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Marie-Nel lit

La liste des regrets de Mikki Brammer

21 Mars 2024 , Rédigé par Marie Nel

La liste des regrets de Mikki Brammer

Publié aux éditions Eyrolles

 

Résumé :

 

La mort, Clover connaît bien. En tant que thanadoula, elle aide des inconnus à vivre leurs derniers jours dignement. Elle recueille les confidences de ses patients, et les accompagne jusqu'au grand saut. Un métier sur-mesure pour cette grande introvertie, qui fuit la compagnie des vivants et leur préfère celle de George, son adorable bouledogue.

Mais la rencontre de Clover avec une nouvelle patiente chamboule tout. Claudia est une vielle dame pleine de fougue, hantée par le souvenir d'une ancienne histoire d'amour. Pour l'aider à tourner la page, Clover part sur les traces de l'amoureux perdu...

 

 

À propos de l'autrice :

 

Mikki Brammer est une autrice Australienne installée à New-York. Elle a passé son enfance en Tasmanie avant de vivre dans plusieurs villes d'Australie, puis en France et en Espagne.

 

 

Mon Avis :

 

 

Lorsque j'ai vu ce livre pour la première fois, j'ai été séduite par la couverture fleurie, et surtout par le titre. Des regrets. On en a tous je crois. J'ai pensé à une chanson de deux frères, Big Flo et Oli, pour ne pas les nommer, qui disait, "Vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets..." Vaste sujet qui pourrait être étudié au bac de philo. Mais l'idée est qu'il vaut mieux avoir des remords car cela implique une action, même si elle est négative, alors que les regrets peuvent laisser un sentiment d'inachevé. Mais bon, revenons au sujet qui nous intéresse. Ce livre m'a donc tout de suite interrogée et j'ai eu envie de le lire. En lisant le résumé, j'ai eu peur d'être trop touchée émotionnellement, car il va être question de la mort, mais en fait, j'ai été très émue, c'est vrai, mais cette histoire m'a apporté une touche de luminosité et d'espoir qui fait du bien. 

 

J'ai donc fait la connaissance du personnage principal de ce livre, Clover. C'est une jeune femme solitaire, qui n'aime pas la compagnie des autres, elle est très réservée, et vit dans l'appartement de son grand-père avec son chien et ses deux chats. Elle évite au maximum le contact avec ses voisins. Elle n'a comme contact régulier que son voisin Léo, un vieux monsieur ami de son père, avec qui elle joue au mahjong, et Bessie, la libraire chez qui son grand-père allait avec elle chercher ses livres. Ce grand-père, d'ailleurs, est mort depuis quelques temps. C'était la seule famille de Clover, ses parents étant morts lorsqu'elle était petite fille. C'est lui qui l'a élevée et transmis plein de belles choses. Malheureusement, Clover était en voyage au moment de la mort de son grand-père, et elle s'en est toujours voulu de l'avoir laissé mourir seul. C'est pourquoi, depuis elle est devenue Thanadoula, ou sage-femme de fin de vie. Elle aide les personnes qui la contactent à vivre leurs derniers jours dignement, elle les accompagne, parle avec eux de leurs souvenirs, de leur vie, de leurs joies et de leurs regrets. Elle consigne tout dans des cahiers. Elle va être contactée par un jeune homme pour s'occuper de sa grand-mère, Claudia. La mort est tabou dans sa famille, personne n'en parle. Clover va rencontrer cette dame pleine de vie, fougueuse, à l'histoire de vie incroyable. Celle-ci ne connait pas les raisons de la présence de Clover...

 

J'ai beaucoup aimé suivre Clover. Avant de lire ce livre, je ne connaissais pas du tout le métier de Thanadoula. Ce métier est une extension du métier de la Doula, que je connais mieux, qui accompagne la naissance. La Thanadoula, elle, accompagne la mort, aide le défunt et les familles. Je trouve dommage que cela ne soit pas encore si connu. Car pour avoir vécu un décès récemment d'un proche, c'est un moment où on se retrouve complètement perdu, avec des tonnes de papiers à faire, des démarches à effectuer, et les obsèques à organiser. J'aurais beaucoup aimé avoir une Clover dans ma vie. Je me suis donc très vite attachée à elle. Je me suis reconnue dans certains de ses traits de caractère, dans sa façon de s'isoler et de trouver de l'apaisement dans la solitude. Comme elle, je me raccroche à des objets de mon passé. J'ai aussi été fort touchée par le personnage de Claudia. Son histoire est très émouvante, cet amour qu'elle a perdu et jamais revu, les regrets qu'elle a. C'est une grand-mère comme on aimerait tous avoir. J'ai aussi beaucoup aimé Léo, Bessie, le grand-père de Clover qu'elle raconte. Sa nouvelle voisine qui vient tout juste de s'installer amène des touches d'humour qui font du bien et apporte de la légèreté au récit. Je ne peux en dire trop sur chacun de ses personnages, mais j'ai par exemple apprécié fortement qu'il n'y ait pas une romance flagrante avec certains. Quand j'ai vu le personnage masculin arriver, j'ai tout de suite pensé qu'il y aurait rapprochement, et tout ne s'est pas passé comme je l'escomptais, et c'est très bien. Je suis agréablement surprise par le chemin pris par l'autrice. 

