La dame d'Aquitaine par Jacquie Béal
Publié chez City Éditions
Résumé :
Périgord, 1637. Altaïre de Claviérac est élevée dans une grande liberté, bien loin des règles de bienséance de la noblesse. Indépendante et farouche, elle monte à cheval comme un garçon, jure comme un homme d'armes, chante comme un troubadour et rêve d'épopées comme un chevalier...
Mais l'Histoire est en marche. Les violences de la Fronde vont tout bouleverser et, à la mort de ses parents, Altaïre est forcée de quitter le monde de l'enfance pour se soumettre aux règles strictes qui régissent l'éducation des jeunes filles du siècle.
Sous la tutelle d'un oncle auquel elle ne veut pas se soumettre, elle est envoyée au couvent. Mais bien vite, on nourrit d'autres projets pour elle et un mariage lui est imposé. Son destin paraît scellé, mais Altaïre ne renonce jamais : la liberté et le bonheur doivent se conquérir...
Mon Avis :
Je retrouve avec grand plaisir Jacquie Béal que j'avais pu découvrir l'année dernière avec son second roman Le temps de l'insoumise qui m'avait lui aussi transportée en Périgord et en Aquitaine au quatorzième siècle.
Elle plante le décor cette fois ci toujours en Aquitaine et dans le Périgord mais plus tard puisque l'histoire se déroule de 1637 à 1655. On est au moment de Louis XIV et d'un mouvement de rebellion mené contre lui avec la Fronde.
J'ai ainsi fait la connaissance d'Altaïre de Claviérac, elle est la fille de Abélard et Héloïse, un couple qui s'aime beaucoup. Elle va vivre son enfance dans ce château à Claviérac, un peu livrée à elle-même, sa mère s'occupe très peu d'elle, elle vit la plupart du temps avec sa nourrice Mamoune. Elle vivra avec elle une enfance gaie, enrichissante et pleine d'enthousiasme. À la mort de ses parents, elle va devoir quitter son petit monde et partir chez son oncle, le comte de Troncavelle. Là, elle ne vivra plus avec la même liberté qu'au château de ses parents. Elle aura beaucoup de mal à se soumettre aux volontés de son oncle. Elle va devoir changer ses manières, son langage. Étant élevée en totale liberté à Claviérac, elle va devoir se conduire maintenant comme une jeune fille posée, de la bonne société. Le château de ses parents, dont elle a hérité, représente le dernier bastion sur la Dordogne qui n'est pas tombé aux mains des Frondeurs. Il est bien évidemment très prisé, et en même temps il en est de même pour Altaïre. Elle devient ainsi un bon parti à marier. Pour la protéger, son oncle l'envoie dès ses treize ans au couvent où elle recevra une éducation encore plus stricte, on se l'imagine aisément. Son oncle veut aussi qu'elle apprenne encore plus les bonnes manières, tout ce qu'une femme de la noble société doit représenter. Mais va-t-il arriver si facilement à dompter son caractère fougueux ? Et à qui a-t-il ainsi décider de la marier ? L'époux qu'il lui a choisi est-il vieux...jeune ? Plus le temps passe et plus l'avenir d'Altaïre est incertain.
J'ai beaucoup aimé ce personnage féminin. Dès sa tout petite enfance, c'est une personne déterminée, volontaire, un peu capricieuse aussi. Elle sait ce qu'elle veut et plie difficilement devant l'autorité. Elle s'émeut aussi de la mauvaise condition de vie de ses semblables, et n'hésite pas à braver tous les interdits pour mener à bien ce qu'elle a décidé. C'est une personne forte avec une grande fragilité et sensibilité. Elle devra aussi faire avec tout ce que ses différentes nourrices lui ont appris, avec la sévérité des nonnes pour se construire. Son cœur sera bien souvent maltraité, mais sa fidélité toujours récompensée. J'ai aimé la relation qu'elle entretient avec ses animaux, son chien et son cheval. De beaux échanges d'amour entre elle et eux. Elle aura bien souvent du mal à se faire entendre dans ce monde d'hommes, sa parole sera souvent vaine et inexistante. Mais elle sait braver les interdits et saura dire ce qu'elle pense à n'importe qui. Le sous-titre du roman colle d'ailleurs tellement bien avec Altaïre : Le destin d'une femme de caractère dans un siècle d'hommes... Il est vrai qu'elle va être la plupart du temps entourée que d'hommes. Les seules femmes qui l'accompagnent sont ses gouvernantes ou ses bonnes. Elle devra ainsi s'imposer. Imposer ses goûts, sa façon de voir la vie tout en continuant à respecter ceux qu'elle croise.
Tout ceci sous la plume de Jacquie Béal qui sait rapporter les faits de ces temps là. Elle mêle d'ailleurs si bien la grande Histoire avec la petite que cela crée beaucoup de vraisemblance aux personnages. Elle emploie des expressions ou des mots du patois périgourdin, chacun d'entre eux est expliqué dans un lexique. Une nouvelle touche d'authenticité. Et enfin, elle sait raconter une histoire avec ses mots, avec son style qui correspond aux récits de cette époque. La lecture est légère, les descriptions sont bien faites, sans lourdeur. Je me suis vite prise d'affection pour Altaïre et je l'ai quittée avec beaucoup de regret à la fin. J'aurais aimé continuer un bout de chemin avec elle, et pourtant le roman fait un peu plus de trois-cent pages. Je l'ai lu rapidement, une lecture tout de même addictive et prenante, les chapitres sont courts donnant beaucoup de rythme et j'ai beaucoup aimé.
J'ai passé un excellent moment avec Altaïre et Jacquie Béal, c'est un beau coup de cœur et j'en redemande encore. Et ça tombe plutôt bien car elle vient d'écrire un troisième roman, toujours historique, elle excelle dans ce genre et j'aime beaucoup la lire. Ce sera un grand plaisir de découvrir de nouvelles aventures avec des personnages féminins forts comme elle sait si bien les faire.
Je remercie chaleureusement Jacquie Béal pour cette très bonne lecture et merci également à City Éditions pour l'envoi du roman au format papier.