Les simples de Yannick Grannec
Publié aux éditions Anne Carrière
Résumé :
1584, en Provence. L'abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à louer Dieu et soulager les douleurs de ses enfants. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d'un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, soeur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu'à la Cour. Le nouvel évêque de Vence, Jean de Soline, compte s'accaparer cette manne financière. Il dépêche deux vicaires dévoués, dont le jeune et sensible Léon, pour inspecter l'abbaye. A charge pour eux d'y trouver matière à scandale, ou à défaut... d'en provoquer un. Mais l'évêque, vite dépassé par ses propres intrigues, va allumer un brasier dont il est loin d'imaginer l'ampleur. Il aurait dû savoir que, lorsqu'on lui entrouvre la porte, le diable se sent partout chez lui. Evêque, abbesse, soigneuse, rebouteuse, seigneur ou souillon, chacun garde une petite part au Malin. Et personne, personne n'est jamais aussi simple qu'il y paraît.
À propos de l'auteure :
Yannick Grannec vit à Saint-Paul-de-Vence. Les Simples est son troisième roman. Elle a déjà publié aux éditions Anne Carrière La Déesse des petites victoires (Prix des libraires 2012) et Le Bal mécanique.
Mon Avis :
J'ai découvert ce roman lors de ma visite au salon Livres dans la Boucle à Besançon où l'auteure était présente . Oui je mets auteur au féminin, car Yannick Grannec est une femme, j'ai ainsi appris que Yannick était un prénom breton mixte. Première belle surprise. J'étais interessée par le résumé qui traite d'un sujet que je n'ai pas l'habitude de voir dans les romans. Je n'ai pu malheureusement pas le prendre, j'avais d'autres achats à effectuer, je l'ai donc emprunté à ma médiathèque. Et maintenant, je regrette de ne pas l'avoir acheté car c'est un livre que j'aimerais beaucoup avoir dans ma bibliothèque, mais c'est une chose qui peut se réparer aisément !
Cette histoire m'a entrainée à la fin du 16ème siècle, en Provence, dans une communauté de bénédictines. Leur abbaye se trouve isolée du village. Par rapport à d'autres couvents, elles sont indépendantes, ne dépendent de personne et surtout n'ont pas de compte à rendre à l'évêque dont elles dépendent. Et, on s'imagine aisément combien cela déplait aux autorités ecclésiastiques. Elles s'occupent essentiellement de soigner les gens qui les sollicitent. Leur doyenne, sœur Clémence, est d'ailleurs très douée en herboristerie, elle connait beaucoup les bienfaits, et méfaits, des plantes, elle fait des préparations que la communauté revend à la pharmacie et à la Cour. Ses remèdes sont très prisés. Mais cela provoque de la jalousie au sein du clergé qui ne va pas hésiter à parler de sorcellerie. Comme il a toujours fait avec les soins naturels d'ailleurs. Deux vicaires doivent justement enquêter et se rendre chez les sœurs. L'un d'eux, Léon, va être touché particulièrement. Il va tomber sous le charme d'une jeune fille qui est en pension chez les sœurs. Il sera lui-même blessé et recevra les soins de sœur Clémence. La jalousie des seigneurs, du clergé, et de certaines sœurs au sein même de la communauté va troubler la tranquillité et les bons soins prodigués par sœur Clémence.
Avec ce roman, j'ai découvert en profondeur le fonctionnement d'un couvent, la hiérarchie au sein de la communauté, l'organisation de leur vie entre les prières et les tâches attribuées à chacune. J'en ai appris également plus sur le clergé, le régulier et le séculier, le rôle de l'évêché au sein de l'abbaye, ce qu'elles doivent rapporter, ce qu'elles aimeraient taire. Comme dans toute communauté, il y a des conflits de pouvoir, on pourrait penser qu'elle s'entendent toutes bien, mais non, il y a des personnalités qui se heurtent, des envies et des jalousies de la part de certaines, qui n'hésitent pas à parfois même mentir à leurs autorités pour avoir ce qu'elles veulent. Et là, je me suis dit, mais non, elles ne peuvent pas mentir, c'est dans leur éducation, je me trompais et j'ai pu ainsi me rendre compte que la perfidie et le mensonge font également partie de leurs vies. Et bien sûr, j'ai appris plein de choses sur les plantes, bien que l'auteure nous signale à la fin du roman, que les recettes sont fantaisistes et ne possèdent aucun des dons qui leur est donné. Mais même si ces remèdes n'existent pas, j'ai trouvé intéressant de les connaître un peu plus. Le titre est d'ailleurs bien trouvé puisque les simples représentent les plantes et leur utilisation, et par extension, ce mot peut aussi convenir à certaines personnes du roman qui sont loin d'être simples.
