle va ainsi vivre toute son enfance partagée entre ces deux mondes opposés et différents. Jusqu'aux débuts de la maladie de son père où il faudra qu'elle accepte l'inévitable.

Aurélie nous parle avec beaucoup d'amour et de pudeur de son père, de sa relation avec lui, de tous ses souvenirs qu'elle a pu engrangés pendant le peu qu'elle a vécu avec lui. Elle évoque cette maladie qu'est le Sida, on est au début des années 90, les médicaments comme ceux de maintenant n'existent toujours pas, on parle beaucoup de ce fléau, on le stygmatise, on le cache. Je me souviens de ces années. On n'en parlait pas, on avait honte, on montrait du doigt, les personnes malades se terraient dans le silence. Les traitements ont évolué de nos jours, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut oublier cette maladie et toujours rester sur ses gardes.

 

Et bien sûr, à part cette particularité, je me suis reconnue dans l'auteure. J'ai perdu mon père plus vieille qu'elle, mais c'est une déchirure atroce, un manque de chaque jour impossible à combler. Et ça, Aurélie Le Floch en parle tellement bien. De tout ce qu'il lui a apporté pendant son enfance, de ses racines, de ses vacances avec lui, des jeux, des rires, des pleurs. Tout ce qui fait que l'on garde un être cher dans son cœur. Le roman commence par l'enterrement de son père, et on ressent toute la peine de la jeune femme. J'ai vécu à travers ces lignes l'enterrement de mon propre père, les phrases qui sont dites, celles qui ne sont pas dites, les regards, la descente du cercueil dans le caveau. Bien sûr que c'est triste, mais c'est en même temps un magnifique message d'amour et d'espoir, un hommage à ce père avec qui elle n'a pas réalisé tous ses projets, parti trop tôt mais qu'elle garde dans son cœur.

 

C'est bien écrit, c'est fluide, l'emploi du « je » pour la narration fait que l'on rentre encore plus dans la tête de l'auteure, dans ses pensées, dans son intimité. On ressent encore plus ses sentiments, on se met encore plus à sa place et on vit chaque moment de sa vie avec elle. C'est une adulte qui nous parle de son père, et en même temps, elle a très bien retranscrit chaque émotion qu'elle avait eu enfant, avec toute l'innocence et la pureté du regard que l'on a à cet âge. Dommage que certains le perdent une fois adulte... J'ai lu ce livre en un après-midi, bien sûr parce qu'il est court, aussi, mais surtout parce qu'une fois commencé, je me suis retrouvée dans un autre monde avec l'auteure et que je ne voulais pas m'arrêter de la regarder vivre avec son père. Quel bel hommage...

 

Ce roman est une très bonne lecture, émouvante, bouleversante qui fait encore plus aimer la vie. Profiter de chaque instant et des personnes qu'on aime est l'essentiel, afin de ne pas avoir de regrets. Un très beau témoignage que je vous recommande, une très belle leçon de vie. Et aussi une belle collection que je vous invite à découvrir, qui promet de bons moments de lecture, intenses et inoubliables. Un grand merci aux Ateliers Henry Dougier de me faire vivre ainsi de beaux moments.

 

Et pour finir, une petite phrase que j'ai relevée et qui m'a incroyablement parlé :

«...et là je comprends tout à coup une chose très importante que je n'oublierai jamais, c'est que les plus rigolos sont aussi les plus tristes, leur humour flamboyant est tout ce qu'ils ton trouvé pour tenir à distance la dégueulasserie de la vie ».

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