Un demi-siècle dans l'Himalaya de Matthieu Ricard
Publié aux Éditions de La Martinière
Résumé :
Scientifique de formation, Matthieu Ricard s'est établi en Inde en 1967. Depuis, il n'a cessé de photographier l'Himalaya, les maîtres spirituels du bouddhisme tibétain et leur monde. A l'âge de 30 ans, devenu moine bouddhiste, il a bénéficié d'un accès privilégié à la vie intime des monastères bouddhistes, des communautés nomades, des lieux sacrés et des sites naturels les plus reculés de l'Himalaya.
Un demi-siècle dans l'Himalaya retrace, à travers textes et images, le parcours personnel de Matthieu Ricard. Une vie dédiée au monde himalayen, à la spiritualité, au peuple tibétain et à sa culture. Cet ouvrage est une référence, une somme photographique sur les traces des grands maîtres du bouddhisme et un hommage éclatant à l'Himalaya.
Mon Avis :
Ce livre est tout d'abord un magnifique objet comme tout amoureux des livres aime en avoir. Une magnifique couverture, en le parcourant une première fois rapidement, on ne peut que s'émerveiller devant les photos prises par Matthieu Ricard. Puis lorsque j'ai pris le temps de le lire, j'ai apprécié les textes relatant la vie de cet homme, et tellement envoutée par ses mots, je l'ai lu en une après-midi.
Cet ouvrage représente cinquante années passées au Népal, au Tibet et au Bhoutan. Matthieu Ricard a commencé la photographie dès l'âge de dix ans, s'intéressant plus particulièrement à la nature et la flore. Il a continué pendant ses études de médecine, il a eu la chance de rencontrer un grand nom de la photographie à dix-huit ans, Henri Cartier-Bresson. À vingt ans, il part pour la première fois en Inde, il y rencontre son premier maître spirituel, Kanguiour Rinpotché qui le fascine, il repart en France où il prépare une thèse de doctorat en génétique cellulaire à l'institut Pasteur, pendant ses congés, il repart régulièrement à Darjeeling. Cinq ans plus tard, au lieu de partir aux États-Unis comme lui recommandait son directeur de thèse, il décide de partir dans l'Himalaya. Il vécut sept ans en Inde, à Darjeeling, une dizaine d'années au Bhoutan, puis s'installa au Népal. Il fit également de nombreux voyages au Tibet. Il a eu d'autres maitres spirituels, qu'il a suivis à travers le pays, a rencontré le Dalaï-Lama, dont il est l'interprète français, a mené la même vie d'ascète que ses maitres, est devenu moine bouddhiste. Il a surtout fondé une organisation humanitaire, Karuna-Schechen, où, avec ses collaborateurs, il a mené à bien plus de deux cent projets et aidé plusieurs millions de personnes dans le domaine de la santé, de l'éducation et des services sociaux. Tous l'argent récolté par l'écriture de ses ouvrages dont celui-ci, sont reversés à cette fondation, qui a pu venir également en aide aux personnes touchées par les tremblements de terre au Népal en 2015. Étant bouddhiste, il dit avoir besoin de peu de chose pour vivre et donne ainsi tout ce qu'il peut gagner. C'est un homme profondément bon et bienveillant.
Il a ainsi accumulé au fil des ans dans ces pays beaucoup de photos. Il nous en fait découvrir à peu près 350 dans cet ouvrage, retraçant la vie de ses maîtres spirituels, les temples, les monastères, leurs lieux de prière, mais aussi les magnifiques et époustouflants paysages de la chaîne Himalayenne, des vallées du Bhoutan ou des hauts plateaux tibétains, mêlant la nature sauvage à la vie de ses habitants, dont il a fait de beaux portraits, que ce soit les enfants ou les vieillards, ce qui frappe en les voyant, c'est surtout leur sourire permanent accroché à leurs lèvres. On ressent à travers chaque image la beauté, la bonté, le respect et l'amour pour ces endroits ou ces personnes. Il explique faire beaucoup de clichés et être très sélectif pour ne montrer que ce qu'il voulait faire passer à travers eux. Il apprend continuellement en découvrant le travail d'autres photographes et il lui arrive souvent de rester en émerveillement devant ses propres clichés.
Je connaissais déjà Matthieu Ricard par d'autres livres que j'avais lus de lui, et notamment ceux relatant ses rencontres avec le Dalaï-Lama. Ce qui change avec cet ouvrage, c'est que c'est une approche beaucoup plus personnelle, il se livre, raconte sa vie et celle de ses maîtres. Malgré le volume et le nombre de photos, c'est l'ouvrage le plus intimiste que j'ai pu lire de lui. Il nous parle bien sûr des conditions de vie, de la révolution culturelle chinoise qui a détruit cinq mille huit cent monastères au Tibet avec leurs bibliothèques brûlées. Il a aidé à retrouver et réécrire des textes qui avaient survécu. C'est un homme d'une grande aide pour tout ce peuple opprimé. Il montre également la façon dont sont faits les mandalas, les tissus, les écrits, les statues, la transmission aux plus jeunes des rites et des danses.
Ses talents de photographe sont indéniables, je suis restée éblouie par les paysages, les changements de couleurs entre le blanc des nuages ou des montagnes et le rouge et orange des moines et les décorations riches des monastères. C'est un livre passionnant, riche par les images et par les textes. Lorsque l'on voit ces étendues, ces chevaux sauvages, ces endroits magnifiques, on se dit que c'est le lieu idéal pour la méditation et la béatitude. Pour ma part, j'ai été sur un petit nuage tout le long de cette lecture, et même encore après. Et cela me fait le même effet à chaque fois que je me replonge dans ces photos.
Ce livre est vraiment très beau, un objet de collection à offrir ou à s'offrir. J'ai eu la chance de le recevoir grâce à la Masse Critique de Babelio un peu avant Noël, que je remercie chaleureusement. Ce fut pour moi un très beau cadeau, en tant qu'amoureuse des beaux livres déjà, et également pour le grand respect que je porte à Matthieu Ricard et à sa vie.
Pour conclure, je voudrais citer Henri Cartier-Bresson qui résume en une phrase ce demi-siècle dans l'Himalaya :
« La vie spirituelle de Matthieu et son appareil photo ne font qu'un, de là surgissent ces images fugitives et éternelles. »
Les moines volants du Toit du Monde, ce n'est pas un montage, c'est un seul cliché avec septs moines du monastère de Shéchén qui sautent en même temps
de gauche à droite : un pensionnaire du centre de recueil, le maître Dilgo Khyentsé Rinpotché et Konchog Palmo
/http%3A%2F%2Fref.lamartinieregroupe.com%2Fmedia%2F9782732482545%2Fgrande%2F135645_couverture_Hres_0.jpg)
Un demi-siècle dans l'Himalaya - Matthieu Ricard
Un demi-siècle dans l'Himalaya (Extrait) Scientifique de formation, Matthieu Ricard s'est établi en Inde en 1967 à l'âge de 26 ans. Depuis, il n'a cessé de photographier l'Himalaya, les maîtr...
http://www.editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/un-demi-siecle-dans-l-himalaya/9782732482545