Catharsis, Tome 1, Disputatio de Patrice Quélard
Publié en Auto-Édition
Résumé :
Occitanie, début du XIIIe siècle. L'hérésie cathare gagne du terrain. Est-elle une cause à défendre, ou un fléau à abattre ? Dans un récit choral teinté d'inexorable, les uns affûtent leurs arguments, les autres leurs lames. Et si beaucoup ont déjà choisi leur camp, il n'y aura pas de place pour les indécis.
Mon Avis :
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus pour lequel il est sélectionné dans la catégorie littérature blanche. Lors des présélections, nous avions à choisir cinq romans sur des critères bien précis, la couverture, le résumé, et les dix premières pages du roman. Il ne faisait pas partie de mes cinq sélectionnés, pas parce qu’il ne me plaisait pas, mais parce que j’avais déjà mon choix de fait, il y avait beaucoup de romans, et c’était très compliqué de les choisir. Je suis contente que d'autres jurés aient voté pour lui, cela m'a ainsi permis de le découvrir.
Lors de la lecture de l'extrait, j’avais tout de suite remarqué un style dense, beaucoup de profondeur et de précision dans les actes. Dès les premières pages, on sent que l’histoire va contenir des faits précis, on sent tout de suite le travail colossal qu'a dû entreprendre l'auteur en amont. D’entrée de jeu, l'auteur nous donne la liste des personnages rencontrés et une carte des lieux visités. On se rend tout de suite compte qu'il va y avoir pas mal de personnages.
Je ne vais pas trop revenir sur l'histoire, pour ne rien dévoiler d’abord et ensuite, parce que je ne saurais pas trop comment vous la raconter. C’est compliqué à expliquer et surtout à entrer dans les détails. C’est un récit qui se vit au fur et à mesure. Tout ce qu’il faut savoir, c’est qu’on est au tout début du XIIIème siècle, en 1204 exactement, et que l’on se trouve dans le sud-ouest de la France, entre Carcassonne, Béziers, Narbonne, Albi. En ces temps là, dans cette région, vivaient les Cathares, ou les hérétiques comme les appelaient les catholiques. Les Cathares n'avaient pas du tout la même façon de penser que les Catholiques. Dans cette histoire, on va donc suivre un groupe de prélats qui vont sillonner les routes de cette région et se présenter dans les villes où il y a le plus d'hérétiques afin d'un convertir un maximum à la religion catholique. Je vous laisse imaginer les problèmes devant lesquels ils vont s’engouffrer, entre des batailles d’idées, des conflits entre personnes d'influence, leur tâche sera ardue.
Dans un même temps, on suit une jeune fille, Poncia Taillefer, à Toulouse. Son père a une bonne situation puisqu’il est tisserand, il fabrique des draps pour des personnes hauts placées, et a trouvé une teinture qui va lui permettre de changer la couleur de ses tissus. Il enseigne à sa fille tout son savoir, dans l'optique de lui céder un jour son affaire. Poncia s'entend bien avec son père, qui lui laisse beaucoup de liberté, à l'inverse de sa mère avec laquelle la jeune fille rentre souvent en conflit. Elle aime se promener dans sa ville, surtout les jours de marchés. Elle va y faire une rencontre inattendue qui va lui ouvrir des portes sur un autre monde. Et petit à petit, son père se révélera sous un jour nouveau, pas toujours comme il le faudrait pour Poncia.
Et on suivra enfin une bande de brigands qui a une mission bien particulière à mener, toujours en rapport avec les religions.
Avec ces groupes de personnages, on se rend compte de la différence qu'il peut exister dans leurs modes de vie. Les prélats ont une vie assez confortable, mais pour mieux faire passer le message de leur dieu, ils n’hésitent pas à faire leur chemin à pieds nus, à dormir dehors et refuser les abris. Poncia a la vie d'une jeune fille à la bonne situation, mais elle préfère côtoyer les personnes plus pauvres. Et enfin, les brigands, eux, ont une vie très pauvre, très dure, ils ne sont pas tendres entre-eux.
C’est intéressant de voir comment fonctionnent les différentes classes de la société d'alors au travers de ces différents personnages venant d'horizons bien distincts. L'auteur les a très bien dépeints, il est d'ailleurs très pointilleux dans les descriptions, celles-ci apportent beaucoup de réalisme à l'histoire sans pour autant apporter trop de longueurs. J'ai appris énormément de choses sur les Catarhes, sur leurs vies, sur leurs combats, sur leurs pensées. Il en est de même du côté des catholiques, avec les travers que peut avoir l'Église à cette époque. La société civile est quant à elle très bien représentée avec la famille Taillefer. J'ai beaucoup aimé la suivre, voir son mode de vie de cette époque, comprendre comment la société fonctionnait, avec ses mesquineries et ses secrets. J'ai suivi avec plaisir Poncia et l'ai vue évoluer dans les rues de Toulouse. J'ai aussi aimé voir comment vivaient les troubadours dans les châteaux. Leurs vies ne tiennent bien souvent qu'à un fil et sont tributaires de leurs bons mots. En bref, l'auteur a extrêmement bien détaillé chaque caste, dans ce qu’elle a de bien ou de moins bien.
