Panique à l'évêché de Pascal Tissier

10 Juin 2021 , Rédigé par Marie Nel

Publié chez IGB éditions

Résumé :

Le verbe haut et le revolver à portée de main, le célèbre commissaire César Campana est nommé à Marseille pour débarrasser la ville des incivilités qui la gangrènent.

Mais alors qu’il s’installe à l’Évêché, une vague d’attentats terrorise Paris et la cité Phocéenne où des jurés de cour d’assises sont assassinés les uns après les autres. Alerté par la vivacité d’esprit de Paola, une jeune journaliste séduisante et dangereuse, Campana reliera-t-il ces affaires ? À quelles compromissions devra-t-il se résoudre pour briser l’omerta dans une région où entre flics et voyous, la frontière est ténue si on veut obtenir des résultats ? Au sommet de sa gloire, cette ancienne star du 36 quai des Orfèvres échangera-t-il sa vie pour sauver celle de Paola ?

À propos de l'auteur :

Expert en techniques d’investigation policière scientifique, Pascal Tissier a sillonné la planète pour recueillir sur de nombreuses scènes de crime des indices permettant de confondre leurs auteurs. Désormais romancier, il a publié huit romans à succès. Pascal vit en Bretagne.

Mon Avis :

IGB éditions est une toute jeune maison d’édition, pourtant elle a déjà un catalogue très attrayant. Je n'ai pour l’instant, jamais été déçue par leurs romans, et c’est à nouveau le cas ici avec ce roman de Pascal Tissier, que je découvre totalement. Il est pourtant déjà l'auteur de huit romans, mais c’est la première fois que je le vois et le lis. Et ce ne sera sûrement pas la dernière, car j'ai beaucoup aimé cette découverte.

Pascal Tissier est expert en techniques d’investigation policière scientifique, et ça se sent à la lecture. Pas parce que c’est compliqué à comprendre, pas du tout, l’auteur sait se mettre à la portée de chacun pour bien expliquer. Ça se ressent surtout parce que les scènes criminelles, l’enquête sont très poussées, très pointues et précises. On sent bien que l'auteur s'y connait, et c’est fort appréciable à la lecture.

Je ne vais pas trop revenir sur le contenu de l’histoire, ce serait vraiment trop dommage de vous dévoiler le suspense. Il faut découvrir les faits comme a voulu le faire l'auteur. Tout se passe à Marseille. L’évêché est à Marseille ce que le 36 quai des Orfèvres est à Paris. Je ne connaissais pas ce détail. Quand on apprend ça, on comprend tout de suite le titre du livre, et on se doute donc que ça va être la débandade au commissariat. César Campana est justement nommé à Marseille, il débarque de Paris. L'histoire commence par un procès où l'on suit les réquisitoires des avocats, une lourde peine est demandée pour les coupables. Dans la salle, César est là, accompagné de la journaliste Paola Beltramo. On remonte ensuite dix-huit mois plus tôt, où on va suivre le déroulé de toute l'affaire, avec l'assassinat étrange de jurés d'assises ayant fait partie du même jugement, avec des disparitions inquiétantes, des personnes qui se cachent sous d'autres identités. Un véritable sac de nœuds que César va devoir résoudre avec une chasse à l'homme qui va les entraîner lui et la journaliste sur les routes de France.

Je ne vais pas en dévoiler plus, c’est largement suffisant. L'intrigue est vraiment bien menée, l’enquête est palpitante. On assiste, en tant que lecteur, à des meurtres, on a des soupçons, on a envie d'en savoir plus et plus vite, mais il faut y aller au rythme de ce que veut faire l'auteur. Le suspense est présent dès le début, avec ce retour dans le temps de dix-huit mois. Les événements vont ensuite se dérouler sur une quinzaine de jours. Les dates et les heures sont énumérées, et cela rajoute une dose de tension et de suspense. J'ai suivi avec intérêt ce qui arrivait.

J'ai bien aimé la construction du récit, avec ce retour dans le passé, et ces faits que l'on suit jour après jour, heure par heure. Parfois, l’action se coupe d'un coup, et on sait ce qui s'est passé plus tard, entre-temps on était avec un autre personnage. Cela donne beaucoup de rythme à la lecture, plus on avance, et plus on a envie d'aller vite et de savoir. Pascal Tissier sait mener son intrigue et rendre le récit haletant et dynamique.