 

L'évolution de Clover est belle et tellement inspirante. Elle va s'ouvrir aux autres, essayer de sortir de sa zone de confort, ce qui peut être très compliqué. Car comme lui dira Léo, "le secret d'une belle mort, c'est de vivre une belle vie". J'ai aimé tous ces messages que fait passer l'autrice au travers de ses personnages. Ils sont porteurs d'espoir, d'amour de la vie, de plaisir et de joie. Une fois refermé, je me suis rendue compte que ce livre était très lumineux, et pourtant il part avec un sujet sombre et triste. La nostalgie remplace la tristesse et la peine. J'ai aimé l'accent que porte l'autrice sur ces fameux regrets que nous avons tous. Ce sujet porte à la réflexion et à l'introspection. Je me suis demandé moi aussi quelle serait ma liste de regrets, et il y en a quelques-uns. Comme nous le fait comprendre l'autrice, à nous de faire en sorte de ne pas en cumuler de trop, d'essayer de faire, malgré tout, nos peurs et nos angoisses. C'est un livre vraiment très inspirant, et j'aime quand mes lectures me poussent à cette réflexion. 

 

Je découvre aussi Mikki Brammer, et j'en suis enchantée. Je me suis laissée porter par ses mots, son style est très fluide, et je n'ai pas vu le temps passer. Les pages se tournaient toutes seules, les chapitres ne sont pas très longs. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. La mise en place de l'histoire avec Claudia est un peu plus longue que prévue, mais cela ne m'a pas dérangée plus que cela. J'ai appris avant à connaitre Clover, son histoire, sa vie, c'était des informations très importantes à avoir afin de mieux la comprendre. 

Ce livre a été un très bon moment de lecture. Je quitte les personnages à regret (ah tiens !), car je me sentais bien avec eux, mais la fin est belle, la boucle est bouclée, il n'y avait rien à ajouter de plus. Je trouve que les thèmes abordés ici sont très importants, et c'est bien de les aborder dans des romans accessibles à tous. Je vais garder un très bon souvenir de ce livre. Et je vous le recommande fortement. Vous verrez que la tristesse n'est pas ce que l'on retient le plus. Je garderais un très bon souvenir de lecture. J'espère avoir l'occasion de lire d'autres romans de cette autrice, je suis charmée par sa plume et son style. 

 

il ne me reste plus qu'à remercier Mikki Brammer pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant la lecture de son livre. Et je remercie également Pauline des éditions Eyrolles pour sa confiance renouvelée en mon blog. 

J'avais appris à mes dépens que, quand les autres vous demandent comment vous allez après la mort d'un être cher, ils n'ont pas réellement envie de connaître la réponse. Ils ne supportent pas d'être témoins de votre chagrin, et ce qu'ils veulent vraiment, c'est vous entendre dire que vous avez tourné la page.

Le chagrin, en définitive, c'est comme la poussière : quand on est au coeur d'une tempête de sable, on est désorienté, on a du mal à voir ou à respirer. Mais à mesure que le vent faiblit et qu'on retrouve lentement ses repères, la poussière commence à se déposer dans la moindre anfractuosité. Et elle ne disparait jamais complètement - au fils des années, on la découvre dans des endroits inattendus, à des moments inattendus.

Le chagrin, c'est juste de l'amour qui cherche un endroit où se poser.

On peut trouver un sens à tout quand on cherche bien, quand on veut croire que rien n'arrive par hasard. Mais si nous nous comprenions tous parfaitement, et si chaque événement avait un sens, nous ne grandirions ou n'apprendrions jamais. Nous passerions des journées agréables, mais banales.

Alors peut-être faut-il simplement accepter que de nombreux aspects de la vie - et des personnes que nous aimons - resteront pour toujours un mystère. Parce que sans mystère, il n'y a pas de magie.
Et, au lieu de nous demander constamment pourquoi nous sommes ici, nous devrions peut-être savourer une vérité plus simple : Nous sommes ici.

Le secret d'une belle mort est de vivre une belle vie.

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