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Marie-Nel lit

L'éditrice de Marc Gervais

9 Mars 2021 , Rédigé par Marie Nel

L'éditrice de Marc Gervais

Publié chez IGB Éditions

 

 

Résumé :

 

Un psychopathe assassine des fillettes à fréquence régulière, alors qu’un as de la PJ tente de résoudre des crimes non élucidés. Cherchant les recettes pour être éditée, une jeune provinciale à l’humour dévastateur décroche l’emploi de ses rêves dans une maison parisienne où sévit une directrice dont le management par la terreur ringardise tout diable s’habillant en Prada ! Humiliée par son conjoint, une mère de famille s’engage dans une liaison avec un auteur qu’elle n’a jamais rencontré. En quête d’un récit fort, une primo-romancière transcrit leur romance. Changera-t-elle le cours d’une histoire aussi insensée qu’improbable ? Quels liens relient ces héros anonymes ? Qui manipule qui ? Si entre réalité et fiction, la frontière est ténue, peut-on échapper aux fantômes tapis dans l’ombre de passés inavouables ? Jusqu’où ira-t-on pour publier un best-seller ?

 

 

À propos de l’auteur :

 

Criminologue de formation, il se destine à la magistrature. Puis il se lie d’amitié avec Yves Mourousi, le présentateur star du Journal de 13h. En 1987, il invente le jeu de société MaxiBourse, il devient un créateur incontournable (17 créations internationales en 5 ans). Il se lance dans l’Edition et rejoint le Groupe Havas, devient directeur des Editions de Loisirs et rédige le best-seller Jean-Paul II, l’homme et l’Histoire du XXe siècle, traduit en 7 langues. En 2000, passionné par l’émergence inéluctable de la future société digitale, il s’enferme 3 ans pour inventer de nouveaux concepts de compression de données, fonde une entreprise et lève 10 millions d’euros. Expert en système d’économie de consommation des datas, il est l’auteur de 12 brevets mondiaux qui donnèrent lieu à 101 délivrances dans 47 pays, entre 2004 et 2014. A 58 ans il redémarre de zéro et décide de se consacrer à l’écriture. Il vit en Corrèze.

 

 

Mon Avis :

 

Je connais déjà Marc Gervais pour avoir lu son autre roman publié chez IGB éditions, « La fiancée du 11 septembre », où j'avais déjà pu apprécier son style, sa plume incisive, sa façon de raconter une histoire. Ce nouveau roman est un beau pavé de plus de 900 pages, et je dois bien avouer que je n'ai pas vu le temps passer. Il n'y a aucun temps mort, le récit est dense, il ne se passe pas un moment où il n'y a pas d’action, on suit plusieurs personnages, ils se croisent, ils sont nombreux, mais jamais je n'ai eu le sentiment d’être perdue, et surtout j'ai été agréablement surprise de découvrir au fur et à mesure de ma lecture qu'ils étaient tous liés entre eux et qu'ils n'apparaissaient pas par hasard.

 

La narratrice de l'histoire est Nora, elle est chroniqueuse bloggeuse, et donne une interview à une journaliste où elle raconte son parcours car depuis elle est devenue éditrice dans une grande maison d’édition. Elle narre ainsi son arrivée à Paris avec son amoureux Hugo qui lui, est DJ. Elle va rencontrer Julie qui va l’aider dans son installation dans la capitale, qui est loin d’être évidente. Julie est la fille du commissaire Gaël Kervadec, elle va proposer à Nora de s'installer chez lui, comme ça son père ne sera plus seul. La mère de Julie est décédée à sa naissance, Gaël vit seul avec sa fille depuis.

On va passer du temps avec le commissaire aussi, il enquête sur une série de crimes horribles sur des fillettes. Il avait mis une personne en prison il y a 25 ans, et malheureusement, les mêmes faits réapparaissent alors que le présumé coupable est toujours en prison. Est-ce un copieur, quelqu’un qui s'inspire des autres meurtres ? Ou est-ce le même qu'il y a 25 ans, et dans ce cas, ce n'est pas le bon coupable qui est en prison. Le commissaire Kervadec va avoir du fil à retordre avec cette affaire.

On suit également Amélie, elle vit en Bretagne, est chroniqueuse elle aussi et écrit un roman qui s'inspire de ce que vit son amie chroniqueuse belge, Romane. Elle arrive même à écrire à l'avance des faits qui se passent seulement chez Romane, comme une sorte de prémonition.

