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Marie-Nel lit

Le paroxysme de la mort programmée de Mayi Ling LIM CHOU

31 Octobre 2016 , Rédigé par Marie Nel

 

Paru le 16 aout 2016 aux Éditions Baudelaire

 

RÉSUMÉ

 

Si la guerre du Cambodge a eu lieu il y a plusieurs décennies, elle n’en reste pas moins une page de l’Histoire difficile à tourner pour les survivants de ce régime. Ce souvenir a laissé de nombreuses séquelles dans l’esprit des victimes, des traumatismes violents et incurables.

Cette tragédie aurait pu s’arrêter à l’histoire dans l’Histoire, mais la parodie de procès qui se joue au Tribunal International ne fait que raviver douleurs et frustrations.

La génération Pol Pot ne fera jamais son deuil tant le consensus politique enveloppera ce procès. La justice perd son droit et l’humanité son charme.

 

 

MON AVIS

 

Ce roman n'est ni plus ni moins que le témoignage poignant d'une femme ayant vécu sa petite enfance pendant la guerre du Cambodge.

Elle a cinq ans en 1975, enfin elle suppose car elle n'a plus ses papiers d'identité, lorsqu'elle doit quitter avec sa famille Pailing, suite à l'invasion de son pays par les Khmers Rouges sous l'autorité de Pol Pot. Son père lui a dit qu'ils partaient trois jours en vacances, elle n'a jamais revu sa maison !

 

Mayi Ling, ou Nia, est la dernière d'une fratrie de onze enfants. Elle est très proche de son frère de un an de plus qu'elle, Ty. Toute sa famille est logée dans des camps régis par les Khmers Rouges, ils doivent effectuer des travaux obligatoires dans les champs. Dans un premier temps, Nia et Ty n'y participent pas, ils restent tous les deux en attendant le soir que leurs parents rentrent. Une grande complicité les relie, ils vont énormément s'entraider, Nia, en lui racontant ses souvenirs du bon temps dans leur maison, et Ty, en pêchant des poissons où trouver de la nourriture, alors que c'est interdit ! Cette famille va se retrouver éparpillée dans plusieurs autres camps, Nia et Ty vont être séparés de leurs parents, les travaux pour les petits sont éprouvants, beaucoup meurent de terribles maladies et dans des souffrances atroces. Nia garde toujours espoir et parle « en poésie » comme dit son frère.

 

On suit donc Nia, Ty, ses frères et sœurs, ses parents dans ce tumulte. Ils vont être séparés, menés de camps en camps, devoir vivre dans des conditions déplorables, vivre parmi les cadavres en putréfaction, se retrouver ensuite pour vivre l'exode. Le lecteur vit à travers les yeux de la petite fille les quatre années de guerre jusqu'à leur délivrance en passant en Thaïlande. Là encore, ils ne seront pas au bout de leur peine ! La route sera encore semée d'embûches jusqu'au décollage de l'avion les menant en Europe ou aux États-Unis !

 

L'auteur parle avec ses mots d'enfant, pose des questions d'enfant. Mais on sent derrière la révolte de la femme adulte face au régime de Pol Pot, au silence de l'ONU, qui n'a pas aidé ce peuple et fait encore la sourde oreille pour reconnaître un génocide. La lecture n'est pas évidente au début car elle revient très souvent surle sujet de l'ONU, de Pol Pot, de géopolitique, je comprends tout à fait sa révolte, mais ça met un peu de lourdeur. Ensuite, j'ai été prise dans les affres et douleurs de cette petite fille et les 560 pages sont passées assez facilement, malgré la dureté du sujet ! Ce roman ne contient aucun chapitre, et j'avoue ne pas m'en être rendue compte !

 

Cette guerre va faire des ravages pendant, mais aussi après ! Et Mayi Ling ne doit malheureusement pas être la seule ! Ce livre est une psychothérapie pour elle, on sent qu'elle avait besoin de sortir tout cela d'elle pour essayer de continuer de vivre. Son frère n'a pas réussi à chasser ses démons. C'est un épisode de l'histoire très proche, moins de 50 ans, le silence des grands politiciens pour ménager la Chine est insoutenable pour les rescapés.

 

Je ne suis pas prête à oublier Nya, Ty et tous les personnages de ce roman très émouvant et pas toujours facile à lire (j'avoue avoir fait des pauses lors de moments très durs). Mais je trouve que des témoignages comme celui-ci sont importants, pour ne pas oublier, pour se dire que ça peut toujours arriver.

 

Un grand merci aux Éditions Baudelaire pour ce service presse reçu grâce à leur partenariat avec le webzine Les Rebelles.

 

Le paroxysme de la mort programmée de Mayi Ling LIM CHOU
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