Les personnages sont nombreux, j'avoue avoir parfois eu un peu de mal à me rappeler qui était qui, mais c’était un sentiment assez éphémère car les actes sont très marquants et permettent de se remettre en mémoire ceux qui les faisaient. J’ai très vite aimé l’enquêteur César Campana, je l'ai trouvé attachant, très intelligent, avec un esprit d'analyse très pointu, il dévoile des zones de son passé qui le rendent encore plus humain. J'ai aussi beaucoup aimé la journaliste, Paola, elle a l'art pour se mettre dans des situations difficiles, elle a une capacité de réflexion qui permet d'avancer et de bien cerner les faits. D’autres personnages sont très intéressants, et pas seulement parmi les « gentils ». Je ne peux rien dire, mais les méchants sont aussi très bien travaillés dans leur psychologie et on cherche à les comprendre dans leurs décisions.

Toute cette histoire est portée par un très bon style, c’est très bien écrit, c’est très fluide, ça se laisse lire tout seul. Bon, cela vient aussi de l'histoire qui est très prenante, mais quand même, il faut aussi que l’écriture suive, et c’est le cas ici. Le ratio entre les actions et les descriptions est très bon, on arrive très bien à s'imaginer les lieux, les scènes, tout est très visuel sans pour autant apporter de lourdeurs au texte et altérer la fluidité. J’ai très bien réussi à m'imaginer les actions, les décors, les lieux. Le choix narratif de l'auteur n'est pas celui auquel je suis le plus sensible d'habitude, mais je trouve que c’est celui qui colle le mieux avec une enquête policière. L'auteur a en effet choisi d’écrire son histoire à la troisième personne du singulier, et cela permet de garder une certaine distance avec les personnages et les actions. J'aime bien une narration à la première personne qui me permet de rentrer dans la tête du personnage, mais dans une histoire avec des crimes, ne pas être dans la peau du personnage est souvent très bien. Et l'auteur arrive tout de même à faire passer des sentiments au travers des actions, j’ai ressenti de l'empathie pour certains personnages, j'avais envie de les aider. Il est très difficile de rester insensible face à l’histoire.

Pascal Tissier précise à la fin du roman, qu'il s'appuie sur des faits authentiques dont il a été témoin, et ça en est encore plus glaçant. Pareil, il a écrit cette histoire avant les attentats tragiques qui ont endeuillé la France, c’est glaçant, car certains faits sont prémonitoires.

Je ne sais pas si l'auteur a prévu d'autres enquêtes avec l'inspecteur Campana, mais j'aimerais beaucoup le retrouver et le suivre dans d'autres livres, un peu comme cette mode en ce moment de personnages récurrents qui reviennent et dont on en apprend un peu plus à chaque nouvelle enquête. J’aimerais bien retrouver César, en apprendre encore un peu plus sur son passé, pour mieux cerner son caractère et mieux le comprendre. En plus, il amène son expérience d’enquêteur parisien à Marseille, et c’est intéressant de voir à la fois les similitudes et les différences de ces deux villes, où les mentalités ne sont pas les mêmes.

Dans l’ensemble, et pour conclure, j'ai bien aimé ce roman, très prenant, avec un suspense bien mené, et ce, jusqu’à la dernière page. C’est le genre de livres où tout n'est vraiment résolu qu’une fois arrivé à la dernière ligne. La lecture s'est faite rapidement, avec intensité et intérêt. Je suis très contente d'avoir découvert Pascal Tissier, et je vous le recommande vivement. C’est un auteur que je vais continuer à suivre et à lire, ses anciens romans comme ses nouveaux. Un prochain roman de lui est à paraître chez IGB éditions en octobre 2021, L'adieu, et je peux déjà vous dire que je serai au rendez-vous.

Si vous aimez les polars, les romans à suspense, les enquêtes bien menées, cohérentes, les lectures difficiles à lâcher avec des personnages bien travaillés et intéressants, alors n’hésitez pas à découvrir ce roman et son auteur. Tous ces éléments sont réunis ici pour une lecture passionnante, ce fut en tout cas le cas pour moi. J'ai vécu pendant plus de trois cents pages dans un état de panique, ce roman porte bien son nom.

Je remercie Pascal Tissier pour ce très bon moment de lecture, et remercie également IGB éditions pour l'envoi de ce service presse.