Je ne peux pas dire que je me suis attachée à tous les personnages. Celui qui m'a marquée le plus et que j'ai aimé suivre en particulier est celui de Poncia. Elle m'a beaucoup touchée par sa force de caractère. Les autres sont tellement nombreux que je n'ai pas eu le temps de m’attacher à eux. On passe des uns aux autres suivant les chapitres, cela donne du rythme à l'histoire, mais cela m'a perdue plus d'une fois aussi. Je ne savais plus dans quel camp était le personnage que je retrouvais dans un nouveau chapitre, s’il était cathare ou catholique, certains noms se ressemblent beaucoup, je devais donc souvent revenir au début à la liste donnée par l'auteur pour savoir qui est qui. Cela ne me dérange pas plus que cela d’habitude, mais c’est pour moi toujours plus pesant à faire quand je lis sur la liseuse. Avec un livre papier, je trouve toujours plus facile de revenir en arrière, il y a beaucoup moins de manipulations qu'avec le numérique. Mais bon, cela n'a rien à voir avec le roman, c’est juste une question logistique lectrice.
Mon point négatif ira donc à ce grand nombre de personnages que je n'arrivais pas à assimiler. J'ai trouvé en plus que l'histoire mettait du temps à s'installer, j'ai commencé à véritablement rentrer dedans au bout des cent premières pages. Après, lorsqu’en fouillant sur internet, je me suis rendue compte que c’était en fait une trilogie, que je lisais donc le premier tome, j'ai compris que celui-ci servirait surtout à poser la base de toute l’histoire avec la présentation des personnages que l’on va suivre sur trois tomes. Il est donc tout à fait normal que la mise en place ait été plus longue que pour un roman classique. Je pense que si ça n'avait pas été une lecture pour le Prix des Auteurs Inconnus, j’aurais fait une pause dans ma lecture. Celle-ci demande en effet une certaine concentration et application de la part du lecteur, et j'ai lu ce livre à un moment compliqué pour moi dans ma vie personnelle et cela n'a pas aidé non plus. Donc, la « faute » de ce ressenti revient totalement à mon état du moment et non pas au livre et à l'auteur. Je pense d’ailleurs que je lirai les parties suivantes, pas tout de suite car j'ai besoin de lectures plus faciles, mais j'ai très envie de savoir ce qu'il va arriver à tous ces personnages. Car le final est plein de suspense, des faits de dernière minute corsent l'histoire et présagent ainsi un second tome très intéressant.
J'ai apprécié le style et l’écriture de Patrice Quélard, recherchés, aboutis, il a un grand talent. Il a très bien su adapter ses mots avec l’époque, tout en les expliquant à la fin du livre. Il a un vocabulaire très riche, des phrases très bien construites, le lire est vraiment très enrichissant sous tous les points de vue. Il rapporte et décrit très bien les différents enjeux sociétaux de l’époque, le climat social, la pauvreté du peuple contre l’extrême richesse du pouvoir. On sent que l'auteur s'appuie sur de grands écrits de spécialistes du monde cathare et c’est hautement appréciable et donne beaucoup de réalité à son récit. D’ailleurs, quand on lit la liste des personnages au début, l'auteur nous montre que certains ont existé réellement et ne sont pas inventés par lui, cela m'a épatée, car ça demande un travail encore plus précis pour arriver à mélanger des personnages fictifs aux réels. Peut-être m’a-t-il manqué juste une touche de passion ou de sentiments en plus, que j'ai trouvé dans les chapitres concernant Poncia, mais moins dans les autres. D’ailleurs, chaque chapitre nous emmène dans un autre monde, avec un nouvel enjeu, un nouveau défi à relever pour les différents personnages.
C’est une lecture vraiment très enrichissante. J’aime beaucoup quand mes lectures ont ce double rôle de me divertir et de m'enrichir de nouvelles connaissances. J'ai déjà lu des romans sur les Cathares et celui-ci est au même niveau que les plus grands noms d’écrivains. Je pense que je n’oublierai pas de sitôt cette lecture. Et dès que je serai sortie de ma période un peu chamboulée, je me procurerai la suite pour savoir ce qui arrive. Ce sont des périodes de l’Histoire qui me sont encore un peu méconnues, et je suis friande d'en apprendre plus.
Si vous aimez les romans historiques, les livres qui vous enrichissent, ce roman est fait pour vous. Je suis en tout cas très satisfaite d'avoir fait cette double découverte, celle de l'histoire des Catarhes et celle d'un nouvel auteur que je vais m'empresser de noter dans mes auteurs à suivre.
Je le remercie pour ce moment très riche et je remercie également le Prix des Auteurs Inconnus pour cette belle découverte. Je le dis à chaque fois, mais c’est ce que j'aime avec les Prix, c’est faire des lectures que je n'aurais sûrement pas faites en temps ordinaire, parce que je ne connaissais pas le roman ou parce qu’il ne me faisait pas envie, et grâce à lui, je lis de belles surprises.
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Patrice Quélard / Auteur - Apprenti humain à temps plein.
Patrice Quélard est tout autant voyageur impénitent qu'attaché à sa Bretagne natale. Passionné d'Histoire, et particulièrement des petites histoires dans la grande, cela ne l'empêche pas d'...