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Marie-Nel lit

La commode aux tiroirs de couleurs de Olivia Ruiz

13 Juillet 2021 , Rédigé par Marie Nel

La commode aux tiroirs de couleurs de Olivia Ruiz

Publié aux éditions Le Livre de Poche

 

 

Résumé :

 

« Parce que c’est ça que je veux que tu retiennes. Nos couleurs. Chaudes, franches. Je veux que ces femmes si différentes, si vivantes, si complexes qui composent ton arbre généalogique puissent t’inspirer et t’aider à savoir qui tu es, le fruit de quels voyages et de quelles passions. »


À la mort de Rita, surnommée « l’Abuela », sa petite-fille hérite de l'intrigante commode qui avait jadis nourri toute sa curiosité et son imagination enfantines. Le temps d'une nuit, ouvrant ses dix tiroirs, elle découvre les secrets qui ont scellé le destin de plusieurs générations de femmes, entre l’Espagne et la France, de la dictature franquiste à nos jours.

Dans ce brillant premier roman Olivia Ruiz révèle son formidable talent de conteuse et nous offre une fresque flamboyante sur l'exil.

 

 

À propos de l'autrice :

 

Olivia Ruiz est auteure, compositrice et interprète. D'origine espagnole, elle a grandi à Marseillette. Trois de ses grands-parents ont fui la guerre civile mais n'en ont jamais parlé. De ce silence est né son premier roman, La commode aux tiroirs de couleurs.

 

 

Mon Avis :

 

J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, il fait partie de la sélection de juillet dans la catégorie littérature. Pour expliquer en quelques mots comment fonctionne ce prix, nous sommes cent trente jurés dans chaque catégorie qui, chaque mois, de février à août, allons lire une sélection de trois romans, en choisir un, et à la fin des sept mois, nous devrons choisir le gagnant du Prix parmi les sept romans que nous aurons sélectionnés. C’est une belle aventure que j'ai déjà eu l’occasion de vivre, elle m'a permis de faire de très belles découvertes de romans et d'auteurs que je ne connaissais pas toujours.

 

Je connais Olivia Ruiz en tant que chanteuse et je j’apprécie déjà beaucoup en tant que tel. Je la découvre maintenant dans un autre rôle, celui de romancière et je l'ai tout autant appréciée. Ce premier roman est puissant niveau émotions et ressentis, il n'y a rien que je n'ai pas aimé.

 

L'histoire aurait pu être autobiographique, car Olivia Ruiz est d'origine espagnole, ses grands-parents ont connu aussi la guerre civile en Espagne, et comme la narratrice du roman, ses grands-parents tenaient un café à Marseillette. Elle en parle d'ailleurs dans une de ses chansons, J'traine des pieds. Elle ne connait rien du passé de ses grands-parents, à l'inverse de l’héroïne de ce roman, elle a bien une grand-mère qui s'appelle Rita, mais c’est le seul point commun avec le roman. Elle aurait beaucoup aimé connaître le passé de ses grands-parents, et pouvoir la raconter. Pour écrire ce roman, elle s'est donc inspirée des femmes qui l'entourent et de celles qu'elle a vues dans les films de Pedro Almodovar. En tout cas, à la lecture, c’est très trompeur, car j'ai vraiment cru que tout était tiré de sa vie personnelle, tellement elle a réussi à rendre réelles les vies de ses personnages.

 

Pour parler brièvement de l’histoire en elle-même, quoique le résumé le fasse très bien, on va donc suivre une jeune femme dont la grand-mère vient de mourir. Elle hérite alors de la commode aux tiroirs de couleurs de son aïeule. Dans les dix tiroirs de ce meuble se cachent de véritables trésors qui intriguent la petite-fille. Elle va donc, le temps d'une nuit, ouvrir chacun de ses tiroirs et ainsi découvrir l’histoire de sa famille et de sa grand-mère Rita. Ces dix tiroirs racontent dix anecdotes de la vie de Rita. Son enfance en Espagne, elle est orpheline très tôt et va devoir se débrouiller avec ses deux sœurs. Son premier amour, qu'elle perdra tragiquement et qui est le grand-père biologique, sa rencontre avec celui qui sera son mari, les drames de sa vie de femme et de mère…elle a eu une vie bien mouvementée Rita, sur fond de révolte franquiste, de difficultés d’intégration. On va suivre toute sa vie au travers de ses souvenirs et elle est vraiment très riche.

