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Marie-Nel lit

Les allées du pardon de Laurence Labbé

14 Juillet 2020 , Rédigé par Marie Nel

Les allées du pardon de Laurence Labbé

Publié en Auto-Édition

 

 

Résumé :

 

Le personnage principal de ce roman est inspiré de l’oeuvre "la conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole.
Génie incompris, illuminé exclu, Théodule traverse l’existence, courant de déveine en malchance avec la détermination des victimes insoumises.
Le monde et les humains lui offrent un terrain de découverte dont il nous livre l’analyse, avec la condescendance de ceux qui se croient voués à une destinée supérieure.
Un style alerte et corrosif qui embarque le lecteur dans une quête illuminée d'insertion et nourrie de l’espoir d'un monde meilleur.
Une histoire dans l'histoire qui évolue en lien avec nos propres questionnements.

 

 

À propos de l’auteure :

 

Laurence Labbé réside en région parisienne, à Chaville, avec ses deux enfants. En dehors du travail, ses passions sont la lecture, l'écriture et le sport. Curieuse, autodidacte, elle a exercé différents métiers. Ses romans mettent en scène des personnages hauts en couleur dans un contexte actuel, évoquant en toile de fond des réflexions sur le monde qui nous entoure. Elle manie à tour de rôle l'humour, le suspense et l'émotion, pour nous mener de rebondissements en rebondissements, au rire, à la réflexion, au rêve et au voyage. "Comment je n'ai jamais réussi à attraper le père Noël", un conte satirique humoristique, écrit pour participer au concours de la rentrée des auteurs indépendants, a séduit les lecteurs dès sa parution, et a été n°1 des ventes en 2015 pendant plus de 80 jours et est toujours régulièrement classé dans le top humour. En 2016, "Poursuites", un roman d'action, d'aventure et de suspense est publié pour participer au deuxième concours Amazon des auteurs indépendants. Ce roman rassemble les deux premiers volumes de "la puissance des ordinaires" dans une nouvelle édition et fait poursuivre l'aventure de ses héros jusqu'en Afrique du Sud pour des aventures inédites. En 2015, Laurence participé au salon du livre de Paris avec le blog littéraire de l'Express "les 8 Plumes" et au salon de Cagnes-sur-Mer invitée par les éditions R.I.C. ; en 2016 au salon "Livre Paris" avec Monbestseller. Fin 2014, elle a reçu le second prix du concours monbestseller pour la nouvelle "la machine à attraper le Père Noël" qui inspirera son roman écrit en 2015.

 

 

Mon Avis :

 

Je connais déjà Laurence Labbé pour avoir déjà lu un de ses autres romans, Comment sauver le monde ? (De chez soi !) où j'avais déjà pu apprécier son ton et son style. On change de registre ici, car il y a beaucoup moins d'humour dans ce roman-ci, mais des réflexions plus profondes.

 

C’est un roman dans le roman. Le narrateur a besoin de faire un break, il part donc quelques jours seul, sans sa femme et ses enfants, et loin de son boulot. Il loue une chambre d’hôtel où il va trouver parmi des livres un cahier écrit à la main. Le voilà donc parti à lire ce cahier où il va découvrir la vie d'un homme, Théodule. Tout commence lorsqu’on le retrouve évanoui à côté du corps de sa mère gisant dans son sang. Il est hospitalisé suite à cela, son cœur ayant quelques ratés. L'assassin de sa mère sera retrouvé. Du coup, Théodule sera mis en curatelle à la sortie de l’hôpital, logé dans un logement miteux, sans fenêtre, et devra aller travailler pour pouvoir vivre. Il mettra toute son expérience par écrit, dans un cahier d’écolier, ce même cahier retrouvé plus tard par notre voyageur.

 

Le récit va ainsi s’articuler autour de ces deux personnages, Théodule et le narrateur dont on ne saura jamais le nom. La lecture du cahier sera tellement intense pour celui-ci qu'il en oubliera de dormir. Il sera plongé entièrement dans la vie de Théodule, se demandant toujours comment il va pouvoir se sortir des situations dans lesquelles il se met. Car Théodule est loin d'avoir une vie facile. Il fait ce qu’il peut pour être comme tout le monde, mais il n'est pas comme tout le monde justement. Il se sent libéré par la mort de sa mère, qui était très stricte avec lui et plutôt agressive. Mais la vie seul est loin d’être simple. Il se parle beaucoup à lui-même, il donne des noms à son cœur, Richard, et à son sexe, Guillaume. L'endroit où il vit est horrible, pas de fenêtre, des cafards et autres souris. On se demande comment il fait pour vivre dans un tel taudis.