Romane, justement, a une vie compliquée et difficile. Elle vit avec un homme qui la maltraite physiquement et psychologiquement, elle fait la rencontre d'un homme via les réseaux internet, elle tombe très vite sous le charme de Quentin qui fait attention à elle, a des mots gentils. Mais, quels crédits apporter à une relation virtuelle ? Elle est prête à tout quitter pour elle.

Et on suit également Quentin, écrivain, célibataire, qui tombe très vite amoureux de Romane. Pour l’accueillir, il décide de faire des travaux dans la vieille maison que lui a léguée sa tante, et pour ce faire, il va embaucher au black un homme Erwan, dont il connaît peu de chose.

Enfin, au travers de ce que raconte Nora, on fait la connaissance de la comtesse Bérangère de la Salle, éditrice et aux commandes de la maison d’édition Gallichette. C’est une femme de caractère, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, elle m'a fait penser à la patronne de « Le diable s’habille en Prada ». Sous ses abords si durs, on va découvrir une femme qui a souffert dans son enfance et sa jeunesse, elle s'est endurcie et est très rigide. Mais certaines révélations vont la toucher de près et on va la découvrir sous un autre jour.

 

Tous ces personnages sont liés, d'une façon ou d'une autre, de près ou de loin, présenté comme ça, on n'a pas l'impression, mais c’est parfois très subtil. Ne vous inquiétez pas, je n'en ai pas trop révélé, je vous ai relaté la base de ce qui va prendre neuf cents pages à démêler. J'ai beaucoup aimé l’originalité de ce récit. Nous avons Nora qui raconte, nous avons aussi Amélie qui écrit la vie de Romane, ce qui fait que l’on a un roman dans le roman. On prend alors autant de plaisir à suivre la lecture de ce livre qui n'existera jamais. En plus, le style change lorsqu'il s'agit du roman d’Amélie, Marc Gervais a su changer sa façon d’écrire, j'ai trouvé ça assez fort, car il a su se mettre à la place d'une femme. D'ailleurs, il endosse les rôles de beaucoup de personnages, fort différents parfois, et il y arrive très bien. On voit le changement à la lecture et c’est très appréciable à lire. J'ai pris autant de plaisir à lire le roman d'Amélie, il était très prenant et j'avais envie de savoir comment il allait se terminer.

 

Je me suis attachée à tous les personnages, c’est ça qui est aussi assez remarquable avec ce livre. Le lecteur arrive à ressentir de l'empathie pour tout ce panel. Je pense que cela vient du fait que Marc Gervais a bien su décrire ses personnages, leurs vies, leurs sentiments, il a su les rendre profondément réels et très humains. J'avais l'impression qu'ils existaient réellement et je les considérais comme des amis que je ne voulais pas quitter. C’est pour ça aussi que j'ai apprécié que ce livre ait autant de pages. C’était nécessaire qu’il en ait autant, quand on voit la finalité et l'histoire dans son ensemble, faire plus court aurait entraîné moins de profondeur, moins d’intensité, moins d'action. Tout est ici très détaillé et précis.

 

Le choix narratif de l'auteur est multiple. On a à la fois une narration à la première personne du singulier quand c’est Nora qui raconte, une narration à la troisième personne quand on suit les autres personnages. Et j'ai beaucoup aimé cette façon de faire. Les passages avec le « je » m'ont permis de ressentir au plus près ce que vit le personnage, à me mettre à sa place et à rentrer dans sa tête. Et à travers elle et ses émotions, on arrive à ressentir les mêmes pour les personnes qu'elle côtoie. Je me suis donc tout autant attachée à Julie, Gaël, Bérangère, Romane, Emilie, Amélie et tous les autres. Pour ceux qui pourraient éventuellement se perdre, surtout en début de lecture, l'auteur a eu la bonne idée de mettre une liste des personnages et de leurs fonctions en début du livre, et ça peut aider. On assimile très vite les personnages et on les suit avec avidité. Quand on en quitte un, on a très vite envie de le retrouver pour continuer à vivre ses aventures, et ainsi de suite avec chacun. Je ne me suis pas ennuyée une seconde.