Ce roman est une très belle histoire de femmes à travers tout le 20ème siècle, très mouvementé, partout en Europe, l'Espagne a connu des heures très sombres avec Franco, les Espagnols contraints de quitter leur pays, et tous les problèmes d’intégration qu’ils ont rencontrés par la suite. Suivre une génération de femmes à cette époque est vraiment très intéressant et j'ai beaucoup aimé. Je comprends, en lisant la vie de Rita, que l’autrice aurait aimé savoir l’histoire de ses grands-parents. Je pense qu'on rêve tous de trouver des souvenirs, des lettres, des cahiers remplis de la vie de nos aïeux. Moi aussi, j'aurais aimé hériter d'une commode comme celle-là, c’est tellement enrichissant de connaitre nos racines et de savoir d’où on vient.

 

Je me suis très vite attachée à la narratrice et à tous les personnages présents dans ce livre. J'ai été happée dès les premières lignes et tout comme cette jeune femme, j'avais envie d’ouvrir les tiroirs de cette commode pour en apprendre plus sur Rita. L'attachement est renforcé par l'emploi de la première personne du singulier, ce qui est tout à fait normal dans ce genre de construction. Ce « je » permet encore plus de se mettre à la place du personnage, de vivre a travers lui et de ressentir la moindre de ses pensées et émotions. Et des émotions, il y en a un paquet. Entre la joie et l'ivresse de l'amour, entre les peines des disparitions, des morts, l’espoir de liberté et d'un renouveau où tout serait plus beau, on est vraiment traversé par une multitude de sensations variées, tout ce qui compose une vie en fait.

Je me suis aussi régalée avec le style d’écriture d’Olivia Ruiz. Tout comme ses chansons qu'elle compose et les paroles qu’elle écrit, les mots sont puissants quand il le faut, remplis de poésie et de tendresse. La narration est très fluide, les sentiments sont très bien retranscrits, les descriptions sont joliment faites, sans apporter de lourdeurs au texte et à la lecture. Je me suis sentie baignée dans ce milieu espagnol, avec leurs rites, leurs plats, les couleurs, les senteurs. L’écriture est très réaliste et j'ai très bien réussi à tout m'imaginer.

 

C’est un premier roman, et c’est pour moi, une totale réussite. Olivia Ruiz ajoute un talent à son arc déjà bien rempli. On sent beaucoup d’humilité, de pudeur et de sensibilité dans ses mots. J’ai vraiment beaucoup aimé. J'ai lu ce roman très rapidement, en une après-midi. J'ai eu ce double sentiment ambigu de vouloir lire vite pour savoir ce qui allait se passer et en même temps de ralentir ma lecture pour rester le plus longtemps possible dans cette ambiance et avec les personnages. Mais comme on dit, les bonnes choses ont toujours une fin, et il a bien fallu quitter tout ce petit monde. La fin est pleine d'espoir, belle et nous laisse un sublime message de liberté.

 

Je ne suis pas prête d'oublier ce livre, cette histoire. Je ne sais pas si Olivia Ruiz va continuer d’écrire des romans, en tout cas, ce serait vraiment bien. Car pour des personnages inventés, elle a réussi à les rendre extrêmement réels et vivants. Elle laisse plein de beaux messages, je vous laisse plus bas un extrait sur les souvenirs. J'aurais pu relever plein d'autres belles phrases, il aurait alors fallu que je vous recopie tout le roman. Je suis en tout cas très contente d’avoir ce livre dans ma bibliothèque, je le relirai sûrement, pour retrouver le plaisir d’être avec ces personnages et dans cette ambiance.

 

Je ne peux bien sûr que vous conseiller de lire ce roman, pour découvrir l'histoire de ces femmes du 20ème siècle, et plus particulièrement la vie de Rita et de sa famille. Un livre bourré d’émotions.

 

Je ne pense pas que Olivia Ruiz lira cet avis, mon blog étant trop petit, mais cela ne m’empêche pas de lui adresser mes remerciement pour tout ce qu'elle m'a fait vivre pendant ma lecture. Et un grand merci également au Prix des Lecteurs du Livre de Poche qui me permet de faire de belles découvertes.

Le sourire, c'est bien quand il te porte. S'il te ralentit ou même te fige, alors il faut le faire taire. Pas disparaître. Juste le faire taire car, à chaque moment de ta vie, le souvenir peut avoir besoin que tu le réveilles pour laisser parler tes fantômes. Ils ont tant de choses à nous apprendre si on se penche un peu sur ce qu'ils nous ont laissé.

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