Une chose est certaine, c'est que Yannick Grannec a dû abattre un boulot monstre en amont de l'écriture de ce roman, car tout est vraiment bien détaillé et complet. Et ceci sans alourdir le texte, les descriptions et les différentes explications se lisent simplement et dans la continuité de l'histoire. Je trouve que l'auteure a très bien su doser la narration avec les informations qu'elle voulait nous donner. Elle plante bien le décor avec des descriptions très visuelles, et toujours avec légèreté. Et le tout rédigé avec un vocabulaire soutenu, aux mots recherchés et surtout certains sont d'époque. Pour ma part, ça ne m'a pas dérangée du tout à la lecture, si j'avais envie de connaître la signification d'un, je la cherchais sur internet, mais c'était assez rare, car les mots sont expliqués ou certains correspondent à notre vocabulaire actuel et on retrouve la racine d'un mot connu. J'ai beaucoup aimé car ça permet de mettre le lecteur encore plus dans l'ambiance moyenâgeuse. J'ai vraiment eu l'impression de vivre à une autre époque le temps d'une lecture.
Ma lecture, justement, s'est faite passionnément et avec plaisir, et finalement rapidement, puisqu'en deux après-midis, j'avais fini le livre. Car une fois le décor planté, l'habitude prise avec les différents personnages, une intrigue est mise en place et j'ai assisté, impuissante, à des drames que je n'avais pas vu venir, certains m'ont beaucoup attristée et d'autres m'ont horrifiée également. Je me suis demandée où pouvait être l'amour du prochain et la compassion dans certains personnages du clergé qui sont sensés faire le bien et répandre la bonne parole. Ils ont beaucoup de mal à appliquer à eux-mêmes les préceptes qu'ils prônent et n'hésitent pas à répandre le mal, mais jamais ils ne se sentent coupables de quoique ce soit, se cachant alors derrière leur religion et leur Dieu. Je ne crois en aucun dieu, et ce livre me confirme que les humains font bien ce qu'ils veulent avec. Bon, ici n'est pas le propos, mais j'ai vraiment été révoltée par certains faits et décisions du clergé dans ce livre. Et je sais bien que ce n'est pas inventé par l'auteure, je l'ai déjà lu dans d'autres livres, vu dans des films, le clergé n'hésitait pas à traiter de sorcières une femme qui soignaient avec les plantes et surtout à les punir. Et malheureusement, je trouve que l'humain n'a pas tellement évolué, bien sûr, on ne brûle plus les gens, mais on retrouve les mêmes conflits intérieurs dans nos sociétés actuelles. L'humain ne retient jamais rien de son histoire...
Comme vous pouvez le voir, ce roman a eu cette double fonction sur moi de me divertir par une histoire intéressante et prenante et de m'instruire sur la vie à cette époque là d'un couvent de religieuses. D'ailleurs, toute l'action va se passer à l'intérieur de cette abbaye, on en sortira très peu, à part pour aller dans la campagne avoisinante. À aucun moment je n'ai trouvé ça étouffant.
Je découvre avec ce roman une auteure avec beaucoup de talent. Elle a un talent de conteuse indéniable, un effort de précision dans chaque fait ou personnage qui permet de bien se représenter en image ce qu'il se passe. Elle ponctue son récit de citations ou de recettes de préparations, de dictons. L'action se passe en un peu moins d'un an, il y a un rappel des dates au début des chapitres. C'est un roman vraiment bien construit, original par le sujet, très dense dans les faits, l'action et les personnages et intense dans tous les sentiments divers que l'on peut ressentir pour les uns ou les autres.
Comme vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce roman et je vous le recommande chaleureusement. C'est une très bonne découverte pour moi. Je pense que je vais lire un de ses précédents livres, tellement j'ai aimé son style. Une chose est sûre, je vais la suivre de près et sûrement m'acheter ce roman car je pense que je le relirai avec plaisir. Je suis très contente de cette lecture et regrette sincèrement de ne pas m'être arrêtée plus longtemps à son stand au salon du livre pour discuter avec elle. Mais ce n'est que partie remise !
Un grand merci à Yannick Grannec pour ce très bon moment de lecture, je me suis régalée.
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Les simples de Yannick GRANNEC - Éditions Anne Carriere Paris
1584, en Provence. L'abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfan...
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