Le récit de Théodule questionne beaucoup le narrateur sur sa propre situation à lui. Il ne peut pas faire autrement que de comparer sa situation à celle de Théodule. Il va se trouver des points communs avec lui, se rapprochant dans certaines de ses pensées. En tant que lectrice, il n'est pas possible autrement que de faire pareil. Je me suis comparée à ces deux hommes, me demandant comment j'aurais réagi à leur place. Une chose est identique à celle du narrateur, c’est que j’ai eu du mal à quitter le récit avant de savoir ce qu'il advenait du personnage de Théodule, et j'ai donc ainsi lu ce livre en une journée.

 

Comme vous pouvez vous l'imaginer, cette double histoire véhicule plein de messages et de valeurs importants et fondamentaux dans une vie. Comme le rôle que peut avoir la société sur nos vies, la façon dont il faut se conformer à certains moules, et que dès qu'on sort de ces « normes » dictées par cette société, on en est totalement rejeté. Les messages portés par la vie de Théodule sont vraiment très graves et importants. Et même avec le narrateur, des sujets importants sont abordés, et notamment ce qui concerne le burn out et la vie en entreprise, qui est un sujet qui me parle beaucoup, en ayant subi un il y a quelques années. Ce que vit le narrateur est vraiment ce que j'ai ressenti moi-même. D’autres faits sont aussi relatés, les curatelles et les problèmes qu'elles occasionnent en cas de mauvaise gestion, les logements minables, les thèses des complotistes, les SDF, plein de sujets humains importants. Et une notion que j’aime beaucoup, la résilience, cette faculté qu'a l'humain de se relever malgré la chute et de reconstruire sur nos échecs

 

Je n'ai pu que m'attacher à ces deux hommes, j'ai surtout ressenti une profonde empathie pour eux. J'avais envie d'aider Théodule, de lui amener à manger quand il n'avait plus rien, apporter une oreille attentive au mal-être ressenti par le narrateur.

Ce sentiment est renforcé par le choix narratif de Laurence Labbé. Elle a en effet utilisé la première personne du singulier pour faire parler ses personnages, ce qui est un peu logique vu que c’est écrit sous la forme d’un journal intime. J'aime beaucoup ce procédé, ce « je » me permet de me mettre encore mieux à la place du personnage et de ressentir au plus près ce qu'il peut vivre, les émotions qui le traversent. Et vivre pendant près de 200 pages dans la peau de quelqu’un comme Théodule est une expérience assez extraordinaire.

 

J’ai pu une nouvelle fois apprécier le style de Laurence Labbé, à la fois très poétique et incisif, elle dit les choses, dans ce qu'elles peuvent avoir de beau ou de moche. Elle fait beaucoup de phrases qui pourraient être des citations à elles toutes seules, si je devais vous les citer toutes, cette chronique ferait une dizaine de pages. Si je ne devais en retenir qu'une, ce serait celle-ci : «  Le rien est l'ennemi du bien ». Et je ne résiste pas à rajouter celle-ci sur la vie :

« C’est ainsi dans la vie. On possède un but, des certitudes, puis au moment l’où on s’y attend le moins, tout s’écroule. Et alors qu’on croit que tout est fini, un nouveau chemin apparaît, une lueur émerge de ce petit coin sombre dont on ne soupçonnait pas l’existence. »

 

J’ai aimé cette lecture par les messages qu'elle véhicule, par l’histoire qu'elle représente. La fin est belle et correspond entièrement à la suite logique du récit. Elle termine par une belle phrase que je ne peux que vous citer :

« Croyez-moi, vous avez entre vos mains le pouvoir de faire du monde ce que vous rêvez qu'il soit, mais ne tardez pas trop. »

Il est souvent fait mention comme référence, le livre posthume de John Kennedy Toyle « La conjuration des imbéciles  » Après recherche sur le net, en effet, il y a des similitudes entre les deux romans. J’ai surtout eu envie du coup de découvrir ce roman aussi.

 

Comme je le disais plus haut, j'ai lu ce livre en une journée, il se laisse lire tout seul, il.n'y a pas de longueurs, on va à l'essentiel tout en parlant tout de même plus en profondeur de sujets importants. J'avais tellement envie de savoir ce qui allait arriver à Théodule et au narrateur, que j’ai très vite tourné les pages. Je n'ai vraiment pas été déçue par cette lecture et vais continuer à suivre Laurence Labbé dans ses parutions.

 

Je la remercie pour ce moment de lecture qui change de ce que je lis habituellement et un grand merci également de m'avoir permis de lire son roman au format papier, qui est un véritable confort de lecture pour moi.

 

Pour vous le procurer, suivez ce lien

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