 

C’est une histoire très complète qui va fouiller dans les profondeurs humaines, dans ce que l'humain peut avoir de très bien comme de très sombre. L'auteur aborde beaucoup de sujets et toujours avec une grande délicatesse, certains touchent l'enfance, la maternité, la perte d'un être cher, la reconstruction avec ses manques affectifs, des valeurs et des thèmes qui font partie de la vie de chacun. Il parle aussi beaucoup du monde de l’édition, ce qui est logique avec un tel titre. Je savais que ce milieu pouvait être très tordu et surtout irrespectueux pour certains auteurs, mais je ne m'imaginais pas tout ce que peut raconter l'auteur au travers de ce qui arrive aux auteurs du livre. Et l'auteur écrit bien en fin de page que tout est réel, vécu par lui ou qui lui a été rapporté. C’est aberrant….quel milieu, quel panier de crabes ! Heureusement il existe des maisons d'édition qui sont bien et relèvent le niveau, mais c’est glaçant. Et bien sûr, ce roman est aussi et avant tout une enquête policière. L’enquête du commissaire Kervadec n'avance pas, les meurtres continuent, des petites filles sont enlevées et retrouvées mortes, et toujours pas l'ombre d'une piste. Ses recherches vont empiéter sur sa vie privée, et ses proches seront également touchés par ces faits.

 

Le suspense est entier, les pistes s'embrouillent et au bout d'un moment, je n’étais plus sûre de l’intégrité de certaines personnes. Je soupçonnais tout le monde. C’est un véritable sac de nœuds, difficile à démêler. En plus, Marc Gervais n'épargne pas ses personnages, n’hésite pas à les blesser, à les mettre à terre. Ce qui fait qu'en tant que lectrice, j'ai eu peur pour chacun d'eux, je me demandais toujours ce qui allait leur arriver. Et comme j’étais attachée à certains, quand je les voyais tomber, je ressentais de la peine. Comme si c’était arrivé à des personnes réelles que je connaissais. Et plus je m'approchais de la fin, et plus la lecture devenait intensive, il était alors très difficile de quitter le livre, je voulais savoir. Et je suis tombée des nues devant certaines révélations. En plus, il y a plusieurs fins  et l'une d'entre elles m'a tout simplement scotchée. Je ne peux pas en dire plus, et pourtant ce n'est pas l'envie qui m’en manque, mais les dernières phrases sont très intenses, et j'ai fini le livre bouche bée.

 

Je pense que vous l'aurez compris, vu mon bavardage, mais j'ai beaucoup aimé ce roman. Au début, le nombre de pages me faisait un peu peur, j’appréhendais des moments creux et d'ennui, mais il n'y en a jamais eu, a aucun moment. La lecture s'est faite avec beaucoup d’intensité et d'envie. Quand je la quittais, j'avais hâte de la retrouver tout en y pensant pendant mes autres activités. Je me posais tellement de questions sur le meurtrier, sur ce qui allait arriver à tel ou tel personnage que je pensais énormément à ma lecture. Et maintenant que j’ai finie, je serais presque triste d’avoir fini. Ce livre m'a accompagnée pendant cinq jours, et je me sens un peu vide maintenant. Il a été en tout cas très compliqué de commencer un nouveau livre après.

Je suis toujours aussi satisfaite du style de Marc Gervais, j'aime ses petites annotations en fin de page, parfois sur des mots que l'on connait déjà, mais au moins, la compréhension est complète. Et comme dans le premier roman que j'ai lu de lui, les touches d'humour sont nombreuses, un humour parfois acide, mais cela apporte des bulles de fraîcheur et allège l'ambiance lorsque celle-ci est plus pesante.

Donc, pour conclure, j'ai passé un très bon moment avec ce livre et avec cet auteur. Il me confirme avec ce second roman son talent d’écrivain et de raconteur d'histoires et je le lirai à nouveau avec grand plaisir. Il sort d'ailleurs en avril un nouveau roman « Folle de nuit » qui va parler d’Alzheimer, de tour du monde, de mariage forcé… des sujets encore fort intéressants et qui seront une fois de plus bien traités par l'auteur. Affaire à suivre alors, j'ai déjà hâte de me plonger dedans !

 

Je ne peux que vous recommander de découvrir cet auteur. Soit avec ce roman, soit avec « La fiancée du 11 septembre ». Ne prenez pas peur du nombre de pages, ça se lit très bien, très facilement, on est vite plongés dedans et on ne s'ennuie pas.

 

Il ne me reste plus qu'à remercier Marc Gervais pour ce très bon moment de lecture, bravo pour ce livre hors du commun. Et un grand merci également à IGB éditions pour la qualité de ses parutions, n'oubliez pas que vous aidez à replanter des arbres à chaque fois que vous achetez un livre de cette maison d’édition, c’est un très beau geste pour notre planète.

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